Olivier Barde-Cabuçon : Casanova et la femme sans visage

 
Pour l'intrigue par elle même, c'est plutôt pas mal. Toutefois je me dis qu'avec tous ces rebondissements et toutes ces factions présentes, il y avait de quoi faire deux bons livres plutôt qu'un seul assez brouillon tant il part dans de nombreuses directions par moment. Le héros est trop psychorigide pour qu'on s'y attache vraiment pour l'instant...
 j'ai quand même passé des moments agréables. Certes ce n'était durant les 440 pages, mais de bons passages sauvent le livre et En outre, Olivier Barde-Cabuçon est parvenu à merveille à mêler la petite histoire à la grande. Les personnages qu'il a forgés et ceux réels s'imbriquent parfaitement et très naturellement.
On croise donc au fil des pages Louis XV, la marquise de Pompadour, Sartine, le comte de Saint-Germain et bien entendu Casanova. Des personnalités emblématiques du 18ème siècle.
Ainsi, j'en ai pas mal appris sur les moeurs du "Bien-aimé". Je n'imaginais pas que le grand-père de Louis XVI souffrait d'une telle peur de la mort et sombrait si facilement dans l'ennui. J'avais vaguement entendu parler du Parc-aux-cerfs, cet endroit imaginé par la Pompadour et le fidèle valet le Bel pour combler les besoins royaux mais j'étais loin de savoir tout ce que ce lieu dissimulait et tout le dégoût qu'il allait m'inspirer.


Cependant, toutes ces leçons d'histoire ne ralentissent jamais l'action. Elles ne sont là au contraire que pour servir l'intrigue policière. Une intrigue qui se révèle très bien ficelée. Je n'aurais jamais soupçonné la clé de l'énigme.

 Extrait I :
(le début) : La nuit avait envahi les rues de Paris et déposé un voile noir sur le carrosse immobilisé au milieu de la rue déserte. Engoncé dans un manteau sombre, le cocher retenait d'une main ferme les chevaux qui s'agitaient nerveusement. Une silhouette fine descendit de la voiture. La capuche du manteau, rabattue sur le visage, dissimulait les traits d'une jeune fille. Sur les murs, les ombres projetaient leurs doigts crochus vers elle. Un cheval encensa. Le cocher regardait droit devant lui, impassible.
- Il est tard, prenez garde mon enfant : gens de bien aiment le jour et gens méchants préfèrent la nuit !
La voix provenait du carrosse. Elle était fatiguée mais bien timbrée et agréable à l'oreille. Comme mue par un signal invisible, la voiture s'ébranla dans un fracas de bois et de fer. L'inconnue frissonna. Elle se retrouvait seule, ses doigts blancs serrés comme si elle s'apprêtait à porter un coup. L'obscurité gommait les repères familiers, suggérant à l'oeil des formes fantastiques. Dans son enfance, par ses récits pendant les veillées, sa mère avait peuplé sans le savoir ses nuits de loups-garous, de voleurs et de fantômes. Un instant, elle crut entendre un bruit de pas et s'immobilisa pour écouter. Seul le silence lui répondit.
A cet instant, les nuages se dissipèrent et la lune jeta un pâle reflet dans la rue, révélant l'entrée d'une petite cour au fond de laquelle rougeoyait un four à pain. La jeune fille eut un mouvement d'exultation. Un rire cristallin s'échappa de sa gorge et elle se hâta à grands pas dans la direction de cette lumière vacillante.
La nuit fut alors trouée d'un mouvement rapide. Une ombre grandit démesurément sur les murs et se dirigea à sa suite. Bientôt un cri déchirant troua les ténèbres

 Extrait II
-Quelle boisson étrange ce café, murmura Casanova, plus on en boit et moins on dort et moins on dort et plus on a besoin d'en boire...
-Comme vous gagnez votre vie la nuit, persifla Volnay, je comprends qu'il soit votre boisson préférée !
-Monsieur, répondit vertement l'autre, je ne suis pas une chouette et je vis aussi bien le jour que la nuit. Je suis par ailleurs connu dans toutes les cours européennes...
-Il faut dire, persifla Volnay, que le chevalier de Seingalt a conquis l'Europe à la pointe de son sexe! Savez-vous, Chiara, comment il surnomme celui-ci ? "L'agent principal de l'humanité!"
-Monsieur, s'écria Casanova en faisant jouer ses robustes épaules, vous vous oubliez ! .

Extrait  III.:
Nos scientifiques et nos philosophes ont oublié que, en immolant la foi sur l'autel de la raison, ils ont ôté une chose essentielle à l'humanité: l'espoir. Ce besoin inhérent à l'humanité, tu trouveras toujours d'autres personnes pour l'apporter: devins, guérisseurs, cabalistes, sorciers.. Avec eux demeure l'espoir d'un possible au-delà. 

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