Musée Fabre : l'âge d'Or à Naples.

Ribera : Le supplice de Marsyas par Apollon.1637
Antonio Guarino : Sainte Agathe.

Giovani Battista Recco : nature morte de poissons de mer et d'huîtres orientales. 1650
Jusepe de Ribera : Saint André 1615

Francesco Francazano : intérieur de cuisine 1640






Sabine Gignoux nous emmène au musée Fabre de Montpellier qui consacre une superbe exposition à la peinture napolitaine du XVIIe siècle.

En 2012, ce musée avait déjà présenté une grande exposition sur Caravage et son influence sur la peinture européenne. Ce nouvel accrochage en est un peu le prolongement. L’âge d’or de la peinture à Naples commence en effet avec l’arrivée dans cette ville, en 1606, de Caravage qui est en fuite, après avoir tué un homme dans une rixe, à Rome. Il faut dire que Naples est espagnole à l’époque… La ville est rattachée à la couronne d’Aragon. Elle est en pleine croissance, presque aussi peuplée que Paris et Londres. Mais jusque-là, à cause de sa position un peu excentrée au sud de la péninsule, son école de peinture est restée provinciale, en retard sur l’art développé, par exemple, à Florence ou Venise. Caravage débarque brusquement avec ses figures du peuple peintes au naturel, ses jeux d’ombre et de lumière très contrastés. Et c’est une révolution dans les ateliers napolitains ! Il meurt malheureusement en 1610. Mais l’un de ses grands disciples s’installe à Naples quelques années plus tard : l’espagnol Jusepe de Ribera. L’exposition de Montpellier présente douze de ses tableaux : des figures de saints puissantes et âpres mais aussi le « Pied Bot » du musée du Louvre, tout sourire, qui est une véritable déclaration d’amour au petit peuple napolitain.



Qui sont les grands peintres de Naples au XVIIe siècle ?

Si je vous dis Caracciolo, Stanzione ou Cavallino, ces noms ne vous diront sans doute rien. Et pourtant, Michel Hilaire, le directeur du musée de Montpellier a vraiment un œil pour dénicher des joyaux peints par ces artistes et beaucoup d’autres. Il y a par exemple, très influencé par les nocturnes de Caravage, un baptême du Christ saisissant de Caracciolo, sur un fond de nuit noire ! Il y a aussi le mystérieux maître de l’Annonce aux Bergers qui peint des vieillards avec des tons terreux et une touche un peu rêche, proche des matières très tactiles d’un Ribera. Il y a encore des natures mortes formidables ! Pas mortes du tout d’ailleurs, mais tellement fraiches, vivantes qu’on les croirait sorties de ces fabuleux marchés napolitains, vous savez, avec leurs étals débordants de victuailles, d’odeurs, de bruits. Dans la pêche miraculeuse peinte par Giovanni Battista Recco, les poissons sont si luisants, les poulpes encore tout visqueux, qu’on a envie aussitôt de se mettre à la cuisine…



Ce courant naturaliste ne durera pas tout au long du XVIIe siècle.

Assez vite, il va s’adoucir. Il prend des couleurs chatoyantes inspirées par la peinture vénitienne ou même flamande. Le chef d’œuvre de cette période c’est La Femme au coq, un mystérieux portrait de paysanne déguisée par Stanzione dans un costume couvert de pierreries et de rubans, une icône extraordinaire prêtée par les musées de San Francisco.
Et puis au milieu du XVIIe siècle, Naples connaît brusquement une série de catastrophes. D’abord, une éruption de Vésuve en 1631 qui va faire 3000 morts. Puis, en 1647, une révolte populaire éclate, menée par un jeune marchand de poissons, Masaniello, qui est porté brièvement au pouvoir avant d’être assassiné sur l’ordre du vice-roi espagnol. Et en 1656, c’est une effroyable épidémie de peste qui décime les deux-tiers de la population. Or ce qui est très étonnant, c’est que ce drame va provoquer dans l’art un sursaut extraordinaire. La peinture napolitaine va plonger après ça dans un tourbillon baroque, débordant de mouvement et de vie, des compositions très théâtrales, saturées, d’objets ou de personnages. Peut-être sur un fond d’angoisse, une espèce d’horreur du vide… Là, on est loin, très loin désormais de l’austérité des premiers tableaux de Ribera. Mattia Preti, Luca Giordano, ou Francesco Solimena, se rapprochent beaucoup plus des grandes fêtes vénitiennes ou et de Rubens. Et l’exposition de Montpellier s’achève sur ce feu d’artifice de peintures : un vrai bouquet final !

Jusqu’au 11 octobre 2015

Le musée Fabre met en lumière un foyer artistique européen majeur au XVIIe siècle, Naples, alors une des cités les plus peuplées et actives d’Europe.

Depuis l’arrivée de Caravage en 1606 jusqu’au triomphe de Solimena peu avant 1700, la peinture napolitaine évolua entre un naturalisme expressionniste et tragique et un goût baroque et sensuel pour la couleur et le mouvement. Sujets religieux, mythologiques, batailles, natures mortes, paysages témoignent de la fertilité et de l’imagination des peintres napolitains dont les plus importants seront à découvrir durant l’été 2015 (Caracciolo, Ribera, Stanzione, Guarino, Cavallino, Giordano, Recco, Solimena, etc).

L’exposition reviendra sur les liens entre l’art et l’histoire mouvementée de Naples, de l’éruption du Vésuve en 1631 à la peste de 1656, en passant par la révolte de Masaniello en 1647.

À travers de nombreux prêts français et étrangers, le musée Fabre propose avec la collaboration de l’Institut National d’Histoire de l’Art et de l’Institut National du Patrimoine à Paris, un vaste panorama sur l’un des plus brillants moments de l’art italien.

Le musée Fabre remercie le Centre Culturel Italien pour son relais d'information de l'exposition auprès du public parisien.
Le parcours muséographique

L’exposition L’Âge d’or de la peinture à Naples, de Ribera à Giordano s’articule autour de six sections distinctes qui permettent d’appréhender avec clarté un siècle de création particulièrement dense et foisonnant, de l’héritage caravagesque chez les peintres de Naples jusqu’à l’épanouissement du génie baroque en prenant en compte l’histoire de la ville et la spécificité de sa dévotion populaire :
Le portrait d'une cité
Dans le sillage de Caravage
Entre naturalisme et classicisme
La tentation de la couleur
Mythes et réalité
L'envolée baroque

© Bernardo Cavallino, Judith, vers 1650, huile sur toile, 101 x 94 cm, Stockholm, Nationalmuseum, Photo © Nationalmuseum, Stockholm



© Jusepe de Ribera, Le Pied Bot, 1642, huile sur toile, 164 x 93,5 cm, Paris, musée du Louvre, Photo © RMN-Grand Palais / Stéphane Maréchalle

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Caravagge : Saint Jean Baptiste.1610






Andrea di Lione : 2léphants dans un cirque. 1640





Domenico Gargiulio : La place du marché à Naples.1654

Paolo Porpora : Nature morte aux fleurs et aux fruits. 1660




Luca Giordano : Pérsée transformant les disciples de Phinée en pierres.



La décollation de saint Janvier et de ses compagnons à Pouzolles
Luca Giordano : le retour dre Perséphone 1660

Giovani Battista Caracciolo. Le Baptême du Christ.1610

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