Alysia Abbott : Fairyland.

Je m'étais dit que je finirais 2022 et commencerais 2023 avec ce livre. C'est réussi : "Alisya Abott" : "Fairyland" : 8/10. A la mort de son père Steve en 1992, Alysia Abbott trie les affaires de celui-ci, et trouve ses journaux intimes, illustrés de dessins. En les parcourant, elle se remémore son enfance et son adolescence particulières à San Francisco auprès d’un père homosexuel qui l’a élevée seule, une histoire qu’elle raconte dans son récit autobiographique « Fairyland », dans lequel elle intègre des textes de son père Fairyland est donc un livre de mémoires d'Alysia Abbott qu'elle-même décrit comme un récit doux-amer de son enfance et de son adolescence. Abbott qui est une journaliste bien connue aux États-Unis, explique qu'elle a eu besoin d'une longue période de temps pour "s'éloigner suffisamment" de ce passé pour devenir "la fille à qui c'est arrivé". Alysia a eu une enfance particulière et excentrique, mais toujours pleine d'amour et de littérature, avec son père et ses amis excentriques, qui appelaient la ville californienne Fairyland, ou "Le Pays des Fées". ". . 1974. Après la mort de sa femme, Steve Abbott,poète et militant homosexuel, déménage à San Francisco. Avec sa fille de deux ans, Alysia, il s’installe dans le quartier de Haight-Ashbury, le centre névralgique de la culture hippie, une ville qui grouillait à l'époque d'homosexuels en quête de libérationl, c'estl Là où "Joan Baez" avait pris le micro dix ans plus tôt pour appeler à lutter contre la censure et en faveur de la liberté d'expression, Là où les représentants officiels de la Beat Generation - "William Burroughs", "Jack Kerouac", "Allen Ginsberg"...- annoncèrent l'avènement de la révolution psychédélique. Steve Abbott découvre une ville en pleine effervescence dans laquelle la communauté gay se bat pour ses droits. Il rejoint la scène littéraire de l'époque et fréquente cette génération de jeunes gens bien décidés à tout vivre, tout expérimenter : Steve Abbott fut un poète très dynamique qui contribua à de nombreux magazines, publia divers recueils de poèmes et fut en contact avec de grands noms des lettres de l'époque comme Allen Ginsberg et des personnalités comme Harvey Milk. Commence pour le duo père-fille une vie de bohème, ponctuée de déménagements, de fêtes et de lectures de poésie a` l'arrière des librairies. Alysia et son père mènent une vie nomade, se déplaçant d'appartement en appartement, entourés d'une floppée de colocataires (souvents amants du père) en constante évolution. Si, enfant, la vie d'Alysia ressemblait à un conte de fées, lorsqu'elle atteint l'adolescence, quelque chose commence à ne plus lui convenir : Le monde, apprend-elle bientôt, est hostile à la différence. Et Alysia nous explique comment elle a eu du mal à s'accepter en tant que fille de gay. Et personne n'aurait pu imaginer l'arrivée du virus du sida, alors inconnu et considéré par les secteurs les plus réactionnaires comme un « fléau homosexuel ».Steve Abbott finit par contracter le virus et, conscient de sa mort prochaine, il commença à préparer sa fille à cette perte qui signifierait entrer dans l'âge adulte sans parents. Alysia estime que :" ces "années sida" ont été "oubliées" pendant deux ou trois décennies, en partie à cause d'une attitude de rejet d'une maladie qui "semble n'avoir touché que les 'autres personnes' ou les personnes "transgressives". Mais le sida, martèle-t-elle a touché beaucoup de monde – ça aurait pu être un frère, un cousin, un petit-fils… – et beaucoup de ceux qui l'ont vécu ont dû ensuite porter son poids en cachette à cause de la stigmatisation". L'autrice est une lectrice régulière de mémoires et, de fait, tout en écrivant les siennes, elle a également abordé de nombreux ouvrages autobiographiques. "Parfois, j'ai envie de lire des livres qui me montrent comment gérer certains problèmes auxquels je dois faire face, comme écrire sur la vie de vos parents alors que vous n'étiez pas encore né", a-t-elle déclaré. "Just kids", de Patti Smith, est l'un des livres qui l'a le plus inspiré. Sofia Coppola avait acheté les droits cinématographiques de Fairyland … Le récit, parsemé de photos d’Alysia et Steve, est vraiment beau et touchant, il est plein d’amour, de culpabilité aussi. Fairyland est le témoignage sincère, pudique et émouvant d’une relation père-fille hors-norme, sans manichéisme aucun. Un récit plein de sentiments mêlés et la chronique d’une époque révolue. Une œuvre forte tragique et singulière sur la tolérance, la différence et la difficulté à s'accepter et le deuil.

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