Edmund White : la tendresse sur la peau



"Edmund White" : "La tendresse sur la peau" ( titre original :The Beautiful Room is Empty" : la belle chambre est vide). 1988. Voici un roman d'apprentissage d'une extrême sensibilité. Les personnages d'"Edmund White" baignent dans la tendresse, sans aucune cruauté, froideur ou haine ; Avec une franchise délibérée et un humour poignant, le narrateur autobiographique de "E. White" poursuit ici le récit des aventures inaugurées dans "Un jeune Américain" (la trilogie se finit par "la symphonie des adieux"). L'adolescent, devenu étudiant est maintenant au seuil de l'âge adulte. Il va chercher à affirmer son homosexualité après avoir suivi une cure psychanalytique destinée à le guérir de sa différence. A New York où il suit ses cours, il va de découvertes en déconvenues. Ce qui permets une description de ce monde dur qu'était le milieu homosexuel américain du début des années soixante et montre l'anonymat apparent d'une partie des relations sexuelles du héros. Dans le cas du narrateur de White, le nerf identitaire n'est pas seulement à toute sorte d' obstacles – plus ou moins courants – auxquels tout héros de roman d' apprentissage est confronté lorsqu'il entre dans le monde des adultes. Ici c'est la partie années 70 ou le narrateur ("je") vit la décennie de ses vingt ans. :Avec le passage de l'internat à l'université, l'attend la friction cruelle avec les normes culturelles liées aux attentes viriles : la découverte de son homosexualité façonne progressivement la psyché conflictuelle de ce protagoniste avide d'acceptation. Le fait est qu’à cette époque, affirme le narrateur, « il y avait peu de consommation de culture et pas de dissidence : ni dans l’apparence, ni dans les croyances, ni dans le comportement [...]. Les trois crimes les plus odieux connus de l’humanité étaient le communisme, la dépendance à l’héroïne et l’homosexualité. » Se découvrir gay – comme si sa condition homosexuelle était en fait celle d'un criminel – signifie, pour ce jeune homme de 17 ans, une véritable excommunication. La stigmatisation sociale conduit à des rencontres clandestines dans les toilettes publiques, et la dissimulation entraîne le désagrément de la culpabilité face au prohibitif. Tandis que son père veut lui enlever par le travail manuel le « pédé » qui le pervertit intérieurement, son psychiatre, l'endurci Dr "O'Reilly", entend le guérir de cette « maladie » : si son désir le conduit vers les hommes, c'est ce désir qu'il faut annihiler. Grâce à la rencontre de certaines amies bohèmes et de « reines » extraverties, la confiance du protagoniste va peu à peu s'installer et lui permettre de ressentir la fraîcheur de quelques timides brises de liberté. Émerge le portrait d'un personnage lourdaud, naïf et provincial, souvent comique, parfois emplit de tristesse qui " monte " à New York, la grande ville avec ses bas-fonds. White écrit avec aisance et embellit sa prose, ici, là, de coups de pinceau exquis. D'excellents portraits, des observation surprenantes de réalisme le roman s'achève sur la révolte de "Stonewall" ( "le coming out" du narrateur se fera dans la troisième partie). Comme dans le premier volume, "un jeune américain" la mémoire fonctionne comme un récit qui aboutit à une poignée de personnages vigoureux, façonnés à partir de la sérénité accordée par l'omniscience adulte, et dessinant, dès l'adolescence incertaine, la matière délicate, charnelle et épineuse d'une belle littérature.. Un livre fort, magnifique et inoubliable! #henrimesquida #cinemaetlitteraturegay


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