James Ellroy : La tempête qui vient

Janvier 1942. Los Angeles est encore sous le choc de l'attaque de Pearl Harbor. Les Américains d'origine japonaise sont massivement arrêtés tandis que des pluies torrentielles s'abattent sur la ville. Un corps est découvert dans Griffith Park à la faveur d'un glissement de terrain. C'est le début du chaos : entre un braquage de grande ampleur qui refait surface, des nazis surexcités, des espions, des trafics de drogue, des flics corrompus, des chassés-croisés amoureux et les "usual suspects" Dudley Smith et le sergent Jackson du LAPD, la troublante Kay Lake, le génie de la police scientifique Hideo Ashida, ainsi que la flamboyante Joan Conville, le maestro Ellroy orchestre une brillante et inoubliable symphonie. James Ellroy dépeint un monde complotiste et dérangé dans cette suite de "Perfidia", une préquelle du premier "Quartet de les Angeles". L'histoire démarre avec la nuit convulsive du Nouvel An 1941, avec une opération de surveillance désastreuse, Count Basie jouant à la soirée de la police, avec le fort écho de Pearl Harbor répandant/rappelant la haine envers les Japonais, l'affaire Watanabe retentissante et une intrigue complexe et ambitieuse qui s'ouvre largement pour absorber le lecteur. Pour l'avaler. Respirer et sentir le mal. Une histoire dense, sombre et amorale (Ellroy s'assombrit encore plus avec l'âge). Avec un département de police corrompu et sournois, "tordu dans une ville tordue et foutue". Des flics passant d'un roman d'Ellroy à un autre dans un continuum publicitaire fantomatique, du tongo, un braquage de lingots d'or, un ancien incendie et un cadavre déterré par la tempête, deux flics véreux assassinés, des fumeurs d'opium, des accords de haine contre haine, des trahisons, la cinquième colonne, des fascistes, des communistes, du racisme rampant, des maisons closes, du porno, des orgies nazies avec Orson Welles et d'autres impliqués, stars de cinéma ou ceux qui aspirent à l'être mais sont entraînés par des trous noirs, du jazz, du trafic d'immigrés de drogue et, surtout, une corruption brutale dans un réseau complexe de personnalités et de perversions avec lesquelles l'auteur montre tout le catalogue des faiblesses humaines. Los Angeles, Ensenada, Tijuana, Baja… un chaos qui fonctionne comme quelque chose de plus grand. La narration hypnotique, obsessionnelle, torrentielle est une histoire chorale, physique, sale, dans laquelle prédomine le style très personnel, rythmé et syncopé de Ellroy. Pour beaucoup se sera illisible . Quant à moi, même si j'en est savouré chaque page je suis loin d'avoir tout saisi et tout assimilé , je ne serai capable que d'expliquer certains moments mais l'histoire est irracontable. Par ailleurs.je me suis perdu souvent parmi les centaines de personnages. C'est le portrait d'un monde complotiste, dérangé, dans lequel les gens profitent de la guerre de la pire des manières. À travers un regard parfois enjoué, toujours cinglant, James Ellroy développe une narration qui semble êtres sans répit troublé par une pluie aveuglante. Car la pluie, sa mère assassinée, la police et le passé de son pays sont importants dans la vie d'Ellroy et dans l'ambitieux puzzle qu'il est en train de constituer, dont l'image n'est jamais tout à fait claire, mais plutôt brumeuse. Telles sont les histoires extraordinaires d'Ellroy, dans lesquelles il mêle le noir et l'historique dans un portrait décalé des États-Unis. Parce qu'Ellroy n'est pas seulement un auteur de romans policiers, il est l'auteur de romans politiques, sociaux et épiques. Une histoire chorale, physique, sale, dans laquelle prédomine un style parfois déroutant dont l'auteur se sert pour enquêter sur ses ombres et mettre sur le divan à travers ses policiers corrompus et ses image de Los Angeles, les États-Unis.

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