Articles

Affichage des articles du juillet, 2017

Giulia Enders : le charme discret de L'intestin

Image
Giulia Enders, jeune doctorante et nouvelle star allemande de la médecine, rend ici compte des dernières découvertes sur un organe sous-estimé. Elle explique le rôle que jouent notre “deuxième cerveau” et son microbiote (l’ensemble des organismes l’habitant) dans des problèmes tels que le surpoids, la dépression, la maladie de Parkinson, les allergies... Illustré avec beaucoup d’humour par la sœur de l’auteur, cet essai fait l’éloge d’un organe relégué dans le coin tabou de notre conscience. Avec enthousiasme, Giulia Enders invite à changer de comportement alimentaire, à éviter certains médicaments et à appliquer quelques règles très concrètes pour faire du bien à son ventre. L’auteur Giulia Enders, docteur en médecine, nous propose avec humour le voyage de la nourriture, depuis la bouche jusqu'à l'anus. Se basant sur les recherches les plus récentes et les expériences les plus étonnantes, elle fait une visite détaillée du tube digestif. Non, non ce n’est rébarbatif mais pass

Patrick Bauwen : l'oeil de Caine

Image
Hazel Caine, la star des médias hollywoodiens, anime une nouvelle émission de télé-réalité appelée "L’œil de Caine" qui réunit 10 candidats dissimulant chacun un secret. Alléché par les 20 000 $ qu'on lui a donné, chaque candidat a été choisi pour ses compétences ou sa personnalité : Elizabeth, la femme battue, Vector, le crack en informatique, Pearl, la star du porno, Lenny, le retraité homosexuel ou encore Karen, chirurgienne réputée... Mais le bus chargé de les conduire dans un lieu protégé près de Las Vegas n'arrive pas à destination. Attendant son heure, un invité surprise a détourné le car et embarqué les participants dans un jeu sanglant dont il dicte les règles. La tension monte, et les morts se succèdent sous l’œil des caméras. Ecriture efficace mais sans plus, relativement amusant dans sa dernière partie; J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans. L'idée du Reality Show ne m'a pas convaincu . J'ai eu l'impression d'avoir déjà lu 10 f

Peter watts : vision aveugle

Image
C'est un roman sur le thème du premier contact de la meilleure qualité, un Rencontre du Troisième Type ambiance Alien : 65000 sondes extraterrestres prennent une photo instantané de la terre dont le signal se perd aux confin du système solaire. Une dream-team de posthumains, augmentés mentaux, et autres traumatisés à tendances nettement sociopathiques, est assemblée pour armer le vaisseau Thésée, envoyé aux limites de notre système solaire pour enquêter : Une linguiste à personnalités multiples qui croit que la discussion résout tous les maux, un biologiste si augmenté pour gouter les ultrasons et voir les rayons X, que son corps est une carcasse insensible, une militaire pacifiste en plein trip de culpabilité capable de déclencher l'enfer d'une commande mentale, avec le vague espoir qu'elle ne sera pas nécessaire, ou, si c'est le cas, qu'elle fera la moindre différence, et pour les commander un superprédateur à l'intelligence supérieure, humanoïde et an

Edmund White : la tendresse sur la peau

Image
"Edmund White" : "La tendresse sur la peau" ( titre original :The Beautiful Room is Empty" : la belle chambre est vide). 1988. Voici un roman d'apprentissage d'une extrême sensibilité. Les personnages d'"Edmund White" baignent dans la tendresse, sans aucune cruauté, froideur ou haine ; Avec une franchise délibérée et un humour poignant, le narrateur autobiographique de "E. White" poursuit ici le récit des aventures inaugurées dans "Un jeune Américain" (la trilogie se finit par "la symphonie des adieux"). L'adolescent, devenu étudiant est maintenant au seuil de l'âge adulte. Il va chercher à affirmer son homosexualité après avoir suivi une cure psychanalytique destinée à le guérir de sa différence. A New York où il suit ses cours, il va de découvertes en déconvenues. Ce qui permets une description de ce monde dur qu'était le milieu homosexuel américain du début des années soixante et montre l'

Marcel Brion : Charles le Téméraire : Grand duc d'Occident

Image
Viens de finir : 7/10 Charles le Téméraire (1433-1477) est longtemps passé pour un homme de guerre brutal, un peu borné, rêvant de plier l'Europe entière à sa loi. Ce fut, en réalité, un être attachant, homme d'Etat au plein sens du terme, parfait chevalier et, sans doute, le plus " moral " des princes de son temps. Comte de Charolais puis, en 1467, duc de Bourgogne, il sut pendant des années contrer les menées de son redoutable adversaire Louis XI, l' " universelle araigne ". On put même croire, au début des années 1470, que Charles ferait des Etats bourguignons un ensemble territorial cohérent, situé au cœur de l'Europe occidentale, véritable puissance d'un saint Empire romain germanique dont le téméraire recevrait la couronne. Mais cet attardé de l'âge féodal vivait dans des chimères, à une époque où les banquiers et les marchands commençaient à tenir le haut du pavé, où les réalités de la diplomatie prenaient le pas sur l'idéal chev

Ragnar Jonasson : Snjor

Image
Snjór. La neige, en islandais. Un polar nordique, c’est d’abord une atmosphère. Et là, c’est vrai, ça commence fort. Si pour les "méridionaux" que nous sommes, le seul nom de Reykjavik peut déjà évoquer le cauchemar de longues nuits sans fin dans les frimas de l’enfer blanc scandinave, sachez que pour notre héros, Ari Thór, jeune policier à peine sorti de l’école, Reykjavik, c'est le Sud, enfin presque. L’action se passe dans le Nord de l’Islande, mais alors, très loin dans le Nord, du côté du cercle arctique : à Siglufjördur, petite bourgade hors du monde, isolée de la civilisation par des mètres et des mètres de congères, où la neige tombe en quasi permanence, formant d’épais manteaux blancs qui vous recouvrent une scène de crime en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Siglufjördur, la ville où il ne se passe rien, où personne ne ferme jamais sa porte à clef. Mais voilà : une jeune femme est retrouvée morte, à moitié nue dans la neige ; un vieil écrivain r

Haruki Murakami : Kafka sur le rivage

Image
Magique, hypnotique, Kafka sur le rivage est un roman d'initiation où se déploient, avec une grâce infinie et une imagination stupéfiante, toute la profondeur et la richesse de Haruki Murakami. Une œuvre majeure, qui s'inscrit parmi les plus grands romans d'apprentissage de la littérature universelle. Kafka Tamura, quinze ans, fuit sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui. Nakata, vieil homme simple d'esprit, décide lui aussi de prendre la route, obéissant à un appel impérieux, attiré par une force qui le dépasse. Lancés dans une vaste odyssée, nos deux héros vont croiser en chemin des hommes et des chats, une mère maquerelle fantomatique et une prostituée férue de Hegel, des soldats perdus et un inquiétant colonel, des poissons tombant du ciel, et bien d'autres choses encore... Avant de voir leur destin converger inexorablement, et de découvrir leur propre vérité. Un livre étrange et envoûtant à la fois, l'

Carlos Salem : Je reste roi d'Espagne

Image
Le roi d'Espagne, Juan Carlos a disparu, laissant derrière lui une note énigmatique: "Je pars à la recherche de l'enfant. Je reviendrai quand je l'aurai trouvé. Ou pas. Joyeux Noël." Pour le retrouver, le ministre de l'Intérieur joue sa dernière carte: José Maria Arregui, l'inspecteur mélancolique et sanguin qui, quelques années plus tôt, a par hasard sauvé la vie du roi une première fois. Quelques semaines avant Noël, le roi d'Espagne a quitté sa résidence, laissant derrière lui un mot dont personne ne comprend le sens. Tout effort pour retrouver sa trace s'avère vain et l'on fait appel, en dernier recours, à un ex-flic, le détective Arregui (déjà croisé dans Nager sans se mouiller) qui lui a jadis sauvé la vie et qui, pour résoudre les cas qui se présentent à lui, doit chercher l'inspiration dans les cabines vidéo des sex-shops. Poursuivi par sa propre mélancolie, par des policiers corrompus et par les hommes de main d'un puissant p

Antonio Muñoz Molina : les mystères de Madrid

Image
Employé très subalterne chez un très provincial marchand de tissus, Lorencito Quesada rêve de devenir un grand journaliste. L’occasion lui en est donnée à la suite de la disparition de la statue du « Divin Christ à la Tignasse » qui doit participer à l’imminent défilé de la Semaine sainte. Quesada s’élance donc à Madrid, sur les traces du coupable présumé du larcin. Mais pour ce vieux garçon qui vit dans les dévotes jupes de sa mère, Madrid est une Babylone où, entraîné dans une infernale course poursuite, il s’affronte à l’univers de la délinquance, de la drogue, de la violence et du sexe. Antonio Muñoz Molina se délecte dès lors à laminer l’innocence obstinée de son personnage, dans les épisodes de ce feuilleton ahurissant que gouverne cependant la maîtrise d’un des meilleurs romanciers de sa génération. Antonio Munoz Molina est un des plus grands écrivains espagnols qui a écrit plusieurs chefs d'oeuvre dont "Séfarade", "Beatus Ile" ou "Le royau

Paco Ignacio Taibo II : défunts disparus

Image
Le détective borgne Hector Belascoaran Shayne se voit confier une mission par une jeune avocate : retrouver un mort... qui n'est pas mort. Elle défend l'instituteur et syndicaliste Medardo Rivera, accusé d'avoir tué un certain Lupe Barcenas. Mais le jour du meurtre, le suspect assistait à une réunion de famille en compagnie de deux cent cinquante personnes. Quant à la victime présumée, elle a été aperçue post mortem en train de trinquer avec les dirigeants de la police locale ! Aidé par un ancien élève de Rivera, Hector se lance sur la piste de Barcenas... Inspiré par une authentique révolte d'enseignants à la fin des années 80, ce livre totalement jubilatoire met à nu la mascarade sinistre du système politico-judiciaire mexicain. Rébellion, humour et poésie surréaliste, telles sont les armes préférées de Paco Taibo, qui a l'art de s'indigner avec élégance. Au début, j'ai été ravi de retrouver l'auteur et son humour absurde et poétique. J'aime son

Charles Quint : Pierre Chaunu et Michèle Escamilla

Image
Le règne de Charles Quint appartient à ces courts moments de l'Histoire où un seul homme semble tenir entre ses mains le destin du monde. Le hasard des successions lui avait permis de recueillir l'héritage de quatre des plus grandes maisons princières d'Europe. Il y ajouta le Saint Empire, et eut alors raison de dire que sur ses domaines le soleil ne se couchait jamais. C'est en effet aussi l'époque où l'Espagne conquiert ce Nouveau Monde dont les richesses commencent à inonder l'Ancien. Mais soudain, cet homme au faîte de sa gloire abdiqua et se retira dans un monastère. Pour cerner ce personnage hors normes, les auteurs proposent deux approches différentes : Pierre Chaunu étudie les facteurs qui ont conditionné son règne : la culture de son temps, les contraintes de la géographie, l'histoire de tous ces royaumes réunis par un seul. Puis, Michèle Escamilla tente d'"entrevoir l'homme" et de déterminer la part de liberté qui pouva

Rodrigo Fresan : Mantra.

Image
Vite abandonné. Il est possible que Mexico soit une tumeur géographique. Ce qui est sûr et certain, c'est que cette ville ne cesse de grandir. Comment faire tenir tout Mexico dans un livre ? C'est ce que je me suis proposé de faire dans ce roman démontable qu'est Mantra. Je trouvais intéressant qu'un livre sur une ville aussi gigantesque qu'un pays puisse correspondre à la forme et à l'esprit qui l'avait inspiré. De là la monstruosité de Mantra, qui est presque une aberration littéraire où les narrateurs se transforment en d'autres narrateurs (le roman commence sur le récit d'une tumeur cérébrale et se poursuit dans la bouche d'un mort français qui raconte ce qui se passe dans un inframonde précolombien ; il se conclut entre les dents et la langue d'une sorte de momie-robot qui cherche son père dans les ruines futures d'un District Fédéral apocalyptique où le temps est circulaire et où les morts relatent l'histoire)...J'ira