Roberto Bolaño : le troisième Reich




Udo Berger, vingt-cinq ans, est passionné par les jeux de guerre. En compagnie de sa fiancée, Ingeborg, il part quelques jours sur la Costa Brava, dans l’hôtel tenu par la belle Frau Else. Dans sa chambre, Ugo installe une grande table afin de d’établir de nouvelles stratégies pour son jeu, le Troisième Reich. La nuit venue, le couple rencontre deux autres Allemands, Charly et Hanna. Lorsqu’ils descendent sur la plage, l’imprévisible Charly leur présente certains locaux : le Loup et l’Agneau, deux personnages mystérieux, ou encore le Brûlé, un homme défiguré dont personne ne sait rien, même si le bruit court qu’il serait étranger et aurait été torturé dans son pays... Texte inédit écrit en 1989, Le Troisième Reich est un roman splendide des débuts de Roberto Bolaño. S’y trouvent certains thèmes chers à l’auteur - remaniés et amplifiés dans ses textes ultérieurs - comme les formes étranges que peut prendre le nazisme ou l’idée que la culture - les jeux ou la littérature - se confond avec la réalité.

Au moment de commencer, l'histoire du livre paraît tellement simple qu'on ne peut que se demander quel sera le tournant prit. Udo, jeune Allemand de 25 ans part en vacances en Espagne là où il allait traditionnellement avec ses parents il y a plusieurs années. Udo, accompagné de sa fiancée Ingeborg, est à un tournant de sa vie, il compte se consacrer pleinement à sa passion, les wargames. De nombreux personnages viennent perturber les premiers jours au soleil du couple, notamment le loueur de pédalo qui semble vivre sur la plage et qui s’avérera un redoutable adversaire sur plateau pour Udo. Petit à petit, les relations entre eux vont se complexifier et le héros se trouvera bien esseulé.

Que ce soit les Espagnols, l'adversaire d'Udo, le brûlé, les patrons de l'hôtel ou bien le gênant autre couple allemand en vacances, toutes les personnes qui interviennent dans la vie du couple le font de façon théâtrale. Je les ai imaginé parler fort en faisant de grand geste tout le temps. Chacun joue son rôle et n'en dévie pas de telle sorte que l'atmosphère de cette ville revêt un lustre irréel. Roberto Bolaño jongle entre le réel et le fantastique, la ville semble n'être que le décors du piège qui se referme sur Udo. Ses relations avec l'Allemagne qui se limitent à de brèves conversations téléphonique avec son meilleur ami Conrad, se tendent jusqu'à elles aussi sembler artificielles. Le simple récit de vacances passe des chroniques de bronzage à la crainte d'un homme pour sa vie.

Si l'atmosphère moite et angoissante s'installe progressivement à merveille, la fin est tout de même décevante. Trop de pistes ont été évoquées pour expliquer les événements, pour finalement n'en creuser aucune. Le choix du titre du roman qui prend le nom du jeu disputé entre le héros et le brûlé laisse à penser que l'héritage de la seconde guerre mondiale est au cœur du roman. Quelques réflexions sur la nationalité d'Udo abondent en ce sens. On imagine un lien avec l'histoire personnelle de son adversaire mais il doit me manquer des clés pour comprendre réellement la portée du thème et ainsi rassembler les pièces du puzzle.

EXTRAITS:
"Et si je te dis que je sens quelque chose d'intangible, de bizarre, tournant autour de moi, menaçant, tu me crois ? Une force supérieure qui m’observe. je laisse de côté, bien sûr, ton veilleur de nuit, bien que lui aussi s'en soit rendu compte, inconsciemment, c'est pourquoi il me repousse. Travailler la nuit met en éveil certains sens."

"Aujourd'hui, après une longue promenade à pied, j'ai dit à Conrad que, à bien y réfléchir et pour tout résumer, nous étions tous pareils à des fantômes qui appartenaient à un état-major fantôme s'exerçant sur des plateaux de jeux de guerre."

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