Arthur J. Bressan Jr : Buddies.. 1985.

une pépite peu connue d’Arthur Bressan. Aussi rare qu’essentiel. Plus qu’un cri d’alarme, cette histoire sensible entre un jeune gay malade du sida et un volontaire devenu son « copain » et visiteur à l’hôpital, est précieuse, dans la mesure où elle aborde le sida frontalement. En direct. Un homme gay de New York engagé dans une relation monogame, devient « buddy », volontaire pour accompagner un autre homme gay en train de mourir des suites du sida. Critique trouvé dans le site : "Voyage Ideoz" ! : Le film est centré presque exclusivement sur l’interaction entre les deux hommes dans cette chambre d’hôpital et sur le voyage qui s’opère dans le monde de Robert. Rien ne distrait inutilement l’attention. Seules les scènes en extérieur et celles introduites dans la chambre par une projection sur un magnétoscope ou grâce aux photos qui racontent le bonheur passé, nous emportent dans un ailleurs, entre fantasme et réalité et rompent la sensation claustrophobique qu’on pourrait éprouver. Chaque scène est tellement simple, directe, sincère, et surtout sans pathos. Aucun bavardage dans la narration : chaque mot est à sa juste place. En réalité, Arthur Bressan « Artie » livre un artefact historique qui a capturé un moment très précis dans le temps et il le fait avec une remarquable justesse. La liste interminable des nouvelles victimes du sida sur laquelle s’ouvre et se referme le film résume un projet finalement élémentaire et pourtant audacieux : donner une voix, un visage à ces noms anonymes dont personne ne se soucie. Buddies a été récemment restauré, est ressorti dans certains cinémas aux Etats-Unis et en Europe et en DVD, ce qui explique qu’il soit désormais plus accessible et qu’il ait été réinvesti par la communauté LGTBQ. Bien plus que le modeste budget de 20 000 dollars, le tour de force du film a posteriori, tient à son aspect quasi expérimental en pleine crise dévastatrice. Savoir qu’il a été tourné en un ou deux prises maximum, en 9 jours, dans le loft de l’ami du réalisateur, où a été reconstituée la chambre d’hôpital, est admirable. Sa prédiction aussi. Le film ressemble étrangement à une répétition artistique de la vraie vie. Arthur J. Bressan Jr. fait figure de pionnier du cinéma gay indépendant dans les années 70-80. « Artie », comme l’appellent tous ses amis, avait tourné quelques films gays pour adultes et trois oeuvres plus sensibles Gay USA, Abuse sur les abus sexuels sur les enfants et leurs effets psychologiques dévastateurs et Forbidden Letters. De Franck Capra dont il est un grand admirateur, il retient cet enseignement : « Il faut savoir faire un film avant de le commencer ». Buddies s’inscrit donc dans cet historique comme le premier film sur le sida, diffusé pour sa première au Théâtre Castro en septembre 1985 lors du Festival international du film LGBTQ de San Francisco, même si officiellement, certains sites de cinéma préfèrent retenir An Early Frost, plus médiatique et destiné au grand public, mais sorti en fait juste après. Il l’écrit en 5 jours et le tourne en 9 au mois de mai. A sa façon, il pense aussi le scénario comme une pièce de théâtre.
Arthur Bressan est décédé de complications liées au sida 2 ans après le tournage, comme l’acteur incarnant Robert Willow, Geoff Edholm mort en 1989, le preneur de son et l’un des extras de la salle de sport où se déroulent deux scènes. Artie l’ignorait à ce moment-là, mais il avait bien capté ce moment charnière dans une vie de cinéaste gay engagé et saisi l’urgence de montrer le sida pour le regarder les yeux dans les yeux. Il a aussi influencé David Schachter, l’interprète de David Bennett, qui après avoir joué au théâtre dans la foulée du tournage, est devenu en 1988 volontaire pour la GMHC, une association new yorkaise dédiée à l’assistance les sidéens et séropositifs et l’une des seules à avoir agi dès les débuts de la crise. Même s’il a 35 ans, Buddies révèle vraiment de manière intemporelle tout ce qu’a pu être cette maladie, mais bien au-delà… Si on soupçonne le déni de la société de l’époque, a fortiori envers les gays, il n’est pas l’objet principal. Pas plus que la critique acerbe sur le silence des pouvoirs publics. Elle est sous-jacente, certes, mais pas constitutive du film comme dans The Normal Heart. Plutôt que de raconter le vécu des patients qui étaient prêts à tout pour vivre, tout en se sachant condamnés, le film est comme une pièce de puzzle dans la plus vaste histoire de la communauté gay au milieu des années 80 … Je l'ai vu il y a une trentaine d'années. Je ne suis pas capable après ce que la vie m'a réservé ces dernières années, de le revoir. Dans ma mémoire ce film est effectivement beau et touchant. #henrimesquida #cinemaetlitteraturegay

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