Jen-Marie Blas de Roblès Là ou les tigres sont chez eux.









900 pages d'élucubrations littéraires à travers différentes époques, différents lieux géographiques, le tout sur fond de Brésil enivré et enivrant. Cela peut paraitre particulier, mais tout en apprenant de nombreuses choses, la lecture est prenante, captivante et euphorisante. Difficile à lâcher quand on est dans l'histoire.
Une 'petite' curiosité mais une vraie réussite littéraire.






Athanasius Kircher
  • Les Jésuites
    Athanase Kircher : jésuite (1601-1680) à l'érudition hors du commun. Personnage ayant réellement existé et dont la culture encyclopédique et l'insatiable curiosité font une personnalité incontournable du milieu religieux et universitaire à l'âge baroque.
    Caspar Schott : disciple et élève de Kircher. Littéralement fasciné



    Là où les tigres sont chez eux1 est un roman de Jean-Marie Blas de Roblèsparu en 2008 aux éditions Zulma et ayant reçu le Prix Médicis, le Prix du jury Jean Giono et le Prix du roman Fnac la même année




    Ce roman fleuve (766 p.), à l'image de l'Amazone, met en scène de manière parallèle les trajectoires de vie de différents personnages du Brésil contemporain et de l'Europe baroque du xviie siècle. L'auteur y fait montre d'un sens aigu de l'intrigue et d'une culture que l'on devine importante. Une étude quelque peu fouillée de l'œuvre nous révèle que l'auteur évite adroitement, parmi la kyrielle de personnages qui apparaissent au fil des pages, l'écueil d'une simple juxtaposition d'itinéraires individuels isolés. Bien au contraire, il semble que malgré les divergences d'époque, de lieu et d'aspirations de chacun, l'unité et la qualité du récit provient du fait que les personnages mis en jeu paraissent osciller subtilement entre ceux qui sont mus par des valeurs et ceux qui ont en font fi, d'où une césure perpétuelle (véritable fil conducteur du récit) entre l'inclination à la vertu et le penchant au vice.

    Les personnages


    Par la puissance de l'intellect de Kircher, c'est lui qui narre les différents exploits créatifs et scientifiques de son maître à travers l'Europe des années 1600.Les géologues
    Elaine : ex-femme d'Eléazard.
    Dietlev : ami de longue date d'Elaine. Touché au genou lors d'une fusillade.
    Mauro : étudiant en géologie. Fils de Moreira.
    Milton : universitaire carriériste, couard et imbu de sa personne. Meurt par balles sur le fleuve Paraguay.
    Herman Petersen : trafiquant de drogue qui feint d'emmener en bateau les géologues en expédition en plein cœur de la forêt amazonienne. Profil nazi.
    Yurupig : indien prenant part à l'expédition.
    Hernando : accompagnateur qui décède dans les mêmes circonstances que Milton.Les gens de peu
    Nelson : jeune infirme des favelas de Piramb contraint à faire l'aumône aux carrefours. Il garde en souvenir de son père mort dans une cuve de métal en fusion une barre d'acier dont il prend le plus grand soin.
    L'Onclé Zé : camionneur ami de Nelson.Les puissants
    Le colonel Moreira : gouverneur cynique de la région. Projette de construire un complexe touristique lucratif sur la presqu'île d'Alcântara, malgré l'hostilité des autochtones.
    Carlotta : épouse de Moreira. Elle lui fait une scène quand elle apprend que celui-ci tente de s'approprier à son insu et à des fins spéculatives des terrains familiaux lui appartenant.Les délurés
    Moéma : étudiante en ethnologie. Fille d'Eléazard et d'Elaine. Relation homosexuelle avec Thaïs en début de roman. Toxicomane.
    Thaïs : projette d'ouvrir un bar avec Moéma.
    Roetgen : professeur de Moéma et Thaïs. Un jour, il part pêcher au large avec des pêcheurs locaux.
    Aynoré : amant indien de Moéma au milieu du roman.Le couple phare
    Eléazard von Wogau : correspondant de presse chargé de faire la biographie de Kircher.
    Loredana : journaliste côtoyant Eléazard à titre amical.
    Soledade : jeune Brésilienne s'occupant des tâches ménagères au domicile d'Eléazard. Aime secrètement ce dernier.

    La langue et le style[modifier]

    L'auteur jongle aisément entre la langue précieuse et ampoulée du xviie siècle, les jurons portugais brefs et des réflexions en allemand. On notera également l'emploi du latin pour la description de quelques scènes érotiques torrides, comme pour exorciser l'obscénité. Mais que le lecteur non familier des lettres classiques se rassure, car des traductions en bas de page lui permette de ne rien perdre des détails croustillants des ébats.






    Le roman commence par les paroles de l'ara d'Eléazard (qui s'appelle Heidegger) et qui ne cesse de déclamer : « L'homme a la bite en pointe ! Haarrk ! L'homme a la bite en pointe ! » preuve s'il en est que le roman n'est pas dénué de pointes d'humour...

    On apprend plus tard qu'il s'agit là de la déformation par le perroquet de la phrase « L'homme habite en poète ».

    Le titre du roman est tiré d'une citation de Goethe: "Ce n'est pas impunément qu'on erre sous les palmiers et les idées changent nécessairement dans un pays où les éléphants et les tigres sont chez eux"2





    Récompenses[modifier]
    Prix du roman Fnac 2008.
    Prix du jury Jean Giono 2008.
    Prix Médicis 2008



    « Ce roman encyclopédique et mystificateur, truffé d’élucubrations picaresques, réjouit et fascine. (...) Umberto Eco revu par Indiana Jones chez Malcom Lowry, avec un zest d’African Queen et de Lévi-Strauss chez les Nambikwara. (...) Un caméléon de huit cents kilos. Une merveilleuse, une vertigineuse galaxie spirale de cette rentrée romanesque. » Patrick Grainville, Le Figaro littéraire


    Eléazard von Wogau, héros inquiet de cette incroyable forêt d'histoires, est correspondant de presse au fin fond du Nordeste brésilien. On lui laisse un jour un fascinant manuscrit, biographie inédite d'un célèbre jésuite de l'époque baroque. Commence alors une enquête à travers les savoirs et les fables qui n'est pas sans incidences sur sa vie privée. Comme si l'extraordinaire plongée dans l'univers d'Athanase Kircher se répercutait à travers les aventures croisées d'autres personnages, tels Elaine, archéologue en mission improbable dans la jungle de Mato grosso, Moéma, étudiante à la dérive, ou bien Nelson, jeune gamin infirme des favelas de Pirambu qui hume le plomb fondu de la vengeance.

    Nous sommes au Brésil, dans le pays des démesures. Nous somme aussi dans la terra incognita d'un roman monstre. On songe au réalisme magique des Borges et Cortázar, à Italo Calvino ou Umberto Eco, ou encore Potocki et son Manuscrit trouvé à Saragosse, sans jamais épuiser la réjouissante singularité de ce roman palimpseste qui joue à merveille des mises en abyme et des vertiges spéculaires












    « Jean-Marie Blas de Roblès joue avec les illustres références, malmène le réalisme magique, pour un livre en forme d’irrévérence. Là où les tigres sont chez eux est un chahut érudit, d’une grande ambition, un palimpseste qui s’amuse. »





    Là où les tigres sont chez eux est d'ores et déjà paru dans plusieurs pays : en Italie, en Pologne, en République tchèque, en Roumanie et aux Pays Bas ! Il est en cours de traduction en anglais, en arabe, en grec, en allemand, en portugais (Brésil), en coréen, en croate, en espagnol et en ukrainien.









    Ci-dessus, Là où les tigres sont chez eux en italien (Frassinelli), en tchèque (Host), en polonais (Sonia Draga), en espagnol (Duomo), en néerlandais (Ailantus), en grec (Polis), en roumain (Trei), en portugais (Record), en anglais (Dedalus), en allemand (Fischer Verlage), en anglais aux USA .




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