Montalban + Migoya + Segui : Pepe Carvalho, tome 2 : La solitude du manager


Au cours de cette nouvelle enquête, Pepe Carvalho est rattrapé par l'époque où il était agent de la CIA.Il se remémore cette rencontre, lors d'un voyage aux États-Unis, avec un certain Antonio Jaumà, manager de la branche espagnole d'une multinationale. Mais voici qu'il se retrouve avec le cadavre de Jaumà, découvert sans slip mais une petite culotte dans la poche. L'affaire semble claire : règlement de comptes autour d'un trafic de filles. Mais l'Espagne émerge à peine de la longue nuit franquiste et abrite encore trop d'individus prêts à tout risquer pour conserver certains privilèges...

Pour les non aficionados: Pepe Carvalho est un personnage de fiction créé par l'écrivain Manuel Vázquez Montalbán. Après avoir été enseignant et eu une vie politique assez tourmentée, il devient détective privé à Barcelone. Il est entouré de Biscuter, homme à tout faire et cuisinier rencontré dans les prisons de Lleida (Lérida) et de Charo, son amie, prostituée indépendante à Barcelone. Carvalho n'est pas uniquement détective, il est aussi gastronome et souvent au fourneau. Ses bons repas, même solitaires, commencent invariablement par le choix d'un bon livre à brûler…c'est donc un détective privé atypique à la personnalité riche, complexe et contradictoire, dont les aventures servent à l'auteur à dépeindre, et souvent à critiquer, la situation politique et culturelle de la société espagnole en mutation de la seconde moitié du XXe siècle :
En tout 16 romans qui vont de 1972 à 2006,date de la mort de l'auteur . 6 recueils de nouvelles, 2 séries télévisés , une poignée de films et deux B.D : Tatouage en 2018 et la solitude du manager en 2020. Adaptations respectives du deuxième et du troisième roman de la série;

Avec cette enquête, les auteurs qui suivent à la lettre le roman plongent dans les années suivant la mort de Franco, lorsque le pays connaissait une période trouble, entre soulagement de la fin d'une dictature et tentation pour les élites de ne pas complètement renoncer au monde d'avant, quitte à perpétuer des pratiques discutables.


Le récit s'inscrit clairement dans la tradition de la série noire : le privé qui secoue la fourmilière, les flics pourris, la critique sociale sous-jacente. Le déroulement de l'intrigue, entre flashbacks et révélations, est efficace à défaut d'être original. Au dessin, Bartolomé Seguí est visiblement à l'aise pour recréer l'ambiance de l'Espagne de la fin des années soixante-dix. Ses personnages sont assez bien campés mais nous sommes aussi confrontés à la solitude du lecteur… qui est vite perdu dans les méandres des flashbacks, des pensées de Pepe, des ellipses. La densité de moments mis les uns à la suite des autres, sans transition, nuit à la fluidité du déroulé de l’histoire et à sa compréhension de prime abord. Trop d'informations et de protagonistes dans trop peu d'espace. Le peu de familiarité avec le contexte sociologique de l'époque n'aide sans doute pas non plus à s'intéresser à cette enquête. (pour moi ça passe parce que j'ai été professeur d'espagnol et que j'ai assisté aux évènements politiques qui font le fond de cette histoire puisque je vivais à l'époque à Barcelone) L’adaptation littéraire est un exercice périlleux : il faut pouvoir en extraire la quintessence, car le diable est dans les détails. Quant au traitement des couleurs, il est sombre, même si harmonieux, et le graphisme reste satisfaisant. Ce tome est intéressant pour connaître les grandes lignes voulues par Manuel Vázquez Montalbán : nous faire comprendre ce qu’est la solitude du manager, aussi bien dans ses conditions de travail que dans les luttes de pouvoirs, les trahisons, les corruptions auxquelles il peut être confronté, parfois au péril de sa vie. (planète BD). Bref il faut s'accrocher pour comprendre l'histoire ce qui était déjà le cas avec le roman ,le plus difficile de l'auteur.
Personnellement après avoir lu le roman il y a longtemps et vu deux adaptations télévisés j'ai à peu près suivi l'intrigue.

 

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