Sébastien Barry : Des jours sans fin. 2016.

Chassé de son pays d'origine par la Grande Famine, "Thomas McNulty", un jeune émigré irlandais, vient tenter sa chance en Amérique. Sa destinée se liera à celle de "John Cole", un vagabond d'à peine seize ans venu de Nouvelle-Angleterre qui sera l'ami et amour de sa vie. Dans le récit de Thomas, la violence de l'Histoire se fait profondément ressentir dans le corps humain, livré à la faim, au froid et parfois à une peur abjecte. Malgré la violence de cette fresque se dessine cependant le portrait d'une famille aussi étrange que touchante, composée de ce couple inséparable, de "Winona" leur fille adoptive sioux bien-aimée et du vieux poète noir "McSweny "comme grand-père, famille "choisie" qui est aussi un bouclier vers l'extérieur et ses dangers. Avec ce roman dédié à son fils gay, "Sebastian Barry", romancier Irlandais, nous offre une réflexion sur ce qui vaut la peine d'être vécu dans une existence souvent âpre et quelquefois entrecoupée d'un bonheur qui donne l'impression que le jour sera sans fin. Le Far-West comme si vous y étiez, véritable épopée lyrique dans les plaines de l'Ouest américain avec ses pionniers, ses indiens, ses bisons, ses tuniques-bleues, mais aussi la guerre, le froid, la faim et surtout le bruit et la fureur des hommes. Une époque sauvage dans un pays sauvage que même Dieu semble avoir abandonné. Pour nos deux héros ce sera à la vie, à la mort. Ils vont devenir danseuses de saloon pour des chercheur d'or esseulés, chasseurs de bisons, militaires contre les indiens, Tuniques bleues contre les confédérés, cultivateurs de tabacs dans les Tennessee. Mais surtout ces deux-là vont s'aimer tendrement et follement. Dans le chaos de cette deuxième moitié du XIXe siècle, deux hommes, deux cœurs simples cherchent à vivre tout simplement.
"La Bible n’a pas été écrite pour nous, ni aucun livre. On n’est peut-être même pas des humains, puisqu’on ne rompt pas le pain céleste. Pourtant, si Dieu essayait de nous trouver une excuse, il pourrait invoquer cet étrange amour entre nous. C'est comme quand on cherche dans l'obscurité, qu'on allume une lampe et que la lumière vient à notre rescousse. On découvre des objets ainsi que le visage d'un homme qui est pour vous comme un trésor déterré. John Cole. Une sorte de nourriture."
Le texte est d'une beauté fracassante, l'écriture limpide nous emporte, nous sommes avec "Thomas" le narrateur et sa voix enivrante possède comme un indubitable ton d’espoir, de joie dans tout ce qu’il nous dit. C'est pourquoi il est impossible de ne pas se laisser emporter dès le premières pages, de cheminer avec lui et d'ouvrir les yeux à chaque aube sur l'éternelle nouveauté du monde. Il y est aussi question de mariage gay, d'adoption et du droit à l'indifférence, si, si ! Tout cela aux alentours de 1860 entre la Californie et le Mississipi. Il y a du « Little big man d’Arthur Penn » de l’' « Impitoyable d’Eastwood », du « Soldat bleu de Ralph Nelson» mais aussi le désir de construire une sorte de « petite maison dans la prairie » repeinte aux couleurs arc en ciel. Peu importe qu'il s'agisse d'un roman gay, occidental, historique ou tout ça à la fois...C'est avant tout un roman intense, émouvant et à mon avis un chef d'œuvre." #henrimesquida #cinemaetlitteraturegay

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