: Un nommé Louis Beretti


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Louis Beretti, aux yeux des bourgeois,
"a des manières épouvantables", mais pour les gens du milieu, il apparaît dans toute sa force conquérante, "un grand citoyen dans le monde dur qui est le sien..." Son copain, c'est, Big Italy dont les étranges yeux brun clair "luisent d'alcool et de férocité contenue.

Un tel classique encore jamais commenté sur amazon, incroyable ! je viens de le relire - et dans cette édition de poche dont la jaquette me semble parfaitement réussie -, j'y ai pris le même plaisir qu'il y a une trentaine d'années.
ce bouquin écrit en '29, en pleine prohibition ('19 / '33), narre l'ascension d'un p'tit gars, bad boy né à chinatown, qui y devient voyou demi-sel, puis retour de la grande guerre, un bootlegger de renom.
pas de mafia, quasiment pas de gangs, juste la ''biographie'' de celui qui deviendra un ''honnête commerçant'' ne reniant pas ses origines.....italiennes, of course, avec des parents, une mama surtout, besogneux et croyants.
la dernière partie est un peu moins bonne; pour faire quand même polar hard boiled, il y est question d'un kidnaping d'enfant que je trouve assez mal ficelé ?
la traduction de '49 a un peu vieilli : des tournures de phrases et une adaptation du slang dans un argot qu'on emploie plus....mais aussi bien, l'américain de '29 a sûrement pris également un coup de vieux ?
Ce grand  roman de gangsters des années 20, "Un nommé Louis Beretti" est un bijou d'efficacité qui reflète parfaitement les caractéristiques de la "hard-boiled fiction" (ces polars "durs" qui apparaissent après la 1ère guerre mondiale) : une littérature qui va droit au but, qui esquinte les belles-lettres et dresse un tableau cru de la société urbaine. Louis est littéralement né dans la rue et est devenu ce à quoi le destinait son quartier : un "tough guy" dans un "tough neighborhood". Louis a du poil dans le dos ; c'est un dur, qui cogne, boit, rote, et cogne encore. Depuis la plus tendre enfance du truand jusqu'à sa réussite sociale durant la Prohibition, la narration démythifie l'image que les journaux et les bonnes gens veulent se faire du gangster. Dans les quartiers pauvres de New York, tout se fait le plus naturellement du monde. Louis et sa bande de copains n'ont pas même conscience d'être criminels quand ils trafiquent, volent ou tuent. Plutôt qu'une bande, ils forment un microcosme qui obéit à un système de valeurs différent de celui du beau monde.

Polar qui nous livre le portrait d'un homme dure, misogyne, qui semble incapable d'amour, mais possède un sens inébranlable de l'honneur; un homme qui malgré tout sait se montrer attachant.
Contrairement à la plupart des romans de gangsters comme "Scarface" ou "Little Caesar", l'histoire ne raconte pas tant l'ascension et la chute brutales d'un voyou que des tranches de vie populaire. Cela tient au fait que Donald H. Clarke a longtemps traîné dans ces quartiers en tant que journaliste (expérience qu'il romancera dans le moins réussi "Strictement confidentiel") et qu'il s'est intéressé aux théories sociologiques de l'école de Chicago. L'auteur a collecté de nombreuses anecdotes dans les bas-fonds urbains et les relate non sans une certaine ironie : il dément l'image que les journaux donnent de la pègre mais, en même, il souligne que ce décrit n'est toujours qu'une représentation romanesque. Un polar beaucoup plus complexe que sa brutalité ne le laisse présager.
A noter : John Ford fit une adaptation filmique de ce roman ("Born reckless", 1930), concernant beaucoup moins les bas-fonds new-yorkais que l'expérience de la guerre mondiale.

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