Tim Murphy : l'immeuble Christodora



Un roman kaléidoscopique qui retrace la vie d'un certain New York, de l'anarchie des années sida aux hipsters de demain. New York. Milly et Jared, couple aisé animé d'ambitions artistiques, habite l'immeuble Christodora, vieux building de Greenwich Village. Les habitants du Christodora mènent une vie de bohèmes bien loin de l'embourgeoisement qui guette peu à peu le quartier. Leur voisin, Hector, vit seul. Personnage complexe, ce junkie homosexuel portoricain n'est plus que l'ombre du militant flamboyant qu'il a été dans les années quatre-vingt. Mateo, le fils adoptif de Milly et Jared, est choyé par ses parents qui voient en lui un artiste. Mais le jeune homme, en plein questionnement sur ses origines, se rebelle contre ses parents et la bourgeoisie blanche qu'ils représentent. Milly, Jared, Hector et Mateo, autant de vies profondément liées d'une manière que personne n'aurait pu prévoir. Dans cette ville en constante évolution, les existences de demain sont hantées par le poids du passé.

C'est une grande épopée familiale de combat contre la drogue, contre l'indifférence des gouvernants au Sida, qui se déroule des années 1980 au milieu des années 2020. C'est l'histoire de l'épidémie du sida racontée à l'aide de personnages la plus part appartenant à la même famille homosexuels et hétérosexuels qui se rencontrent à New York, et plus tard à Los Angeles, et qui décrit comment le sida et la consommation de drogues ont affecté des vies. C'est aussi l'histoire de la façon dont l'amour, la compréhension et le temps ont aidé à réparer certaines des vies brisées. Le Cristodora était un immeuble de l'East Village qui a connu une gentrification dans les années 80 et 90. Les appartements ont été réhabilités et achetés par des artistes et des militants sociaux. La famille que l'on va suivre se compose d'un couple ,leur enfant adoptif, la mère de la femme. Il y a aussi Hector, l'activiste du sida qui a perdu son amant et s'est effondré en sombrant dans la drogue pour faire face à la douleur il y a Drew, une jeune femme qui va s'avérer capable de se débarrasser de son problème d'addictions pour vivre la vie qu'elle désirait, sans oublier à quel point ces années étaient mauvaises et qui capable de s'occuper des autres y compris Mateo le fils adopté de la famille.
Il y a beaucoup de drogue et de sexe dans "Christodora", mais toutes ces scènes font partie intégrante et organique de l'histoire. Les passages sur la consommation de drogue sont durs et durs. Le roman ne plaira pas aux prudes. Mais un bon lecteur saura mettre le tout dans le contexte de cette prose magnifique.
Je viens de terminer ce livre, j'aurais pu le finir plus vite. Je ne voulais tout simplement pas. C'était perdre le contact avec des personnages auxquels je me suis vite attaché. Mais, inévitablement, je l'ai fini et je peux dire sans aucun doute que ce roman m'a beaucoup touché. Je pense que l'auteur a très bien géré les différentes "temporalités" (un va-et-vient temporel incessant) donne au lecteur les indications sur les personnages adéquates - où ils se trouvaient à ce stade particulier de leur vie, pourquoi ils ont pris les décisions qu'ils ont prises ) de façon assez intelligente pour que le lecteur ne s'y perde jamais.
Il les inscrit aussi dans une perspective plus large que leur vie individuelle même ce qui donne à ce roman chorale une humanité exceptionnelle et donne au roman un aspect confus et à la fois tout à fait limpide qui fait penser à la vraie vie.
Enfin, le roman parle donc de New York au cours des décennies précédentes et quand je pense à la la laideur, la haine et la peur de plus en plus présentes aux États-Unis (et dans le monde),je trouve que ça fait du bien d'en lire une évocation ou certes le bon côtoie le mauvais, le bien côtoie le mal mais ou l' humain est toujours présent et ou on trouve une telle affirmation des petits mais implacables triomphes de l'esprit humain qui réussissent à faire face à l'existence aussi difficile soit elle.



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