Une suite qui n'en est pas vraiment une, mais qui ne manque pas de force et d'émotion . Le talent de super conteur de King est intact.

Docteur Sleep
Auteur Stephen King
Genre Roman
Horreur
Version originale
Titre original Doctor Sleep
Éditeur original Scribner
Langue originale Anglais américain
Pays d'origine États-Unis
Lieu de parution original New York
Date de parution originale 24 septembre 2013
ISBN original 978-1-4767-2765-3
Version française
Traducteur Nadine Gassié
Lieu de parution Paris
Éditeur Albin Michel
Date de parution 30 octobre 2013
Type de média Livre papier
Nombre de pages 600
ISBN 978-2226252005
Série Shining
Chronologie


Après avoir échappé à l'hôtel Overlook, Danny Torrance a appris de Dick Hallorann comment enfermer les fantômes qui persistent à le hanter dans une prison mentale. Devenu adulte, Danny, qui a hérité de l'alcoolisme de son père et lutte avec plus ou moins de succès contre ce penchant, passe de petit boulot en petit boulot et n'arrive pas à se fixer. Il finit par arriver dans une petite ville du New Hampshire et se lie d'amitié avec Billy Freeman, un vieux mécanicien. Danny trouve un emploi d'infirmier à l'hospice local et réussit à rester sobre avec l'aide de Billy et celle des Alcooliques anonymes. Sa sobriété permet à ses capacités psychiques4 longtemps réprimées de refaire surface et il s'en sert pour apporter du réconfort à ses patients mourants, acquérant ainsi le surnom de Docteur Sleep.

Alors que les années passent, deux autres histoires sont développées. On suit d'une part les pérégrinations de la tribu du Nœud Vrai, un groupe de voyageurs presque immortels qui traversent le pays en camping-cars et se nourrissent d'enfants possédant le Don (appelé le Shining dans le roman homonyme) en les torturant à mort ; et d'autre part les premières années de vie d'Abra Stone, une petite fille qui manifeste dès son plus jeune âge un Don d'une puissance inégalée et établit par inadvertance un lien télépathique avec Danny. À l'âge de dix ans, Abra assiste psychiquement à la torture et au meurtre d'un jeune garçon par la tribu du Nœud Vrai. Deux ans plus tard, elle découvre l'identité de ce garçon, Bradley Trevor, et ses recherches psychiques la mène à Rose Claque, dirigeante de la tribu du Nœud Vrai, qui prend conscience de la menace.

Abra demande de l'aide à Danny et tous deux se rencontrent enfin, nouant rapidement des liens très forts. De son côté, Rose Claque localise Abra et organise une expédition menée par Papa Skunk, son bras droit et amant, pour l'enlever. Le Nœud Vrai a en effet de plus en plus de mal à se procurer la « vapeur » qui les nourrit et ses membres commencent à mourir de la rougeole qu'ils ont contractée en se nourrissant du jeune Bradley. Danny, conscient du danger qui menace Abra, persuade Billy, John Dalton, le médecin de famille d'Abra, et David Stone, le père d'Abra, de l'aider. Les quatre hommes montent un piège dans lequel tombent les membres de l'expédition du Nœud Vrai, sauf Papa Skunk qui, parti seul, enlève Abra. Danny la retrouve mentalement, échange son esprit avec celui de la jeune fille et tue Skunk. Désireux d'en finir, Danny rend ensuite visite à Concetta, l'arrière-grand-mère mourante d'Abra, et recueille la vapeur de son cancer dans son dernier souffle. Il apprend à cette occasion que Lucy, la mère d'Abra, est la fille illégitime de Jack Torrance, son propre père.

Danny, très affaibli, et Billy partent pour le Colorado, où la tribu du Nœud Vrai a établi un campement sur l'ancien emplacement de l'hôtel Overlook. Danny libère la vapeur cancéreuse qu'il conservait en lui sur les membres de la tribu qui étaient presque tous rassemblés et qui en meurent instantanément. Danny et Abra, venue l'aider par laprojection astrale, luttent psychiquement contre Rose Claque et finissent par la vaincre après un long combat mental, Rose faisant une chute mortelle. Lors de l'épilogue, Danny fête ses quinze ans de sobriété et assiste au quinzième anniversaire d'Abra. Celle-ci présente des tendances au comportement violent hérité de Jack Torrance et Danny lui donne de précieux conseils pour qu'elle puisse y résister. De retour à l'hospice, Danny réconforte dans ses derniers instants un collègue mourant avec qui il avait de mauvaises relations.
Personnages[modifier | modifier le code]

Daniel Anthony Torrance : Fils unique de Jack et Wendy Torrance, Danny pensait avoir définitivement tiré un trait sur le terrible hiver au cours duquel son père a bien failli l'assassiner. Mais, bien que débarrassé des fantômes qui l'avaient suivi une fois l'Overlook détruit, Danny doit affronter un danger plus périlleux encore, lui-même. Marchant sur les traces de son père, il s'abandonne rapidement à la boisson dans l'espoir qu'elle étouffe son Don, et mène une existence violente et débauchée. Pris en main par deux hommes alors qu'il vient d'échouer dans la petite ville de Frazier, Danny finit par remonter doucement la pente en suivant le credo des Alcooliques Anonymes. Travaillant à l'hospice de Revington comme aide-soignant, il devient Docteur Sleep et met son Don particulier au service des mourants. Sa rencontre impromptue avec Abra Stone via le Shining crée un lien très fort entre les deux personnages. Ce lien se renforce d'autant plus que la jeune fille a attiré l'attention du Nœud Vrai, un groupe de voyageurs non-humains se nourrissant de l'essence spirituelle d’enfants doués du Shining. Devant l'impuissance des parents d'Abra, Danny n’a d’autres solutions que d’aider la jeune fille. Entouré de ses amis qui l’ont aidé à sortir de l’alcoolisme, lui et Abra parviennent à détruire progressivement le Nœud Vrai, la confrontation finale ayant lieu à l'endroit même où sa propre famille a failli être détruite 30 ans auparavant. La fin du roman le montre enfin apaisé et prêt à laisser les rênes à Abra Stone, comme Dick Hallorann l’a fait avec lui de nombreuses années auparavant. Le personnage de Danny est donc fidèle à la conception de l'anti-héros chère à Stephen King : « Tout homme a ses propres démons, et aussi puissant que soient ses pouvoirs, seul il est faible car dénué de toute volonté. C'est de la famille que vient ensuite le salut, là où l'individu seul a perdu ses repères ». Déjà dans Shining, Stephen King avait abordé la famille comme symbole suprême de l'échec de John « Jack » Torrance. Dans Docteur Sleep, la famille est à nouveau au centre de l'intrigue puisque le « héros », Danny Torrance, commence par reproduire le même schéma qui a conduit son père au désespoir. Il se coupe de sa famille naturelle, s'abandonne à une vie violente et alcoolique avant d'être sorti du ruisseau par une nouvelle famille d'adoption (les Alcooliques Anonymes). Par la suite, il retrouve enfin une vraie famille en apprenant sa parenté avec Lucy Stone, la mère d'Abra.

Abra Stone : Âgée de 13 ans au moment de l'intrigue, Abra Stone est une jeune fille d'apparence timide mais à la personnalité bien trempée. Douée du Shining à un degré qui dépasse celui de Danny, Abra a grandi avec ce Don causant à de nombreuses reprises la frayeur de ses parents. Comme Danny, ses capacités s'altèrent légèrement avec les années, mais elle arrive encore à ressentir les pensées et les souffrances des disparus même plusieurs années après leur mort. Témoin involontaire d'un meurtre du Nœud Vrai, Abra focalise l'attention du chef de cette tribu, Rose « Claque » O’Hara, qui n'aura dès lors de cesse de la retrouver pour exploiter son Don. Abra noue également un lien très fort avec Danny Torrance, seul être réellement capable de comprendre ce qu'elle ressent. Lorsque le Nœud Vrai entreprend de la traquer, Abra se révèle une jeune fille pleine de ressources, n’hésitant pas à attaquer directement Rose Claque lorsque celle-ci s’insinue dans sa tête. Elle parvient également, grâce à Danny, à tuer l’un des chefs du Nœud Vrai, Henry « Skunk » Rothman, après que celui-ci l’a enlevé. Après la disparition du Nœud Vrai, Abra semble plus prête que jamais à affronter sa future vie d’adulte. Comme Danny avec Dick Hallorann plusieurs années avant elle, elle peut non seulement compter sur sa famille pour la soutenir, mais aussi sur un père spirituel avec qui partager son secret. À la différence de Danny, seul face à la folie de son père et aux fantômes de l’Hôtel Overlook, Abra Stone est plus « mûre » lorsqu’elle affronte le péril mortel. Sa maîtrise du Don lui permet à plusieurs occasions de tendre des pièges psychiques à ses ennemis, jouant sur leurs frustrations ou leurs peurs comme l’Overlook avait pu le faire avec John « Jack » Torrance. Abra peut également compter sur une famille à l’abri du besoin, malgré la faiblesse psychologique de sa mère, et sur un allié de poids. Elle va ainsi au devant du danger pour l’affronter, là où Danny Torrance n’avait pas eu le choix.

Rose « Claque » O’Hara : Rose O’Hara est la dirigeante du Nœud Vrai. Décrite comme une femme d’une grande beauté portant un haut de forme, peu d’informations filtrent sur ses origines. On apprend qu’elle serait Irlandaise, qu’elle possède une seule dent semblable à une défense qui n’est visible que lorsqu’elle aspire la vapeur de ses victimes, et qu’à l’image de nombreux membres du Nœud Vrai, elle serait âgée de plusieurs centaines d’années. À bord de son impressionnant camping-car « Earth Cruiser », Rose Claque guide sa tribu sur les routes d’Amérique, cherchant de nouvelles victimes grâce à ses pouvoirs de télépathie (que l’on peut d’ailleurs assimiler au Shining) et à ceux des membres de sa tribu. Très imbue d’elle-même et des pouvoirs du Nœud Vrai, Rose Claque méprise les humains qu’elle appelle « pecnos ». Cette arrogance la conduit d’ailleurs d’échecs en échecs et elle perd successivement les membres de sa famille, jusqu’au dénouement final où elle se voit contrainte d’affronter elle-même Abra Stone à l’ancien emplacement de l’Hôtel Overlook. Sa mort est d’autant plus humiliante que, tout au long du roman, elle semble systématiquement avoir un tour d’avance sur ses adversaires, sans parler des ressources du Nœud Vrai. Rose Claque est pourtant incapable d’empêcher sa défaite et avec elle, c’est la tribu entière qui disparait.

Le Nœud Vrai : Le Nœud Vrai est un rassemblement d’individus spéciaux formant une véritable « famille » unie par un amour sincère entre tous ses membres. Les membres du Nœud Vrai ne sont plus humains au sens où le rituel qui leur permet d’intégrer la famille (appelé le « retournement ») les condamne également à se nourrir d’une substance psychique (la « vapeur ») pour continuer à vivre éternellement. Chaque membre du Nœud Vrai possède un talent propre qui le rend utile au groupe, généralement pour pister et traquer leurs victimes. Rose « Claque » O’Hara, la dirigeante de la tribu est par exemple une puissante télépathe. Son amant Henry « Skunk » Rothman est capable de se synchroniser avec l’esprit de sa victime pour anticiper ses mouvements et l’influencer. Andrea « Andi la Piquouse » Steiner peut endormir ses victimes par sa seule voix.

Dotée de moyens matériels presque illimités comprenant des villes quasi privées, la tribu du Nœud Vrai semble attirée par les lieux dégageant une énergie sombre. On apprend notamment que l’emplacement de l’ancien hôtel Overlook a été aménagé en camping et leur appartient. C’est d’ailleurs sur ce même terrain qu’a lieu la confrontation finale.

Généralement discrets, ses membres ont cependant recours au meurtre sauvage afin de s’assurer une nourriture abondante et de « bonne qualité ». Toutefois, en dépit de tous ces avantages, le Nœud Vrai ne peut empêcher sa déliquescence à partir du meurtre de Brad Trevor, dont l’essence contaminée par la rougeole empoisonne peu à peu tous les membres de la tribu. Dans une véritable course contre la montre, le Nœud mobilise tous ses moyens pour mettre la main sur Abra Stone mais échoue dans toutes ses tentatives avant de voir ses membres mourir les uns après les autres.


La tendre jeunesse de Danny Torrance pourrait se résumer en une phrase : « Viens ici, petit merdeux, viens recevoir ta raclée ! » Au rayon des enfants martyrs, le petit héros de Shining occupe le premier rang : dans les couloirs de l'hôtel Overlook, il subit non seulement la traque acharnée d'un papa hagard, ivre et meurtrier, mais aussi l'attaque de tout un tas de fantômes très mal intentionnés. Difficile de faire plus terrifiant que ce roman mythique, le troisième de Stephen King, publié en 1977. Même sans être habité par le souvenir de Shiningl'adaptation de Stanley Kubrick (1980) et les rictus de Jack Nicholson, cette histoire, aussi cruelle, aussi psychologiquement vertigineuse qu'un conte de Grimm plein de maléfices et d'infanticides, ne s'oublie plus jamais.

Lui donner une suite comportait des risques que Stephen King mesure lui-même. D'abord, rien ne se compare jamais à la première peur, celle qu'on éprouve, dit-il, « en lisant sous les draps à la lueur d'une lampe de poche ». Ensuite, comment continuer ce qui formait un tout, ce qui s'était parfaitement conclu et résolu ? En faisant grandir Danny. Le voilà donc désormais jeune homme, puis quadragénaire, hanté par les spectres du passé — littéralement, puisqu'il les conserve dans une sorte de boîte virtuelle, tout au fond de son esprit. La force de ces retrouvailles, comme avec un ami longtemps perdu de vue, c'est de pouvoir mesurer, à ses errances et à ses blessures, la marque du temps, les conséquences du passé. Danny, ou Dan, désormais, est devenu aussi alcoolique, aussi paumé que son père. Quand on le découvre, adulte donc, c'est à l'occasion d'un lendemain de cuite magistrale, dans le lit d'une inconnue ramassée la veille dans un bar. Il est en train de toucher le fond, le temps d'un chapitre dur, poignant. King y scrute, jusqu'à la limite du supportable, le dégoût de soi, la perte des repères, tout ce qui accompagne le naufrage de l'addiction.

Il y a deux livres en un dans Docteur Sleep : le héros du premier, chronique d'un réalisme douloureux, c'est bel et bien le « monstre » de l'alcoolisme. Mais, à la différence de son père, l'ivrogne de Shining, Dan trouve sa chance de rédemption dans une communauté humaine chaleureuse comme les aime l'auteur, une petite ville du New Hampshire, avec ses figures pittoresques, mais aussi ses réunions des Alcooliques anony­mes... Le vagabond lessivé se pose enfin, se trouve des amis, un boulot. Aide-soignant dans un hospice, il assiste la mort des vieillards, à sa manière. C'est que, depuis l'enfance, il n'a pas perdu le Don. Ce pouvoir, entre télépathie et voyance, le pousse à aider Abra, une adolescente dotée des mêmes aptitudes magiques. Là s'épanouit le second livre contenu dans Docteur Sleep. Un récit de genre, joyeusement assumé comme tel, con­cocté pour effrayer et divertir. Après 22/11/63, grande fresque fantastico-historique ambitieuse parue il y a deux ans, King s'offre une récré macabre : aussi cocasses que terrifiants, ses « méchants » ressemblent ici à d'inoffensifs touristes, sillonnant l'Amérique en camping-car. Sortes de vampires spirites, croque-mitaines improbables, en shorts à fleurs et casquettes de base-ball, ces êtres surnaturels qui se nourrissent du Don des enfants, en les torturant et les tuant, vont-ils parvenir à dévorer la petite Abra ?

Dans le tumulte d'une aventure picaresque, pleine de rebondissements, de visions (et de caravanes...), King prouve encore une fois qu'il est un conteur diabolique, capable de nous éblouir avec de la poudre de perlimpinpin comme de nous faire toucher la réalité la plus poisseuse. Surtout, il a réussi une prouesse digne d'un ma­gicien : libérer Danny des pages de Shining, pour lui offrir un livre rien qu'à lui et, surtout, une chance de résilience.
Le 02/11/2013 - Mise à  jour le 04/11/2013 à  11h16
 - Telerama n° 3329

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