enrique vilamatas paris ne finit jamais




Toujours le même humour, la même culture chez Vila-Matas. le même poids des écrivains du passé qui ont déjà tout dit. Ce labyrinthe d'érudition sans issu, où le peu que le lecteur a le bonheur de capter au passage n'efface pas le sentiment d'être passé à côté de beaucoup de références.
Ici, Vila-Matas s'est penché sur sa jeunesse, ses années d'apprentissage d'écrivain, poseur désespéré, dans le Saint-Germain-des-Prés des années 70. Ce livre est placé sous le double patronage d'Hemingway et de Duras, représentant chacun une voie opposée et qui semblent toutes les deux bouchées. Il fait un portrait très convaincant de Duras, sa logeuse, en terrible prospectrice, presque inquisitrice, s'exprimant dans un français supérieur, que lui, pauvre catalan exilé, ne comprend pas. Paris n'a pas vraiment été une fête pour lui, il n'y pas vécu « pauvre et heureux » comme Hemingway, mais « pauvre et malheureux » et il s'il s'en sort, ce n'est que grâce à l'ironie. Constant volte-face.
« Paris ne finit jamais » n'est pas le livre le plus virtuose de Vila-Matas, mais il m'a confirmé dans l'idée que cet auteur était en train de construire une œuvre de grande qualité. On peut regretter un manque d'évolution, mais finalement Vila-Matas n'a jamais vraiment prétendu se considérer comme autre chose qu'un imposteur. Très réjouissant à lire.

À l'occasion d'une conférence qu'il doit donner à Barcelone, un écrivain revient sur ses années de bohème et d'apprentissage littéraire à Paris. Sous la figure tutélaire d'Ernest Hemingway, il dit son amour pour cette ville à travers les souvenirs de ses premiers pas dans l'écriture. Maniant en maître l'ironie et la digression, Enrique Vila-Matas nous offre une promenade décalée, à la fois tendre et grinçante, dans la mythique capitale.


Extraits :
"Cela ne peut que me faire irrésistiblement penser à l'irrésistible début de Paris ne finit jamais, où Enrique Vila-Matas, nous présente le narrateur partant pour Key West, en Floride, pour participer au "traditionnel concours de doubles de l'écrivain Ernest Hemingway".

Cela fait je ne sais combien d'années que je bois, grossis et crois - contrairement à ma femme et à mes amis - que je ressemble physiquement de plus en plus à l'idole de ma jeunesse, à Hemingway. Comme personne ne m'a jamais approuvé sur ce point et que j'ai un caractère bien trempé, j'ai voulu donner une leçon à tout le monde et, grâce à une barbe postiche - dont j'ai pensé qu'elle améliorerait ma ressemblance avec Hemingway - , je me suis présenté, cet été, au concours.

Je dois dire que j'ai été d'un ridicule achevé. En effet, je suis allé à Key West, me suis présenté au concours et me suis retrouvé dernier ou, plutôt, j'ai été disqualifié, pis, écarté de la compétition non pas à cause de ma barbe postiche - ils ne l'ont pas découverte -, mais de mon "absence totale de ressemblance physique avec Hemingway". (1)

L’oeuvre d’Enrique Vila-Matas est d’une intelligence fulgurante. Dans ses romans à peu près indescriptibles, il invite une cohorte d’écrivains disparus ou vivants. Flirtant avec le réel, le plongeant dans l’absurde, il interroge nos rapports avec la littérature, sa nécessité, l’écriture de l’Histoire et des histoires. Vila-Matas est un magicien : il fait apparaître le picaresque en même temps que l’intime, le fictif et le réel. Ses romans sont fantaisistes et parfaitement construits. On peut citer, Paris ne finit jamais (Bourgois) et bien sûr Docteur Pasavento (Bourgois), le dernier traduit, dont Robert Walser est le passager clandestin.

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