Antoine Chanais : Une histoire d'amour radioactive





"Une histoire d'amour radioactive" m'a agréablement surpris. Deux récits s'entrecroisent : celui d'un DRH abruti d'habitudes, d'ennui, de convenances et de travail et celui d'un capitaine de police qui vit une passion charnelle avec son jeune lieutenant. Deux écritures s'opposent puis se confondent : fonctionnelle, efficace et concise d'une part, échevelée, métaphorique et foisonnante de l'autre.
Les corps, dévorés par la passion ou les metastases, sont encore au centre de cette histoire policière dramatique et lubrique. Et même si le style l'emporte sur l'intrigue, je l'ai lu, dévoré même, avec plaisir

Quel coup de poing dans la gueule ! Articulé autour de la sacro-sainte rencontre entre deux policiers (l’un vieillissant, l’autre jeune et fougueux), Une histoire d’amour radioactive explose d’entrée de jeu les clichés en racontant par le menu les rapports amoureux homosexuels entretenus rapidement par les deux hommes. Le texte vire explicitement à la pornographie, mais rien de vain là-dedans, dans la mesure où le réalisme de l’amour répond au réalisme du monde dans lequel évoluent les protagonistes. Les deux policiers sont assez rapidement sur la piste d’une femme au comportement curieux, sorte d’artiste post-apo qui sème les cadavres derrière elle. Tous cancéreux en phase terminale. Tous bien rangés, respectables, jusqu’à leur rencontre avec ladite suspecte, à qui on a bien du mal à reprocher quoi que ce soit.C'est à la fois froid et passionné, glauque et destructeur, fougueux et poisseux, avec l'auteur tapi dans l'ombre pour nous montrer ce que le monde a de plus noir

Une histoire d'amour poignante et charnelle entre Javier et Plancher, flics qui se chargent d'enquêter sur des cas de suicides d'hommes, atteints de mystérieuses affections fulgurantes, qui quittent l'hôpital pendant leur walking ghost phase, période brève mais intense de rémission des victimes de radiations ionisantes qui précède – de peu – leur décès, qu'ils précipitent eux-mêmes en mettant fin à leurs jours.

A noter et Anaisthêsia. On y retrouve en effet à la fois le style singulier de l'auteur – cette recherche de l'efficacité de la phrase, de la précision chirurgicale des mots à laquelle il ajoute ici un peu plus d'émotion –, cet ancrage dans un lieu et une époque proches de nous mais jamais clairement définis, comme une légère anticipation, et un rapport étroit au corps, voire aux fonctions corporelles (en particulier dans des scènes de sexe particulièrement crues)

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