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Affichage des articles du février, 2017

Thiphaine Samoyault : Roland Barthes

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Figure centrale de la pensée de son temps, Roland Barthes (1915-1980) était aussi un être à la marge. Un père mort à la Première Guerre, l’amour inaltérable d’une mère, de longues années passées en sanatorium, la découverte précoce de son homosexualité lui donnent très tôt le sentiment de sa différence. Il a vécu à distance les grands événements de l’histoire contemporaine. Pourtant sa vie est prise dans le mouvement précipité, violent et intense de ce siècle qu’il a contribué à rendre intelligible. Fondée sur un matériau inédit jamais exploré jusqu’ici (archives, journaux, agendas), cette biographie de Barthes éclaire d’un jour nouveau ses engagements, ses refus, ses désirs. Elle détaille la quantité des objets dont il a parlé, les auteurs qu’il a défendus, les mythes qu’il a épinglés, les polémiques qui ont fait sa célébrité, l’écoute des langages de son temps. Et sa puissance d’anticipation?: si on aime tant le lire encore, c’est qu’il a exploré des territoires originaux et qui sont

Vincent Borel : un ruban noir.

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" Il n'y a qu'à cueillir goûter dévorer permanent orgasme ! Te voilà devenu pile et réacteur, le feu monte en toi, rien au monde, ni flics, ni curés ne peuvent plus t'empêcher de résister à l'appel de la nuit, de l'autre, de ton autre, délices des corps et noces des cœurs. " André cohabite avec le Doc et le Déjanté à Paris, où il promène son corps entre les bars du Marais et les backrooms des boîtes homo. André est séropositif et décide, un jour, de partir à Barcelone, pour oublier. Et il oublie de dire l'incurable maladie qui le détruit. Pendant vingt-quatre jours, il fait l'amour avec Miguel, à coups d'ecstasy, de coke et de tequila. Le poids du temps s'estompe, les portes de la perception s'ouvrent. Un roman des années Sida assez fort . l'écriture est très musicale et très baroque d'ailleurs il y a de longs passages pour décrir le ressenti phisique de la danse dans les raves. L'écriture ,extrèmement travaillé éss

Marin Ledun : dans les ventres des mères

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"Le virus nous ronge de l'intérieur. Il nous maintient debout pour servir ses propres desseins de parasite mais, tôt ou tard, nos corps lâcheront. Je sais que ce jour est proche... En attendant mon heure, ils m'ont reconvertie en soldat." Janvier 2008. Une explosion anéantit un village ardéchois. Dans un décor apocalyptique, les sauveteurs exhument un charnier. Les cadavres, véritables cobayes humains, ont subi des mutations génétiques. Une femme apparaît dans les décombres : Laure Dahan, 29 ans. Ses jours sont comptés. Son obsession : sa fille qu'elle n'a jamais connue. Elle doit la mettre à l'abri avant qu'il ne soit trop tard. Pour cela, elle est prête à tout et n'hésite pas à semer la désolation sur son passage. Les meurtres se succèdent, mystérieusement reliés, au fil de l'enquête du commandant Vincent Auger. De Grenoble à Berlin, de Zagreb à la Sicile, une course-poursuite s'engage entre Laure et Vincent. Quel rapport entre elle et

Marin Ledun : la guerre des vanités.

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Tournon, dix mille habitants, petite ville de la vallée du Rhône recroquevillée sur elle-même et balayée par le souffle glacial du mistral. Immobile, presque éteinte. Jusqu’à ce qu’une série de suicides d’adolescents vienne perturber le fragile équilibre de la cité et libérer les vieux démons qui y sommeillent. Le lieutenant Alexandre Korvine est dépêché sur place pour enquêter. Plus habitué à traquer les dealers et à pratiquer des autopsies qu’à fouiller les placards et feuilleter les albums de famille, il entame rapidement une descente aux enfers. Trois jours de chasse à l’homme qui voient la ville mourir à petit feu et entraîner ses enfants dans un processus autodestructeur. Trois jours de chaos au cours desquels Korvine, usé, hanté par son propre passé et au bord de l’explosion, se transforme en missionnaire pour tenter de percer le secret qui ronge les parents des suicidés. Un secret en forme de nature morte, composé de portraits en trompe-l’œil. Mensonges par omission, suspects

Jean Teulé :

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Un jeune poète à la rencontre d’un grand poète. Natif de Béziers, Henri-Albert Cornuty habitait la ferme de ses parents quand son oncle lui offrit pour son quinzième anniversaire les Poèmes saturniens de Paul Verlaine. Cette lecture le troubla si fort que, sans prévenir qui que ce soit, il partit pour Paris rencontrer son idole. Il fit la route à pied et rencontra Verlaine au premier jour de l’automne 1895. Il ne le quitta plus jusqu’à sa mort trois mois plus tard. Les derniers mois de la vie de Verlaine : alcoolique grandiose, amant frénétique et désordonné (« J’ai toujours été amoureux d’un sexe ou deux… »), bigame maltraité par ses deux compagnes, il tituba jusqu’au tombeau entre l’ignominie et le sublime… La vie de Verlaine fut extravagante mais les derniers mois de sa vie touchèrent au surréalisme. Il n’avait que cinquante et un ans, perclus de maux : syphilis, altération sanguine, diabète, souffle au cœur, cirrhose du foie, erysypèle infectieux, hydarthrose, pneumonie (il fallu

Laurent Binet : La septième fonction du langage

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« A Bologne, il couche avec Bianca dans un amphithéâtre du XVIIe et il échappe à un attentat à la bombe. Ici, il manque de se faire poignarder dans une bibliothèque de nuit par un philosophe du langage et il assiste à une scène de levrette plus ou moins mythologique sur une photocopieuse. Il a rencontré Giscard à l’Elysée, a croisé Foucault dans un sauna gay, a participé à une poursuite en voiture à l’issue de laquelle il a échappé à une tentative d’assassinat, a vu un homme en tuer un autre avec un parapluie empoisonné, a découvert une société secrète où on coupe les doigts des perdants, a traversé l’Atlantique pour récupérer un mystérieux document. Il a vécu en quelques mois plus d’événements extraordinaires qu’il aurait pensé en vivre durant toute sa vie. Simon sait reconnaître du romanesque quand il en rencontre. Il repense aux surnuméraires d’Umberto Eco. Il tire sur le joint. » Le point de départ de ce roman est la mort de Roland Barthes, renversé par une camionnette de blanchi

Patrick Ness : Et plus encore

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Dès les premières pages : Seth, 17 ans, se noie dans l'océan déchainé. Il meurt. Scène suivante, il se réveille (après combien de temps ?) nu, seul dans une rue déserte sauvagement couverte par une nature qui a repris ses droits… Où est-il ? Est-ce l’Enfer ? Un autre monde ? Une hallucination ? Cet endroit lui est-il vraiment étranger ? Par la suite Patrick Ness nous plonge dans les pensées de Seth, sa vie d’avant nous apparaît en flash-backs, et son « présent » mystérieux se déroule sous nos yeux. Hypnotique et haletant, le suspense nous tient d’un bout à l’autre du récit !Estampillé « jeunes adultes » (publié par Gallimard Jeunesse ), rien n'est pourtant plus réducteur que de cantonner ce récit à cette frange de lecteurs tant il pourra enthousiasmer tous ceux qui aiment les intrigues pleines d'intelligence et d'imagination. Roman totalement inclassable, entre récit de SF (à la philip K Dick) et d'introspection, d'action , de fantastique (à la Stephen King pé