Michel Tremblay : le cœur éclaté. 1994.

Ici, le couple du Coeur découvert (Babel ne 167), roman des amours heureuses, éclate : Mathieu, après dix ans de vie commune, déménage et met un terme à une relation qui s'était étiolée. Jean-Marc, entre effondrement et désespoir, donne corps au seul projet possible : il part pour Key West, et là, dans la capitale des artistes et des prix Pulitzer peu à peu devenue le mouroir de l'Amérique, il apprend à accepter la douleur et tente d'affronter le sentiment de culpabilité qui l'assaille. Jean-Marc, entre effondrement et désespoir, donne corps au seul projet possible : il part pour Key West, et là, dans la capitale des artistes et des prix Pulitzer peu à peu devenue le mouroir de l'Amérique, il apprend à accepter la douleur et tente d'affronter le sentiment de culpabilité qui l'assaille Deuxième volume publié de la série consacrée aux aventures amoureuses de Jean Marc. Cependant dans l'ordre chronologique de la vie du personnage c'est le troisième ( la nuit des pronces charmants, le coeur découvert, le coeur éclaté...). Dix années se sont écoulées depuis la rencontre entre Jean-Marc et Mathieu mise en mots dans un roman plein de sensibilité et de pertinence, « Le cœur découvert ». Ici il s'agit donc de traîter du désespoir et de la lente et pénible tentative de reconstruction personnelle de Jean-Marc. Comme dans le premier roman l´objet de l´engagement romanesque de Tremblay ressortit d´abord au thème de l´homoaffectivité : Tremblay engage sa vision personnelle d´homme et du monde, autrement dit sa personne, face à la collectivité québécoise, et plus précisément montréalaise, de son temps. Ce qui n'empêche en rien l'universalisme de son propos.(Michel Tremblay serait même le premier auteur québécois à avoir déclaré publiquement son homosexualité). Pour bien co:prendre il faut savoir que le Québec est l'un des tout premiers état du monde à interdirla discrimination face à l'orientation sexuelle(1977); ce qui permets à l'auteur d'insérer dans sa fiction des éléments autobiographiques évidentsdans un jeu autofictif. Ici la douleur de Jean-Marc abandonné est raconté avec les m^mes mots touchants, sincère, crédibles et universels qui étaiet déjà ceux de l'amour du premier volume et qui s'inscrit en faux contre l'idée de difféerence entre les ressentis amoureux hétéro et gay. "J´étais seul au milieu du drap gris, Mathieu n´entrerait pas dans la chambre sans faire de bruit pour ne pas me réveiller, il ne me secouerait pas la jambe du bout de l´orteil si je ronflais trop fort. Plus jamais. Un sanglot, un vrai, monta brusquement de très loin et je me suis dit ça y est, les grandes vannes vont s´ouvrir, je vais connaître quelque chose qui ressemble à du soulagement... Mais tout se bloqua dans ma gorge et j´ai cru mourir de désespoir. " Pour se consoler et recouvrer quelque sérénité, Jean-Marc décide de passer le mois d´août à Key West, dans un pavillon que lui louent Gerry et Dan, un couple homosexuel. "Jeanne-Mark"(parodie de pronontiation du français canadien par les américains) qui a pourtant toujours voulu éviter les ghettos gay de Montréal, se retrouve tout d´un coup au milieu d´un groupe d´hommes qui ressemblent précisément à ceux dont il s´est tenu éloigné jusqu´alors : Le Coeur éclaté permet donc de découvrir aussi les beaux côtés d´une communauté gay enjouée et heureuse qui, bien que foncièrement futile et quelquefois dissimulée, s´avère néanmoins capable de sympathie, de générosité et d´amitié. C´est donc bien tout le champ de l´homosexualité masculine que met en récit Michel Tremblay: l´auteur parvient à en faire luire des moments de beauté et de sensiblité simplement humaine. Les deux romans s'inscrivent en quelque sorte dans la veine romantique ou ce qui compte ce sont les sentiments des personnages (et donc de l'auteur lui même). Pour l'écriture Tremblay utilise beaucoup le "joual" (le parlé typique québéquois)qu'il valorise en tant qu'expression populaire avec humour et élégance et sans se départier de l'art du beau et qui surligne la chaleur d´une communication québécoise quotidienne, qui a lieu dans les foyers et dans les cercles d´amis, et qui exprime une intimité caractéristique.. Il en ressort un effet de réel et une force d´engagement identitaire et national. Je précise tout de même que le lecteur Français n'aura aucune dificulté à comprendre ce "Joual". r un vaste public. Dans ces deux romans ,tous les types significatifs de la collectivité gay semblent avoir été convoqués, de même que les figures-clés de ses détracteurs, ensemble impressionnant de figures représentatives de stéréotypes et de fantasmes associés au monde gay dans la société contemporaine: la famille réinventée ; le couple gay, le couple de lesbiennes,; la famille recomposée, le beau gars, la «bête de sexe" mais dont on a vite fait le tour, le gay atteint du SIDA et qui est à l´article de la mort, les dragueurs anonymes des parcs publics et des boîtes gay; la drag-queen, le présentateur de show travesti, la folle, la communauté gay , l´hétérosexuel homophobe! Inversant de la sorte les notions de majorité et de minorité; Il y également Le goût de l´évasion et de l´illusion et l´accès à des espaces-refuges caractéristiques du monde LGBT, surtout de l'époque.Et un idéalisme touchant un mode de vie où règne la simplicité et que le récit restitue à travers les petits événements qui font le " chaque jour de la vie à la maison, en couple et avec les amis" est sans doute ce qui ressort le plus sous l´angle de la dimension populaire des deux romans: Une valorisation du petit et du quotidien, tel que le tout un chacun ou le n' importe qui de Montréal, du peuple québécois et finalement de presque tout l'occident – peut le vivre. Hétéro comme homo,car cette plongé dans le particularisme a la vertue de l'ouverrture vers l'universel?. Enfin ces eux romans sont marqués par une hyperémotivité (typiquement gay?); On y pleure ,on y rit. C'est sentimental jusqu'à la sensiblerie et romantique non pas dans une intentionnous n´identifions pas une intention parodique, mais bien dans un désir d´exalter, de magnifier et de proposer à l´admiration, pour toucher, attendrir, émouvoir.

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