Hugh Howey : SILO






D’abord conçu comme un roman indépendant, le premier épisode de la série a été écrit en 2011. Autopublié sur Amazon, le livre connaît un tel succès que son auteur décide d’écrire la suite, faisant de Silo une série. Les cinq épisodes sont réunis en un seul volume à succès, qui attire de nombreux agents littéraires.

En 2012, Hugh Howey signe un contrat avec Simon & Schuster pour l’exploitation du livre papier aux États-Unis et au Canada, tout en conservant à l’auteur le droit numérique de son œuvre. Wool est traduit et diffusé dans plusieurs pays. Il est paru en français à partir du4 septembre 2013 au format numérique, en cinq épisodes planifiés tous les dix jours, puis disponible au format papier en octobre 2013, aux éditions Actes Sud, qui inaugure ainsi sa collection « Exofictions » dédiée à la science-fiction.

Dans un futur postapocalyptique indéterminé, quelques milliers de survivants ont établi une société dans un silo souterrain de 144 étages. Les règles de vie sont strictes. Pour avoir le droit de faire un enfant, les couples doivent s’inscrire à une loterie. Mais les tickets de naissance des uns ne sont redistribués qu’en fonction de la mort des autres.
Les citoyens qui enfreignent la loi sont envoyés en dehors du silo pour y trouver la mort au contact d’un air toxique. Ces condamnés doivent, avant de mourir, nettoyer à l’aide d’un chiffon de laine les capteurs qui retransmettent des images de mauvaise qualité du monde extérieur sur un grand écran, à l’intérieur du silo.
Ces images rappellent aux survivants que ce monde est assassin. Mais certains commencent à penser que les dirigeants de cette société enfouie mentent sur ce qui se passe réellement dehors et doutent des raisons qui ont conduit ce monde à la ruine.

Ce livre est une dystopie bien construite et particulièrement réussi.
L'idée du Silo est bonne, et bien exploitée, avec des points de vue différents d'une nouvelle à l'autre, d'un chapitre à l'autre. Personnellement, j'ai apprécié cette structure narrative, qui plaira ou déplaira, selon le lecteur, selon son goût (ou non) pour les dystopies, pour la construction en chapitres ...
Je trouve qu'elle apporte du souffle et de la variété, du suspense ...
L'intrigue va crescendo, la connaissance des personnages principaux également. Les tout premiers personnages sont intéressants, Juliette, Scottie, Lukas et d'autres aussi ... Ils donnent un peu de profondeur et d'humanité à ce monde métallique, oppressant, angoissant, délétère, où la majorité de l'action se déroule dans des escaliers mais où les ascensions sociales semblent impossibles ou de courte durée, et où l'homme s'élève rarement ...
Comme dans les hautes montagnes aujourd'hui, des dizaines de personnes s'épuisent en tant que porteurs, au service du reste du Silo.
Les actions, pensées et dialogues des personnages se répondent et nous font découvrir petit à petit ce monde étouffant, en vase clos. Tous sont soumis à une loi très dure, appelée L'Ordre et à un texte appelé le Pacte, dont on apprend assez peu le contenu finalement.
Pas de justice, pas de pensée, pas de choix, pas de sentiments.
Toute relation amoureuse doit être déclarée, et peu d'enfants sont proposés aux couples, ils doivent participer à des loteries pour espérer concevoir des enfants, sinon les femmes gardent à vie leur implant contraceptif.
Par ailleurs, ces loteries suivent de près les derniers décès du Silo ...
Pas de livres dans ce monde (peu de livres pour enfants, très très peu de livres pour les adultes), peu de papier, pas de création, pas d'art, les relations amicales et la création de familles ne sont pas très encouragées, rien n'est encouragé hormis le travail matériel ou informatique.
Tout est et doit être utile, utilitariste, matérialiste : fermes hydroponiques, nursery, machines pour générer de l'électricité, serveurs informatiques ...
Tout cela dans un grand Silo de 144 étages, divisé en 3 parties : le haut, le milieu et le bas, la hiérarchie, les classes sociales, étant très liées à ces emplacements et à cette structure.
Tout espoir, tout rêve d'un monde meilleur est sévèrement puni, d'un "nettoyage", envoi en aller-simple à l'extérieur, dans un monde réputé dangereux et irrespirable depuis longtemps ...
Une curieuse vision des informaticiens (entre autres), mais des réflexions très justes, sur les abus de pouvoir ... sur une personne qui semble détenir à la fois le pouvoir exécutif (enfin surtout celui d'exécuter du monde, de l'envoyer "au nettoyage", plus que d'exécuter des actions utiles au peuple ...) et un grand pouvoir informatique, des connaissances tenues secrètes ... cumul d'ailleurs interdit par le Pacte ... par ailleurs, les grandes dépenses énergétiques du département informatique sont de plus en plus contestées par le Silo ...
l'opacité du travail de ce département aussi est très mal vécue, que savent-ils vraiment ? cachent-ils des informations importantes aux autres ?
Réflexions très justes donc, dans d'autres dystopies on parlera plus d'eugénisme ou d'autres abus de pouvoir, ici l'absence de pensée, de démocratie, de débat, le cumul de fonctions importantes, les dangers d'une science pervertie, d'une informatique complètement détournée de ses buts initiaux, fait mouche. Une réflexion très juste aussi sur la place des armes et la fréquence des guerres, la capacité de destruction de l'espèce humaine ...
De nombreuses références me sont venues à l'esprit, à la lecture de ce tome : boîte de Pandore, mythe de Sisyphe, révolte populaire comme dans Germinal, Fahrenheit 451, monades urbaines, cavernze de Platon... on pense aussi bien sûr au Meilleur des Mondes ...
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