Donato Carrisi : L'Écorchée -




Sept ans après s'être mesurée au Chuchoteur, Mila Vasquez travaille aux Limbes, le département des personnes disparues.
L'enquêtrice excelle dans son domaine. Peut-être parce qu'elle est incapable d'éprouver la moindre émotion. Ou peut-être parce qu'elle-même porte dans sa chair la marque des ténèbres.

On a tous ressenti l'envie de s'évanouir dans la nature.
De fuir le plus loin possible. De tout laisser derrière soi.

Or chez certains, cette sensation ne passe pas.
Elle leur colle à la peau, les obsède, les dévore et finit par les engloutir.
Un jour, ils se volatilisent corps et bien. Nul ne sait pourquoi.

Bientôt, tout le monde les oublie. Sauf Mila.

ET PUIS, SOUDAIN, CES DISPARUS RÉAPPARAISSENT POUR TUER.

Face à eux, Mila devra échafauder une hypothèse convaincante, solide, rationnelle. Une hypothèse du mal.
Mais pour les arrêter, il lui faudra à son tour basculer dans l'ombre.

Donato Carrisinous revient en très grand forme dans la suite du "Chuchoteur". Il faut croire que le personnage de Mila Vasquez l'inspire de façon plus qualitative, comme une muse perverse.
C'est donc le lecteur qui va être content de se laisser une fois de plus fasciner et manipuler très agréablement par le bout du nez.
Viscérale, vénéneuse, acérée, l'histoire nous plonge une fois de plus dans les méandres du mal et de l'insanité.
L'addition d'un nouveau personnage apporte un vent de fraîcheur bienvenu. En effet, Simon Berrish, "l'homme à qui vous avez envie de parler", est un collier de perles scintillantes et Carrisi nous le façonne chapitre après chapitre le rendant indispensable et intrigant. Couplé à Mila, ce duo fait des merveilles.
L'intrigue est folle, nerveuse, d'une puissance maîtrisée de main de maître par ce peintre du suspense qu'est Carrisi.
Les couleurs sont ocres et sombres et le pinceau telle une lame aiguisée vient tracer des cercles à même votre cerveau pour y bien graver l'histoire.
Comme toujours chez Carrisi, l'intrigue est à tiroirs mais ici ils s'encastrent magnifiquement dans la commode.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ce nouveau thriller est une réussite totale. Parce-que Carrisi est fort, sacrément fort !
Fort par sa capacité à nous faire entrer en empathie totale avec une héroïne qui, justement, en est totalement dépourvue. A ce niveau c'est déjà un exploit, et c'est la preuve que l'auteur montre une impressionnante faculté à rendre crédible ses personnages. Un flic assez inhabituel, auquel Carrisi va adjoindre un protagoniste tout aussi étonnant, spécialiste en anthropologie.
Fort également par son aptitude à concocter une intrigue totalement addictive. Un thème et une histoire vraiment originaux, qui arrivent à s'affranchir des poncifs du genre et à maintenir une tension de tous les instants (loin de toute effusion de sang gratuite).
Fort et sacrément intelligent, enfin. Pour ne pas être tombé dans le piège du copier / coller et nous proposer un récit foncièrement différent de celui du « Chuchoteur ».
Un roman impossible à lâcher, une construction narrative tout à la fois sobre et bluffante, et cette tension qui flirte avec l'émotion, jusqu'à un final d'une formidable intensité.
Toutes les qualités qui, à mon sens, feront mentir ceux qui pensent que le thriller a déjà tout dit. L'hypothèse du mal (titre original du roman) est une preuve subtile et éclatante que rien n'est tout à fait noir ou tout à fait blanc.
Précision importante, il n'est absolument pas indispensable d'avoir lu « le chuchoteur » au préalable.
Je ne vais pas vous le chuchoter, mais vous le crier bien fort : voici un roman qui tient largement le haut du pavé dans sa catégorie. Il serait très dommage de passer à côté d'une telle délectable expérience littéraire.

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