J.P Serpi : Linus II Le jugement dernier. Tome I : La genèse

Suite à l’entretien littéraire que J.P Serpi a eu la gentillesse de m’accorder, la chronique de son roman "Linus II, Le jugement dernier. Tome I : La genèse". J P Serpi : Linus II jugement dernier. Tome 1. La genèse. Aux éditions Nombre 7 Dès le début de notre entrevue Jean Philippe Serpi donne l’impression d’un homme passionné, aux multiples centres d’intérêts : Le modélisme, l’astronomie, le théâtre (il est comédien amateur), la musique (il anime un club de danse country et de Line danse) … Et, bien-entendu, la littérature : J.P. Serpi a toujours aimé raconter des histoires : À 10 ans, m’explique-t-il, il écrivait déjà de scénarios de B.D inspirés entre autres par la série de film Disney sur la « coccinelle » (dont le premier opus un amour de coccinelle date de 1968 l’avait fortement impressionné), et l’écriture romancée arriva chez lui également très tôt, dès ces 17 ans. Dans les années 70 il réfléchit à ce qu’il a envie d’écrire, puis, dans les années 80, il esquisse les premiers manuscrits de sa future série récurrente « l’espion britannique Bill », un héros cinématographiquement « à mi-chemin entre Johnny English et James Bond » (il est fan du dernier). Le premier opus « Profession : apprenti espion », est publié en 2018, dans l'indifférence des librairies. « J'ai dû financer mes écrits par mes propres moyens, et les ventes ne m’ont jamais permis de rembourser mes investissements contractuels littéraire successifs. » Le second « Le projet DX », est lauréat du prix du roman gay, catégorie « roman d’espionnage », en 2022. Dès lors J.P Serpi peut compter sur « une communauté de lecteurs », et participe à des événements littéraires, comme Corsicapolar ou des séances de dédicaces. À ce jour la série compte 5 romans, mais elle n’est pas terminée… (D’un commun accord, nous vous proposerons une autre entrevue littéraire pour vous en parler plus en détail. Je n’en dirai donc pas plus). Pour le sixième livre, si ses lecteurs fidèles s’attendaient à un nouveau volume des aventures de Bill, l’espion Britannique, le romancier les prend-à contrepied « J’ai fait en effet une parenthèse dans les aventures de mon espion… J’avais besoin d’un break littéraire, et de passer à autre chose, alors que je n’avais couché aucune ligne de synopsis sur le sujet, à contrario de mes romans précédents. Ce livre est la concrétisation d’une réflexion personnelle que je me faisais, concernant l’existence de Dieu. J’ai transcrit à ma façon ce qu’attend quelque part la communauté chrétienne, à savoir l’envoi d’un nouveau messager, moi le premier ». Écrire un roman fantastique était une idée qui lui trottait dans la tête, et voilà chose faite avec ce « Linus II et le jugement dernier - Tome un – La genèse ». Je vais insister un peu sur deux premiers chapitres qui présentent deux personnages clés du roman. J.P Serpi commence par raconter l’histoire de Théo Snider, un jeune homme de trente ans, mannequin célèbre « l’air d’un loubard sous une gueule d’ange », qui possède une belle demeure à Malibu. Il a la réputation méritée d’être un homme à femmes jusqu’à la débauche, et a succombé aussi à l’alcool et à la drogue sous les projecteurs de la notoriété. Il faut dire qu’il n’a pas eu jeune la vie facile après le décès de sa mère, et qu’il s’est fait tout seul. Et puis il a un secret bien gardé, sa sexualité débordante avec les femmes ne l’empêchant pas de rêver d’aimer un garçon (il avait en fait, eu une première expérience que la culpabilité lui avait fait rater). Il a aussi un ennemi juré, un autre mannequin qui, au lieu de le remercier pour l’avoir sorti du caniveau, cherche à lui faire du mal. Après une nouvelle soirée un peu trop arrosée, il est comme « attiré » dans un bar gay ou il fait la connaissance d’un homme mystérieux, qui lui « insuffle » l’idée qu’il doit accepter d’être ce qu’il est… Changement de personnage avec le deuxième chapitre, voici Léo. Dès sa naissance, le mystère l’entoure : Il naît à la suite de l’apparition d’une lumière mystérieuse, alors que ses parents sont sur le point d’avoir recours à une fécondation in vitro. Sa mère y voit un miracle, d’où son deuxième prénom, Gabriel. Puis à l’adolescence il semble en effet dégager quelque chose de spécial, ce qui lui vaut, alors adolescent, une attaque gravissime de la part de camarades de classe, suivie de l’apparition d’un être de lumière, et d’une vengeance apparemment divine, après avoir été agressé sexuellement… Le « Théo » du premier chapitre et le « Léo » du deuxième (dont les histoires présentent des parallélismes voulus) ne vous semblent-ils pas faits pour se rencontrer et plus si affinités ? Le contexte est posé : Nous sommes dans un roman fantastique qui, effectivement tourne autour de thématiques de la religion catholique. Il va s’agir, dans ce qui est la première partie (la genèse) de « Linus II et jugement dernier » de l’histoire de Léo, ce jeune homme pas comme les autres, qui va se voir confier dans un premier temps la tâche de calmer l’angoisse des derniers moments des mourants la nuit de son agression « Je m’occupe des hommes et des femmes qui arrivent au crépuscule de leur vie, je les aide un peu à passer de l’autre côté », puis ensuite, la mission divine de purifier les âmes avant qu’elles n’atteignent les Cieux,(il travaille dans les services palliatifs de plusieurs hôpitaux successifs) rôle de psychopompe qui doit leur épargner la transition par le purgatoire, devenu de ce fait, inutile. Dans sa mission, Léo peut compter sur des alliés : Peter, un vieil homme qu’il rencontre au moment de son installation à L.A, un premier ange gardien à l’identité mystérieuse, puis un deuxième ange gardien, quelqu’un qu’il a connu auparavant de son vivant et qui a, entre autres, la particularité de pouvoir entrer réellement en contact physique avec lui de façon « palpable » … Et, à des moments où ça va très mal pour lui, le tout puissant lui-même ! Cela dit, malgré ces appuis essentiels, la mission de Léo s’avère difficile, et Il devra se battre contre ses détracteurs qui lui reprochent son train de vie atypique, et son homosexualité : « -Et quel est ce péché que tu évoques avec tant de colère ? -Tu as forniqué avec des hommes ! Voilà pourquoi tu es le diable ! ». À ces moments-là, le roman pointe du doigt l’hypocrisie d’une certaine frange du catholicisme qui se présente en général comme le parangon orthodoxe de l’évangélisme, tout en s’inscrivant au contraire contre son message principal (Aimez-vous les uns les autres). En effet, comment les intégristes de tout poil pourraient -ils croire ou accepter un messie homosexuel ? « Cessez de juger, sans raison parce que la personne que vous avez en face de vous n’a pas la même sensibilité, les mêmes choix, les mêmes orientations sexuelles ou un physique différent » Il lui faudra aussi se battre contre les églises sectaires, et contre de hauts dignitaires du Vatican, qui voient en lui un envoyé du Diable venu sur Terre semer le doute dans la communauté chrétienne. En particulier le camerlingue du pape (sorte de « Dark Vador » clérical), qui, tout homme d’église qu’il soit, s’avère un être mauvais, retors et machiavélique, qui dans son désir de stopper la montée en popularité de Léo, ira jusqu’au meurtre (et quel meurtre !) et fera peut-être pire plus tard… « Il vit dans le péché…, il est homosexuel et vit avec un top model pervers… » ; « il n’est pas question que cet illuminé homosexuel se plante devant moi, quand je serai dans son pays ». Dans notre discussion nous en sommes vite venus à évoquer l’aspect « religieux « du roman. J’ai demandé à J.P. Serpi ce que signifiait « Linus » et il m’a donc appris qu’il s’agit du nom du deuxième pape, Saint Lin en français), après Saint Pierre. Certes, ce n’est pas la première fois qu’un récit fantastique s’articule autour du religieux on pense un peu au film « Ghost »(Jerry Zucker, 1990) par moments puisque Léo va vivre une passion amoureuse au-delà de la mort… Ce qui est ici intéressant, c’est qu’il s’agit de la thématique même du roman, assez rarement proposée en littérature (Les amateurs de S.F. se souviendrons de « Notre dame des cieux » de « James Morrow » qui imagine un retour de la vierge Marie). D’abord très discret Léo finit un peu malgré lui par gagner en popularité : À mesure que l’histoire avance, Léo, qui répète inlassablement ce qu’il n’est pas « Je ne suis ni Dieu, ni un surhomme », passe d’une relative discrétion à propos de sa mission, à la revendication la plus nette de son message qui est avant tout un message d’amour : « Pourquoi es-tu là ? – Pour vous aider à retrouver confiance en vous, à vous préoccuper de ce que sera votre vie en communauté, à apprendre à vous aimer… ». Ce qui lui vaut de se faire de plus en plus d’ennemis, refusant de voir en lui un quelconque messager de Dieu. Face à la violence évidente à laquelle il fait face, il possède aussi, outre ses alliés, un certain nombre de pouvoirs comme celui d’entendre ce que les gens pensent, et de pouvoir communiquer par la pensée. Sans parler du pouvoir de prescience, qui est aussi une malédiction puisqu’il sait par avance les souffrances qui l’attendent… Car comme un nouveau Messie, il sait qu’il va devoir en passer par un véritable chemin de croix… Ces pouvoirs seront-ils suffisants face à la haine, en particulier celle du terrible prélat qui a bien senti le danger que Léo représente pour son propre pouvoir… ? IL m’a semblé intéressant de jouer l’avocat du diable sur cet aspect religieux en demandant à J.P Serpi si ce récit qui tourne autour de la religion catholique pourrait intéresser les tenants d’autres religions ou les athées ? Pour J.P Serpi, il s’agit avant tout d’un récit fantastique, dont un des messages est de préciser que « Dieu » quel que soit l’appartenance religieuse ou la définition que l’on veuille lui donner, ne juge pas. « Les paroles du messager sont claires et universelles, il n’est pas là pour ça, juste redonner la foi et l’amour envers son prochain, peu importe son orientation sexuelle son ethnie, son handicap, physique ou non ». Cette thématique religieuse, revue et corrigée par le fantastique dans « Linus II », ne semble pas non plus avoir gêné les lecteurs croyants, bien au contraire, me confie J.P Serpi, qui me précise aussi que, si jamais un Messie devait revenir sur terre (sans préjuger de sa religion ou de ses penchants sexuels), c’est comme ça qu’il aimerait qu’il soit. Dans Linus II, cette double thématique "mystico-fantastique" s’enrichit du choix de l’auteur, pour le coup lui complètement original, de faire de ce Nouveau messager, née d’une relation charnelle entre deux humains un homme faisant l’expérience d’être un homme : un être sexué, de chair et de sang, d’émotion et de sentiment. Par ailleurs un homme gay qui s’assume pleinement : « le gâchis c’est lorsqu’une personne, peu importe qu’elle soit attirante physiquement ou non, n’assume pas son orientation… » idée singulière et décapante, qui vit une très belle et très intense histoire d’amour romantique qui ne faillit pas à la règle de la tragédie amoureuse, mais qui se voit sublimer d’une manière très inattendue et que l’auteur nous raconte avec une très légère pointe d’érotisme. Les personnages secondaires attachants, et les méchants bien sentis font de ce récit mystique, surnaturel et fantastique où les intrigues cléricales se mêlent au quotidien de la côte ouest-américaine, une lecture haletante, riche en suspense, et en rebondissements sur fond de confrontation du Bien et du Mal sur Terre. J.P Serpi en profite pour délivrer des messages, forts sur la tolérance ou la bienveillance au fil des pages, dont certaines suscitent également bien des interrogations sur des sujets de société. L’écriture enlevée (qui sait parfois faire place à l’humour), et documentée sert parfaitement le propos. Comme toujours lors de ces entretiens littéraires, je demande à l’auteur de nous parler de ces projets, J.P. Serpi m’annonce évidemment le deuxième volume de Linus, actuellement en correction, qui sera suivi de nouveaux épisodes de sa série d’espionnage atypique. Voilà qui nous promet de bons moments de lecture. #henrimesquida #cinemaetlitteraturegay

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