Alfred Jarry ubbu










Cette pièce, si cela devait être son seul intérêt, est drôle. Rien que pour cela, vous n'avez pas grand chose à perdre à la lire sachant qu'elle est fort courte. Les néologismes du père Ubu sont demeurés célèbres. L'histoire burlesque, les personnages (surtout le couple star) grotesques, les situations bouffonnes, le style décalé et tellement particulier valent assurément le détour. Jarry utilise le gros gras qui tache pour ridiculiser nos dirigeants et leurs ambitions. Le père et la mère Ubu cumulent à eux deux une somme de tares et de vices impressionnante, sont avides, incapables, poltrons, mais, et cela semble être la morale de la pièce, arrivent malgré tout au pouvoir et quand ils en sont chassés, arrivent à s'en tirer à moindre frais tandis que des hordes de pauvres bougres ont payé le prix fort à leur place. Ce pamphlet, un brin simpliste, est cependant efficace et transpire la gaieté jusqu'à ses lecteurs/spectateurs.

Le personnage d'Ubu est inspiré de monsieur Hébert, professeur de physique au lycée de Rennes où Alfred Jarry a étudié. Il représentait pour ses élèves l'incarnation même du grotesque. Les aventures du « père Hébert », comme il était surnommé, faisaient l'objet de farces écrites par les lycéens, qui multipliaient les déclinaisons portant à l'andouille. Tous les doubles sens sémantiques devenaient possibles.

Ubu roi est une pièce de théâtre d'Alfred Jarry appartenant au cycle d'Ubu, publiée le 25 avril 1896 dans Le livre d'Art (revue de Paul Fort) et représentée pour la première fois le 10 décembre 1896. Il s'agit de la première pièce du cycle d’Ubu. Son nom pourrait être inspiré de celui de la tragédie de Sophocle, Œdipe Roi [réf. nécessaire].
Cette pièce est considérée comme précurseur du mouvement surréaliste et du théâtre de l'absurde. Jarry y mêle provocation, absurde, satire, parodie et humour gras
Résumé global[modifier]

Le père Ubu assassine le roi Venceslas de Pologne, et il prend le pouvoir ; il fait tuer les nobles « J'ai l'honneur de vous annoncer que pour enrichir le royaume je vais faire périr tous les Nobles et prendre leurs biens » (Citation de Ubu roi, pièce d'Alfred Jarry), puis ceux qui l’ont aidé à faire son coup d’État. Cependant, Ubu, Roi, doit faire attention au fils du roi déchu Venceslas, le prince Bougrelas. Père Ubu est tout au long de l’œuvre mené en bateau par sa femme, qui va lui voler son argent, l’obligeant à la fin de la pièce à fuir le pays avec ses généraux.
Résumé par acte[modifier]

Acte I

Bien que le Père Ubu soit content de ses titres, « capitaine de dragon, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l'ordre de l'Aigle Rouge de Pologne, et ancien roi d'Aragon », la Mère Ubu essaye de le convaincre de conspirer pour renverser le roi Venceslas, ce qui lui permettrait, entre autres avantages, de « manger fort souvent de l'andouille » et de se « procurer un parapluie ». Invitant à sa table le capitaine Bordure (« Eh bien, capitaine, avez-vous bien dîné ? — Fort bien, monsieur, sauf la merdre. — Eh ! La merdre n'était pas mauvaise. »), il le rallie à sa cause en lui promettant de le faire duc de Lituanie. Appelé par le roi, il croit être découvert (« Oh ! J'ai une idée : je dirai que c'est la Mère Ubu et Bordure... »), mais en fait Venceslas le nomme comte de Sandomir (Sandomierz) en récompense de ses nombreux services, ce qui d'ailleurs ne change rien à ses projets. Le plan d'action est arrêté et chacun jure « de bien tuer le roi ».

Acte II

Venceslas fait fi des avertissements de sa famille et accompagne le Père Ubu à une revue où Bordure et ses partisans l'assassinent. Si deux fils du roi, Boleslas et Ladislas, sont tués par les putschistes, le dernier, Bougrelas, s'enfuit avec la reine qui meurt peu après dans les montagnes. Encouragé par le spectre de ses ancêtres (allusion à Hamlet), Bougrelas jure de se venger.
De son côté, le Père Ubu, après s'être fait prier, accorde ses largesses au peuple à contre-cœur (« Ça ne m'amusait guère de vous donner de l'argent, mais vous savez, c'est la Mère Ubu qui a voulu. Au moins, promettez-moi de bien payer les impôts. ») et s'en fait acclamer.

Acte III

Négligeant les conseils de prudence de la Mère Ubu, le Père Ubu décide de ne pas nommer le capitaine Bordure duc de Lituanie. Après quoi, il se lance dans une vaste politique de réformes qui consiste à massacrer (« Ceux qui seront condamnés à mort, je les passerai dans la trappe, ils tomberont dans les sous-sols du Pince-Porc et de la Chambre-à-Sous, où on les décervèlera ») tous les nobles (dont les biens sont confisqués), tous les magistrats (qui ne seront plus payés mais vivront des amendes et des biens des condamnés à mort) puis tous les financiers qui refusent la fiscalité nouvelle (« D'abord je veux garder pour moi la moitié des impôts », lesquels sont bouleversés : « Messieurs, nous établirons un impôt de 10 % sur la propriété, un autre sur le commerce et l'industrie et un troisième sur les mariages et un quatrième sur les décès, de 15 Francs chacun »). Le Père Ubu rassure la Mère Ubu effrayée par cette hécatombe qui désorganise l'État : « Ne crains rien, ma douce enfant, j'irai moi-même de village en village recueillir les impôts. » Il a d'ailleurs un programme politique très précis : « Avec ce système, j'aurai vite fait fortune, alors je tuerai tout le monde et je m'en irai. »
Effectivement, escorté des « Grippe-Sous » et de « salopins de finance » traînant le « voiturin à phynances », le Père Ubu va en personne rançonner les paysans (dont le chef s'appelle Stanislas Leczinski) et massacrer ceux qui résistent. La révolte éclate aussitôt. Puis il fait jeter en prison le capitaine Bordure qui s'évade et court à Moscou proposer au tsar Alexis d'envahir la Pologne et de rétablir Bougrelas. Quand la nouvelle arrive à Varsovie, la Mère Ubu et tous les conseillers obligent le Père Ubu à partir en guerre, monté sur son « cheval à phynances ». La Mère Ubu reçoit la régence.

Acte IV

La Mère Ubu essaye de s'emparer du trésor des rois de Pologne mais est chassée par une révolte menée par Bougrelas. Pendant ce temps, le Père Ubu s'est enfoncé en Ukraine avec l'armée polonaise. Il apprend la révolte de Varsovie et les Russes arrivent. Le Père Ubu livre une bataille aussi burlesque qu'épique où il est battu à plates coutures. Réfugié dans une caverne de Lituanie avec deux de ses derniers palotins, il doit la disputer à un ours. Son comportement indigne conduit ses compagnons à l'abandonner pendant son sommeil.

Acte V

La Mère Ubu arrive dans la caverne pendant le sommeil (agité) du Père Ubu et essaye de se faire passer pour une apparition pour qu'il lui pardonne ses voleries, mais en vain. Le jour se lève, révélant la supercherie et provoquant une scène de ménage qui n'est interrompue que par l'arrivée de Bougrelas. Père et Mère Ubu, faisant front commun, se défendent avec acharnement et sont sauvés par le retour inattendu des deux palotins d'Ubu avec des renforts. Traversant la Livonie, Père et Mère Ubu embarquent pour la France où le Père Ubu envisage de se faire nommer « Maître des phynances à Paris ».
Le père Ubu emploie plusieurs expressions inventées par Jarry qui deviendront sa marque de fabrique, comme le « De par ma chandelle verte » ou la fameuse épenthèse « Merdre » (inventé par lui et par les lycéens de Rennes4).
Merdre. Ubu, monument de la dramaturgie française, s'ouvre sur ce juron étonnant qui trouve ses origines dans l'esprit moqueur d'un lycéen rennais. Jarry n'a en effet que quinze ans lorsqu'il compose, dans la veine des gestes médiévales, cette pièce aux accents de grosse farce. Ubu, héros de troisième ordre qui synthétise à lui seul tous les travers humains possibles, devient roi de Pologne par un régicide grotesque. Son règne, sa déchéance et les savoureux dialogues qu'il échange avec la mère Ubu, manière de Lady Macbeth, la dimension tragique en moins, constituent les cinq actes de cette pièce conçue à l'origine comme un spectacle de marionnettes. Ubu roi, satire universelle de la stupidité et de la vulgarité, est peuplé de personnages types. Malgré son trait exagérément appuyé qui donne au tout l'aspect d'une blague de potache, cette pièce constitue une véritable aventure créatrice pour son jeune auteur, désormais identifié à son personnage légendaire. Première d'une série de pièces et de textes mettant en scène le Père Ubu, cette facétie, réappropriation de grands textes et invention d'un langage propre, suscita un tollé lors de sa première représentation en 1896.


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