Deon Meyer : les soldats de l'aube.


Grand Prix de littérature policière 2003.
Prix Mystère de la critique (roman étranger) 2004.
Deuxième roman de Deon Meyer après Jusqu'au Dernier paru en 2002, ce texte est un vrai régal. Un ancien flic passé au "privé", pas agréable du tout mais de plus en plus attachant au fil des pages, qu'on découvre presqu'épave au fond d'une cellule, et qui va se relever à la force de l'enquête. Cette recherche d'un testament perdu qu'on va suivre en sa compagnie, passant alternativement du fil de ses recherches à son histoire personnelle dans une construction très solide et très fluide à la fois, qui tient le lecteur en haleine. Bon suspens, bien entretenu : les cent cinquante dernières pages se dévorent d'une traite ; impossible de lâcher avant la fin. Quant à ce Van Heerden, on découvre ses "démons intérieurs" au fil de l'intrigue, cette faille qui le rend si humain, sa mère qu'il adore, son "associée" Hope Beneke qui va apprendre comme nous à le connaître, voire à l'aimer, le tout sur fond d'Afrique du Sud (même si ça n'est pas vraiment le propos), entre 1976 et 2003, entre les pires coups fourrés de l'époque de l'apartheid, en Angola avec les américains, et les débuts d'une jeune démocratie en devenir.
Ne ratez pas les débuts d'un futur grand.

Deon Meyer, né à Paarl le 4 juillet 1958, est un auteur de romans policiers originaire d'Afrique du Sud. Il écrit en afrikaans.

Voilà bien un auteur dont on espère lire encore de nombreux romans. Des personnages aux fêlures apparentes, comme on les aime, (non, non, pas les fêlures) humains à grande gueule. Deon Meyer semble particulièrement attaché à la psychologie de ses (anti)héros, et va fouiller au plus profond de leurs déviances pour nous livrer une image de l'homme en général, universel. Il nous raconte également son Afrique du Sud, l'avant et l'après Mandela, la transition pas toujours facile...

Zatopec, dit "Zet", van Heerden fut un brillant officier de police de la brigade des vols et homicides du Cap, en Afrique du Sud. Pour l'heure, il s'applique à traîner, de bar en bar, une culpabilité dévorante et une violence à fleur de peau. C'est donc presque malgré lui qu'il est amené à enquêter, pour le compte de l'avocate Hope Beneke, sur le meurtre de Johannes Jacobus Smit, tué d'une balle de M16 dans la nuque après avoir été torturé à la lampe à souder. Wilna, l'épouse de la victime, rapidement mise hors de cause, les pistes sont minces pour orienter les investigations de Zet. Prêt à renoncer, il découvre par hasard que le coffre de la victime contenait des dollars US, et que Smit cachait des secrets risquant de mettre en péril de hautes instances qui n'ont guère envie de faire la lumière sur des affaires empoisonnées aux relents de racisme d'avant apartheid.

Après son très brillant premier roman Jusqu'au dernier, Deon Meyer campe avec réalisme un personnage attachant, constamment en colère et sous pression, rongé par une faiblesse et une faute passées dont il ne se délivrera qu'en écrivant sa propre histoire, non comme un romancier mais plutôt comme témoin de sa propre vie. Quant à l'apartheid, autre faute du passé, elle est relatée par l'écrivain à travers l'enquête de Zet qui se double d'une quête d'amour et de rédemption. Cette construction originale donne au roman une puissance et un lyrisme dignes des plus grands.


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