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Affichage des articles du juin, 2019

Michaël Fœssel : le temps de la consolation

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Un geste ou une parole devraient suffire, et pourtant. Consoler est une activité difficile qui implique de prendre la parole sur une souffrance que l'on ne partage pas, mais à laquelle on cherche à prendre part. Comment, sans la trahir, se frayer un chemin jusqu'à l'intimité de l'autre ? Quels mots employer qui ne suscitent pas le soupçon ?Ces questions relèvent aujourd'hui de la psychologie ou de la religion. Pourtant, la philosophie a longtemps été un baume pour les douleurs humaines. De Platon à Boèce en passant par les stoïciens, la raison s'impose comme la grande consolatrice. En s'appuyant sur cette tradition, ce livre propose dans un premier temps une grammaire de la consolation. Acte social qui mobilise le langage, la consolation dit quelque chose de la condition humaine. Si elle ne résorbe pas la souffrance, elle répond à la « souffrance de la souffrance » qui est solitude, honte ou culpabilité. Le consolateur apprend à vivre au-delà du point où

Jose Manuel Esparza : San Quintin.

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Viens de finir : 8/10. Viens de lire ce phénoménal récit romancé sur la bataille de Saint Quentin d'après les mémoires inventés de Julian Romero, capitaine de l'infanterie du roi Philippe II d'Espagne. Le narrateur est un personnage fascinant qui a réellement existé et qui parti de rien devint l'un des meilleurs capitaines de son époque. c'est une véritable plongée au cœur du seizième siècle (assez différent du dix-septième des aventures du capitaine Alatriste), L'Espagne d e Philippe II est un empire en pleine expansion et qui affronte la France pour la suprématie de l'Europe. le roman très prenant entrelace la grande politique : des enjeux diplomatiques, des intrigues de palais, de histoires d'équilibres financiers, avec la réalité la plus prosaïque des gens qui l'acier à la main la rendent possible, la paix les batailles, ses grandeurs et ses misères. Le tout est très accrocheur et mélange parfaitement l'action, les intriques, l'aventur

Alain Finkielkraut : la seule exactitude.

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Les années trente, dit-on, sont de retour. La droite intégriste et factieuse occupe la rue, l’ordre moral sort des catacombes, la crise économique pousse à la recherche d’un bouc émissaire et l’islamophobie prend le relais de l’antisémitisme. Cette analogie historique prétend nous éclairer : elle nous aveugle. Voulant lire ce qui arrive à la lumière de ce qui est arrivé, elle en occulte la nouveauté inquiétante. Montrer que nous vivons un tournant historique, paradoxalement masqué par la référence incessante à l’Histoire ; appréhender ce moment crucial dans ce qu’il a d’irréductible au répertoire de nos vicissitudes : tel est le pari de ce livre. Et l’enjeu est existentiel autant qu’intellectuel. Si, comme l’écrit François Mauriac, « l’épreuve ne tourne jamais vers nous le visage que nous attendions », il nous incombe d’être à l’heure au rendezvous et de regarder en face le visage que nous n’attendions pas.Dans une époque qui tend à se prendre pour une autre, l’exactitude devient la