Nick Stone : Tonton Clarinette



Pour Max Mingus, privé de Miami, l'offre est tentante : dix millions de dollars pour mettre la main sur Charlie Carver, fils d'une grande famille haïtienne, introuvable depuis plus de trois ans. Charlie a disparu en Haïti, comme des dizaines d'autres enfants volatilisés depuis des décennies. Dans un pays dominé par le vaudou, nombreux sont ceux à évoquer la magie noire et une figure mythique, Tonton Clarinette, un dieu charmeur d'enfants qui les entraîne loin de leurs familles. Mais qui est donc Tonton Clarinette ? Un joueur de flûte qui hypnotise ses victimes ? Un voleur d'âmes ? Un tueur en série ? Pour le découvrir, Max devra réussir là où d'autres détectives ont non seulement échoué mais perdu la vie. Très vite la question pour Max n'est plus seulement de retrouver Charlie mais de sauver sa peau. Baroque, haletant, Tonton Clarinette ensorcellera jusqu'au plus averti des amateurs de thrillers. Tonton Clarinette a remporté le Ian Fleming Steel Dagger 2006 et le Macavity Award 2007 du meilleur premier roman.

SNCF du Polar - 2009


Dans la tradition vaudou haïtienne, Tonton Clarinette est un voleur d'enfants qui s'accapare leurs âmes innocentes à l'instar du joueur de flûte du conte allemand qui charme avec le son de son instrument ; Tonton Clarinette fait sensiblement pareil mais dans une version plus exotique.
Notre thriller s'articule autour de cette trame : qui vole les enfants haitiens tout autour de la capitale dévastée qu'est Port au Prince ? Et surtout qui a kidnappé il y a de cela 3 ans le jeune Charlie, fils d'une des plus grosses fortunes de l'île ? C'est là qu'entre en jeu notre enquêteur Max Mingus qui vient de finir sa peine de 8 ans de prison à Rikers. Son crime : avoir assassiné des violeurs d'enfants de sang froid (pas trop envie de la juger perso mais bon la loi est la loi). Ancien flic à Miami, devenu détective privé, marié à la belle et sensuelle Sandra, son monde s'est écroulé le jour où la sentence est tombée. Résultat des courses, à sa sortie de prison Max Mingus n'est quasiment plus rien : sa femme est morte, ses amis l'ont abandonné sauf son ancien acolyte Joe. Alors quand une des plus grosses fortunes d'Haïti vous propose ni plus ni moins que 10 millions de dollars s'il retrouve son fils vivant, dur de faire la fine bouche. le seul bémol c'est qu'il faut embarquer en Haïti, en 1996, île détruite (et encore il n'y pas eu de tremblement de terre) par des décennies de dictature sous le joug des Duvallier Père et fils, puis d'Aristide, pays soumis à la plus extrême pauvreté et qui en 1995 se fait "aider" par les forces américaines et l'ONU pour "réinstaurer" la démocratie. le constat est sans appel : à part semer la peur au sein de la population locale en la méprisant, les USA ne font pas grand chose pour le redressement du pays. du coup l'Oncle Sam a franchement mauvaise presse. Max Mingus va prendre une sacrée claque dans la figure en découvrant ce pays ravagé, si pauvre que les enfants mangent parfois de la boue pour tenir et sombrent dans la drogue, où le SIDA commence à décimer la population dans l'indifférence totale, une île autrefois belle, verdoyante et généreuse, dorénavant aride et pillée de tout bord. Dans ce chaos, Max Mingus va revoir ses a priori, rencontrer nombre de personnages ambiguës, côtoyer de près ce qui peut être commis de pire par l'esprit tordu des hommes. Entre séances vaudou et magie noire, superstition farfelues, corruption et sombres pans de l'histoire d'Haïti, autant vous dire que notre héros déchante rapidement.
Inutile de vous préciser que j'ai adoré Tonton Clarinette. Enfin un thr qui a de la gueule, du style et un vrai fond derrière l'enquête elle-même très maîtrisée et parfaitement agencée ! Nick Stone nous décrit sans ambage la réalité de cette île si chère à son coeur (issu d'une des plus vieilles familles haitiennes). Portrait sans concession d'un pays qui sombre, d'une population attachante mais encore très empreinte de superstitions, pays qui garde malgré lui les séquelles de son passé esclavagiste, Tonton Clarinette est un thriller de qualité, intelligent, porté par des personnages intéressants et hauts en couleur, qui m'a secouée au plus profond (certains passages sont d'une telle violence que j'ai du interrompre ma lecture). Aucun faux pas, un véritable sans faute pour ce premier opus des enquêtes de Max Mingus que je vais bien evidemment suivre de près (deux tomes sont déjà parus, ils sont d'ores et déjà dans ma liste des futurs achats livres). Je suis même triste d'avoir du quitter Max Mingus c'est vous dire. Un excellent moment de lecture, original et ensorcelant, et un superbe polar qui vaut autant pour son intrigue implacable, ses personnages hauts en couleurs, que pour son exotisme et le fascinant voyage en Haïti qu' il propose.

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