Cryptonomicon, tome 2 : Le Réseau Kinakuta








Ce sous-marin allemand de la Seconde Guerre mondiale transporte-t-il seulement le secret de la Machine Enigma ? Ou bien le plus fabuleux des trésors nazis que le réseau Kinakuta va s’efforcer de détourner ? C’est de la réponse que vont dépendre notre présent et notre avenir. Et plus encore les destins de personnages aussi fabuleux qu’incroyables comme Alan Turin, Rudolf von Hacklheber, Bobby Shaftoe et Goto Dengo. Certains existent et d’autres pas. Mais le savent-ils vraiment ? Voici le deuxième volet d’un livre culte, entre science-fiction, espionnage et uchronie, science dure et cauchemar psychédélique. Avec Le Samouraï virtuel et L’Age de diamant (Prix Hugo), puis Le Code Enigma (Cryptonomicon I), Neal Stephenson s’impose comme le plus inventif, le plus éblouissant des nouveaux auteurs américains.

Ce deuxième volume de l'édition française qui a séparé le Cryptonomicon en trois parties, immerge enfin totalement le lecteur halluciné dans ce qu'il est faible de qualifier comme l'un des romans majeurs de la science-fiction... sinon de la littérature mondiale elle-même (salué aux USA, mais passant inaperçu en France).

Après la première époque, Le Code Enigma, l'action du technothriller uchronique et hard science informatique visant à mener une réflexion sur le rôle de l'information dans notre société, prend avecLe Réseau Kinakuta son rythme de croisière : Alan Turing est sur le point d'inventer la machine à calculer électronique qui sera utile à son ami le génial Lawrence Waterhouse (lequel avait cassé le code de la machine allemande Enigma) pour décrypter les messages des forces Japonaises de l'Axe. Tout continue de converger soixante ans plus tard lorsque le hacker Randy Waterhouse, en bâtissant dans le Sultanat de Kinakuta un "paradis informatique", repère un sous-marin lié à son grand-père Lawrence, grâce à Amy, la petite fille du marine Shaftoe. Mais les mafias, gouvernements et sectes tordues s'y intéressent...

Neal Stephenson a commis avec le Cryptonomicon l'un des romans majeurs de la société de l'information, au même titre qu'Homère posant les fondements de la civilisation grecque, et ne croyez surtout pas que j'exagère : ce bouquin est un chef d'oeuvre.

Mélant habilement une trame historique précise au récit des destins croisés de plusieurs protagonistes, Neal Stephenson nous distille son style si particulier, à la fois chargé d'un humour brillant et d'un regard vraiment sensible sur les individus. Ajoutez à cela une bonne dose de "techno-culture" dans sa frange la plus passionante. Je pense pas être capable de faire une critique plus aboutie, mais disons que le Cryptonomicon est le genre d'ouvrage à la sortie duquel on se sent plus intelligent.

                                                                 
 

Après Le Code Enigma au printemps 2000, voici le deuxième tome d'une série qui ne relève pas de la science-fiction, fors les états de service de son auteur côté cyberpunk, mais est pourtant tout à fait propre à réjouir les amateurs du genre.
La couverture ne ment pas : sous-marin échoué et chasseur de la seconde guerre mondiale, sur fond discret de message chiffré. De fait, on suit entre autres la traversée de la Nouvelle Guinée par un Japonais, rescapé d'un navire envoyé par le fond, entre ses compatriotes, les ennemis, et des anthropophages, ou des histoires d'U-Boot, ou encore un séjour touristico-érotique dans un port suédois, sur fond de contrebande avec la Finlande et de trafic d'or destiné à stimuler le zèle des généraux allemands. Plus, deux générations plus tard, donc aujourd'hui ou à peu près, l'installation d'un centre électronico-financier quelque part dans le Sud-est asiatique, des plongées autour d'une épave, une maison de famille victime de l'instabilité du terrain, les aléas d'un divorce, ou une expédition dans une jungle bourrée de péages militaires, à la recherche d'un tas d'or peu déplaçable. Le tout alternant, et devant converger avant l'infini.
Dans tout cela, on ne relève guère que deux éléments purement conjecturaux, hérités des épisodes précédents : le projet de banque virtuelle, et les Qwghlmiens, originaires d'une île au nord des Hébrides et parlant une langue incompréhensible (et qui jouent donc pour les Britanniques le rôle des Navajos côté américain). C'est peu. Or, on a l'impression d'être en pleine SF. Pas seulement à cause de Turing. Ni de quelques commentaires scientifiques, accompagnés de schémas, toujours tout à fait sérieux et parfois imperturbablement « farcesques », surtout lorsqu'on modélise les frustrations d'un personnage. Peut-être parce que tout est décrit de très loin, avec un humour dévastateur. Ou parce qu'il y a une harmonie préétablie entre notre genre de prédilection et des phrases comme « Quand j'étais petit, mémoriser les décimales de Pi était à peu près notre seule distraction », ou « Et quand les aviateurs américains bien payés et en carence sexuelle se trouvent lâchés dans une culture formée moitié de cannibales, moitié de français, on a une sacrée putain d'économie civile ». Et on devrait arriver à trouver d'autres raisons encore.
Bref, le mélange d'aventure, de vulgarisation technologique indolore et d'humour a parfaitement pris. Et on en redemande. Ce qui tombe bien, puisque le troisième volume est annoncé pour octobre 2001.




L’Explosion !





Stupidement propulsé nouveau pape du cyberpunk avec son Samouraï Virtuel, Neal Stephenson revient avec ce qui pourrait bien être pour lui, le roman de la consécration. Et chafouin comme il est, le bougre, ce n’est même pas à proprement parler de la science-fiction. Tenant, tout comme Dantec, d’une certaine tendance à l’œcuménisme des genres qui semble se dessiner auprès des plus doués des "jeunes auteurs", Stephenson, se lance sans complexe dans une intrigue en balancier qui va nous faire osciller, aux rythmes des coups du sort et de hasards savamment orchestrés, de 1945 à nos jours.

C’est avec la brutalité joviale d’un sale môme qui vous pousserait tout habillé dans une piscine, que Neal Stephenson vous plonge dans le grand bain de la cryptographie et de la cryptanalyse. En bon français pour non-matheux, dans l’univers des codes. Nerd et fils de nerd, le garçon fait, bien entendu, ça en grand. Algorithmes de cryptage, mathématiques modulo, théorie de l’information et statistiques saupoudrent une intrigue tellement confuse, et qui tellement longue à démarrer que s’en est presque indécent. En résumé, autant de raisons de détesterLe Cryptonomicon. Et pourtant…

Tout va commencer en 1941 quand le sergent Bobby Shaftoe du Corps (entendez par-là le corps des Marines des Etats-Unis d’Amérique), quitte ses quartiers de Shanghai, pour un périple Pacifique qui va le conduire sur les plages de Guadalcanal. Dans le même temps, Lawrence Pritchard Waterhouse, jeune surdoué des maths, condisciple d’Alan Turing et organiste chevronné, est devenu par défaut, et pour des raisons pratiques évidentes, joueur de Glockenspiel au sein la fanfare de la flotte du Pacifique de la Marine américaine, basée – comme chacun sait – à Pearl Harbour. Le 7 décembre 1941, à 7 h 50, il répète le Star Sprangled Banner sur le pont de l’U.S.S Nevada, lorsque l’amiral Yamamoto va brutalement, mais sans la moindre préméditation, mettre un terme définitif à sa carrière de concertiste troupier. Sa reconversion au service du chiffre sera finalement bien plus profitable à l’effort de guerre que ses indéniables talents de musicien. Parallèlement, son petit-fils, Randall Lawrence Waterhouse, hacker flegmatique et spécialiste des réseaux, constate avec effarement que sa vie sentimentale part à vau-l’eau. Une brutale remise en question qui va, par un de ces hasards extraordinaires de la vie, coïncider avec le coup de fil de son vieil ami Avi, qui lui propose de monter l’affaire du siècle à Manille. Il convient d’ailleurs de se dépêcher, puisque nous sommes en 1999.                                              
                                                                                
Trois intrigues en croix, pour ce roman, que Neal Stephenson se défend de qualifier de trilogie. Et finalement peut-être n’a t-il pas tout à fait tort, car il est indéniable que Le Cryptonomicon a été pensé d’un bloc. Les habitués auront sans doute noté chez lui une certaine propension à faire des phrases, à la digression, ce qui n’était pas gênant du moment qu’elles restaient majoritairement brillantes et drôles. Ici, Stephenson force sa nature à l’extrême. Adepte des intrigues complexes qui s’entrelacent à un didactisme rigolard, le tout dans un joyeux bordel, il a décidé cette fois de prendre tout son temps. L’intrigue elle-même ne s’ébauche guère dans sa globalité que dans la seconde moitié du second tome. Entre-temps, alors qu’il place doucement ses pions, il nous aura décrit d’abondance les subtilités de la cryptanalyse, théorèmes à l’appui, et fait part de quelques-unes unes de ses considérations les plus fumeuses sur le sens de la vie. Dans ces conditions, que le moindre de ces retards à l’allumage finissent par s’intégrer si parfaitement au récit, confine ni plus ni moins au génie. Tout le charme de ce qui aurait pu être l’œuvre la plus aride depuis la naissance de Stephen Baxter, réside là. A chaque fois que l’on reprend sa lecture, on retrouve avec délice le petit monde barjo des protagonistes, tout entier baigné de cette distanciation sarcastique, qui est la véritable marque de fabrique de Neal Stephenson.

Notons aussi que la présente édition est servie par l’impeccable traduction de Jean Bonnefoy, par ailleurs traducteur de Gibson et d’Adams, qui n’a pas boudé son plaisir, et a poussé le zèle jusqu’à nous livrer ses propres sources de documentation en fin de volume.

Avec Le Cryptonomicon, et en attendant la parution en Août de Golgotha, le troisième tome Stephenson transforme l’essai, et démontre ce que l’on avait déjà pu pressentir, à savoir que nous sommes bien là en présence d’un futur très grand nom de la fiction.

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