Neal Stephenson le samourai virtuel






Neal Stephenson est un des rares auteurs SF à marier humour ravageur, réflexion de haute volée et action efficace. Un bouquin réjouissant qui vous fera passer un excellent moment et vous donnera à penser sur les futurs possibles des mondes virtuels ou de l'exploitation des mythes sumériens.

Un roman de SF cyberpunk malin et hyper-rythmé, peuplé de programmeurs-samouraïs qui livrent des pizzas pour le compte de la mafia et de chiens de garde-robots à la fidélité inébranlable, de prêcheurs fous à la conquête du monde et de serials-killers tchernobyliens. On pourrait croire à lire ces résumés en forme d'inventaire de Prévert que ça part dans tous les sens, mais c'est tout le contraire : TOUS ces éléments sont reliés entre eux et jouent leur rôle dans l'histoire, tout est parfaitement pensé à l'avance - les romans de Neal Stephenson sont des merveilles d'intelligence.

Le Samouraï virtuel (titre anglais : Snow Crash) est un roman de Neal Stephenson, paru en 1992, se déroulant dans un univers futuriste parfois qualifié de cyberpunk ou, plus précisément, de postcyberpunk. En donnant une fin positive à un univers dystopique, ce roman a ouvert une nouvelle branche de la science-fiction.
Hiro Protagoniste est le plus grand sabreur du monde, dans l'univers réel et dans le Métavers virtuel. Il livre aussi des pizzas pour le compte de la branche commerciale de la Mafia. Y.T., 15 ans, blonde, plutôt du genre dégourdi, voire redoutable, transporte sur sa planche à roulettes version rapide tout ce qu'on veut bien lui confier. Quand ces deux-là se retrouvent, sous l'oeil de l'oncle Enzo, parrain suprême, pour lutter contre une drogue qui fonctionne à la fois dans la réalité virtuelle et dans l'univers réel, cela promet des étincelles. Une vision désopilante et terrifiante du proche avenir, réel et virtuel, qui a reçu le Grand Prix de l'imaginaire et le Prix Ozone en 1997, par Neal Stephenson, Prix Hugo, pour L'Age de diamant, publié dans la même collection.

Thèmes et éléments de réflexion[modifier | modifier le code]



Le roman met en scène une Amérique très proche du moment présent où les sectes religieuses et les mafias prolifèrent sur fond de désorganisation de l'État fédéral américain et de la plupart des états, ce qui entraîne des flots de réfugiés. La religion du pentecôtisme est particulièrement visée car ce mouvement incite ses adeptes à « parler en langues ». La glossolalie est un thème central du roman.

Mêlant théories linguistiques sur les structures profondes du langage, mythes sumériens et hypothèses anthropologiques sur le développement des religions après Babel, le roman imagine un monde apocalyptique où un magnat qui a découvert des moyens de contrôler l'esprit humain s'en sert pour accroître son pouvoir. Son ambition sera contrariée par un hacker devenu provisoirement livreur de pizzas, allié à une experte en anthropologie et neurolinguistique ainsi qu'à une adolescente qui fait des livraisons de courrier ultra-rapides grâce à sa planche à roulette. Le hacker peut fort heureusement compter sur le savoir illimité que lui donne son accès au Métavers, anticipation duWeb sous la forme d'un univers virtuel comme Second Life. Le recours à nombre de gadgets high-tech issus du développement des nanotechnologies et du génie biomédical contribue à créer un effet de défamiliarisation typique de la science-fiction1.

Tout en posant des questions sur le fonctionnement du langage, cet ouvrage repose sur l'idée que le cerveau serait sensible à des virus. Toutefois, il ne s'agit pas ici du virus de l'idéologie qui se transmet sous forme linguistique (le mème théorisé par Richard Dawkins), mais d'un virus transmis de façon visuelle et qui s'attaquerait directement au « système opératoire » du cerveau des programmeurs par affichage sur écran de symboles apparemment indéchiffrables (d'où le titre original Snow crash). Il n'y a donc pas lecture, comme le remarque Walter Benn Michaels2, car le cerveau est infecté de la même manière que peut l'être un ordinateur sans rien comprendre à ce qui lui arrive. Tout comme l'ordinateur exécute le programme qu'il est censé « lire », le cerveau du programmeur exécute automatiquement le programme viral à la lecture duquel il se trouve exposé.

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