Javier Marias :Demain dans la bataille pense à moi





Divorcé depuis peu, Victor, scénariste pour la télévision, et nègre à l'occasion, est invité un soir à dîner chez Marta, mariée, mère d'un enfant. Alors qu'ils sont dans la chambre " à demi vêtus et à demi dévêtus ", Marta se sent de plus en plus mal, jusqu'à agoniser et mourir. À trois heures du matin, dans un appartement inconnu à Madrid, que doit faire Victor ? Se débarrasser du cadavre ? Prévenir le mari ? Réveiller l'enfant endormi ? Victor choisira de fuir. Avant de se laisser mener par les événements, certains inoffensifs, d'autres périlleux. Sur une trame d'une extrême originalité, Javier Marias réussit une intense variation sur des sujets qui nous touchent tous : la dissimulation, le mensonge, l'ignorance de ce qui nous fait agir, le rejet de ceux que nous avons aimés.

Il y a, chez Marias, une maîtrise et une virtuosité qui peuvent éloigner le lecteur.
Il y a presque un trop plein de subtilité, de justesse, dans les analyses psychologiques qui peut intimider. Marias est souvent plus intellectuel que sensuel.
Il y a ce perfectionnisme dans la tentatitive de reproduire au plus proche le fonctionnement de l'esprit humain, de sa mémoire, qui se traduit dans ces scènes qui s'allongent, comme les phrases, se détaillent à l'extrême, digressent, réfléchissent sur elle-même avant de perdre toute raison, à la fin des trop longues nuits.
Le reste est oublié, les ellipses temporelles sont béantes, d'où importance quasi fétichistes de ces enregistrements que l'on se repasse sans fin afin de capter la vérité des êtres.
Car l'essence des personnages semble constamment s'évaporer, ils traversent en spectateur leur histoire et seul le hasard les fait vivre.
D'ailleurs ici Marias en abuse peut-être un peu du hasard.
En résumé, c'est intelligent, drôle, mélancolique, mais aussi hyper-bourgeois, et après tout ça on a envie de se lire un petit roman southern gothic bien crade pour se nettoyer de toute cette distinction et de cette légère pointe de jalousie qui nous envahit.

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