Jussi Adler Olssen : Profanation



Le duo improbable de l'inspecteur désabusé et de l'immigré au flair instinctif fonctionne toujours. Et la toile de fond sociétale de cette nouvelle intrigue danoise -moeurs de la haute, corruption, loi de la jungle de la rue- se révèle aussi exotique qu'universelle.



Le département V de Carl Morck est à l'honneur. le fait d'avoir résolu la disparition de Merett Lyyngaard, députée, lui a attiré les félicitations de la police et il va recevoir la visite d'une équipe du Norvège pour visiter son bureau et voir comment il travaille.
En guise de récompense pour avoir résolu ce « cold case », on lui octroie… une nouvelle recrue Rose qui l'exaspère au plus haut point.
Un nouveau dossier atterrit mystérieusement sur son bureau alors qu'il revient de trois semaines de vacances bien méritées. Il s'agit de deux jeunes gens, le frère et la sœur, assassinés sauvagement en 1987, après avoir été torturés de façon atroce. Il y a eu d'autres cas de personnes torturées, certaines ayant eu ma vie sauve mais trop traumatisées pour porter plainte.
La police a eu des soupçons à propos d'un groupe de quatre garçons : « Ditlev Pram, fondateur de plusieurs cliniques privées, Torsten Florin, designer mondialement connu, ou encore le célèbre analyste financier Ulrik Gybbol-Jensen. Ils étaient tous à la cîme de l'échelle sociale danoise, comme l'était feu l'armateur Kristian Wolf. Les deux derniers de la bande sortaient du lot. Kirsten-Marie Lassen avait elle aussi fait partie de la jet-set mais plus personne aujourd'hui ne savait où elle se trouvait. Bjarne Thogersen, qui avait avoué être l'auteur du crime et purgeait une peine de prison, venait d'un milieu plus modeste ». P 26
Etant très riches avec des appuis solides, rien n'a pu être retenu contre eux. le dossier a donc été classé.
Quelques années plus tard, Bjarne, le plus pauvre de la bande se dénonce car, la police s'intéressait à nouveau au groupe, l'un d'entre eux Kristian ayant été retrouvé mort pendant une chasse.
Comme dans le premier livre, Carl a très peu de moyens à sa disposition et les supérieurs lui mettent les bâtons dans les roues.


On en apprend plus sur l'inspecteur Morck et sur son fidèle assistant Afez El Assad, qui travaille en harmonie, se complétant à merveille. L'arrivée de Rose ajoute du piment. Au début, Carl a du mal à la supporter avec sa voix aigüe, sa chevelure rousse, sa manière de vouloir occuper l'espace (déjà plutôt restreint dans le sous-sol).
Le personnage de Carl Mork est de plus en plus attachant. Ce colosse, pas encore remis du drame où un de ses collègues est mort et l'autre, Hardy, son ami, allongé sur son lit d'hôpital qui ne pense qu'à la mort. Il voudrait tant faire quelque chose pour soulager sa souffrance, à part ce que son mai lui demande bien sûr. Jusqu'où peut aller l'amitié ?
De même, voir Carl, amoureux de sa psy, et qui s'y prend de façon maladroite sans cesse avec elle, est à la fois drôle et émouvant. Son caractère buté nous amuse : quand on lui confie une enquête, il rechigne et Assad et les autres doivent faire preuve d'énormément d'ingéniosité pour trouver les éléments qui vont lui donner envie de s'y intéresser. Par contre, il suffit de lui dire de laisser tomber pour que, tout d'un coup, il s'y intéresse et ne veut plus lâcher….
Dans ce 2e tome, on en apprend davantage sur Assad, dont la vie est beaucoup moins simple qu'il n'y parait dans le 1e tome.
Un personnage est très attachant, c'est la femme du fameux groupe : Kimmie. C'était une femme qui vivait dans des conditions aisées autrefois, avant qu'elle ne quitte le groupe. Elle est devenue clocharde et arpente la gare et les coins mal famés. Elle veut se cacher des trois autres. Cette jeune femme, encore belle, a été brisée. Elle a vécu une enfance terrible avec un père violent et une belle-mère qui la déteste. Elle n'a connu que la violence toute sa vie. On comprend l'emprise de la bande sur elle, mais aussi l'auteure nous fait très vite comprendre qu'elle est comme eux, ou du moins qu'elle a été comme eux et qu'elle essaie de survivre pour se venger de ce qu'ils lui ont fait. Malgré cela, on a envie qu'elle s'en sorte alors qu'il est impossible d'éprouver de l'empathie pour les autres.
Quand elle marche, sa valise à la main, dans la gare, elle passe devant une photo à la une d'un journal qui vante les mérites de Ditlev Pram qui vient de racheter des hôpitaux privés en Pologne et elle crache par terre en grommelant « sales porcs ». Elle entend des voix qui lui parlent et lui disent de se venger. On sent qu'elle a un terrible secret mais il faut attendre pour le découvrir et on ne regrette pas d'avoir attendu !!! Terrible secret qui ajouté à des années de violence et de prise de stupéfiants et d'alcool ont révélé une pathologie mentale.
Ditlev entre en scène, tout de suite après, et on apprend qu'il est à sa recherche pour se débarrasser d'elle. « Son unique souci dans la vie s'appelait Kimmie. il y avait dix ans maintenant qu'il vivait avec l'image obsédante de la clocharde qu'elle était devenue, et il en avait assez. » P 35. Lui et ses copains étant inquiets après la mort de Kristian. C'est un être malsain, horrible, violent, sadique qui ne pense qu'à faire du mal aux autres. Il terrorise tout le monde dans la clinique. Il frappe les femmes et les viole.

Même si l'on connait les coupables dès le début, l'enquête tient en haleine jusqu'à l'épilogue où l'on craint pour la vie de l'opiniâtre tandem. S'il fallait trouver un défaut à cette seconde aventure du département V, cela viendrait plutôt des questions qui n'ont toujours pas de réponses. On sait par exemple que Mørck soupçonne son assistant de mentir à propos de ses origines syriennes mais le sujet n'est plus abordé. On soupçonne aussi que l'affaire qui a coûté la vie à un de ses coéquipié et paralysé l'autre pourrait être une embuscade plutôt qu'un malencontreux hasard et qu'un des policiers serait impliqué mais il faudra encore être patient pour en savoir plus. Peut-être dans Délivrance, le troisième tome dans lequel je vais me plonger de ce pas. Affaire à suivre....

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lonsam Studio photo gay japon

Bret Easton Ellis : Les éclats 2023.

Jean Desbordes