thomas h cook : les rues de feu



Amérique, mai 1963. Tandis que les partisans de Martin Luther King organisent une grande marche pacifique encadrée par une majorité de flics blancs ne rêvant que de massacre, une gamine black du ghetto est retrouvée dans une friche, une balle dans la nuque, le corps désarticulé négligemment jeté comme un vulgaire cadavre de chat. Pas facile dans ces conditions pour Ben Wellman, flic blanc intègre, d'enquêter sur ce meurtre qui suinte la haine et le mépris de la vie. Les provocations s'accumulent dans une ambiance de poudrière. Un rien et tout explose. La violence, orchestrée par un préfet psychotique, couve, prête à balayer de son souffle des rues ouvertes aux tueurs les plus fous. La loi est avec eux. Ben Wellman n'en tirera qu'une certitude : la vérité ne peut être réduite ; elle ne sera jamais simple...

L'Alabama, c'est pas rose, l'Alabama c'est morose.Et tout particulièrement Birmingham en ce mois pré-estival de mai 1963.
La raison, cette grande marche pacifique organisée par Martin Luther King. Les flics, cornaqués par un préfet délirant, pourraient bien être débordés et ainsi laisser libre cours à leur hostilité affichée.
L'ambiance est tendue, les esprits survoltés.
Cerise sur le cargo, ce petit corps retrouvé exécuté d'une balle dans la nuque. Une gamine black du ghetto. Comme le serinerait un certain François H., l'apaisement, c'est pas pour maintenant...
Ben Wellman est sur le coup.
En jeune flic blanc probe et respectable, il n'a pour lui que l'apanage de la jeunesse. Les blancs s'en foutant complètement. Les noirs réglant habituellement ce genre de problème entre eux. Bon courage Benny...
Exceptionnellement, Cook ne construit pas son récit sur le terreau familial.
Il évoque talentueusement, pléonasme concernant ce prodigieux auteur récidiviste, au travers d'une enquête policière des plus délicates, la période peu glorieuse et pas si lointaine d'une Amérique à fort relent ségrégationniste. God Bless America, peut-être, mais pour une certaine catégorie de la population, faudra avoir beaucoup d'imagination saupoudrée d'une bonne dose de cynisme.
Qu'il soit latent ou frontal, ce racisme du quotidien fait la part belle à de magnifiques salopards, de grandioses pourritures toujours partantes pour ajouter une pierre à l'édifice déjà conséquent de leur incommensurable stupidité.
Un contexte historique explosif et parfaitement retranscrit. Une enquête solide, aux multiples rebondissements, servie par des acteurs crédibles ainsi qu'une plume alerte et immersive en tout point, n'en jetez plus, les pages de ces Rues de Feu pourraient bien vous brûler les doigts...

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