Joyce Carol Oates : Zombi



Et si Zombi était le plus terrifiant des livres de Joyce Carol Oates ? Quentin, son héros ou plutôt son antihéros, raconte son histoire. Il ne se nomme que par ses initiales : " Q.P. ". Il a 31 ans et une honorable famille qui ne peut le croire vraiment coupable de l'agression sexuelle qu'il a commise sur un jeune garçon. Par prudence, il est mis sous surveillance médicale. En vérité, " Q.P. " kidnappe des jeunes gens et les lobotomise avec un pic à glace pour en faire des " zombis " obéissants et aimants. Hélas l'opération rate toujours. " Q.P. " est navré de devoir récidiver. Depuis une trentaine d'années, Joyce Carol Oates déploie dans ses romans, nouvelles et essais (Eux, Le Jardin des délices, Amours profanes, Confession d'un gang de filles...), tout un monde de frustrations et de perversions observé sans compassion ni haine. En vérité tout est extrême chez elle. Et d'une précision quasi documentaire. Elle a une façon unique de nous emmener en enfer et de nous persuader que cet enfer ressemble à l'Amérique de tous les jours alors que l'auteur ne cesse de nous parler aussi d'elle-même, de ses peurs et de ses cauchemars. En bref de cette forme de folie qui habite les plus grands écrivains.

Salut je m'appelle Quentin, ce que je fais dans la vie? En fait je suis un psychopathe, pédophile, serial killer, bah ça rapporte pas beaucoup vous savez, je suis bien obligé de tondre la pelouse de ma grand mère pour mettre un peu de beurre dans les épinards. Ma préférence? Les petits garçons, ouais c'est cool quand ils sont jeunes, pas forcément mineurs mais en dessous de 20 ans c'est mieux.
En gros c'est ce que je viens de lire.
Et l'immixtion dans son cerveau est assez intéressante dans sa construction.
On se retrouve dans la caboche du bonhomme que pour les moments très très très chiants: il tond la pelouse, il appelle son avocat, il bouffe au domac ou on se dit que finalement il est normal et il va revenir sur le chemin de la rédemption.
Et les plus "pervers": il raconte ses pulsions sexuelles très souvent pathétiques, qui nous font dire que BORDEL IL EST MALADE.
Pendant les premières pages je pensais qu'il était limité sur le plan intellectuel, j'ai mis beaucoup de temps avant de comprendre qu'il avait un sérieux problème. J'ai réalisé la chose seulement quand il a commencé a raconter ses délires un peu chelou avec sa camionnette & qu'il récupère des auto-stoppeur.
Et c'est en refermant le bouquin et avec sa dernière tentative de ZOMBI (les vrais savent) que j'ai compris qu'en réalité les moments très très très chiants ne sont pas anodins. Ces moments là font partis de son cheminement, de sa préméditation pour sa prochaine horreur.
Donc si on pense que Q...P... pervers sexuel a une vie parfaitement normal parce qu'il tond la pelouse de sa grand mère c'est faux. Puisque chacun de ses mouvements, sont dictés par ses pulsions et sa "maladie". Et c'est pour ça que l'on voit deux sortes "d'actions" les moments chiants qui font appels à des actes calculés pour assouvir son instinct et les moments brouillons/pervers/degueulasse qui montre à quel point le mec est complètement malade.


MAIS
Je suis assez déçu de ne pas avoir été "attachée" au tueur. Je veux dire en ce sens qu'il aurait été extrêmement pertinent/fou/malsain/aboutissement du livre d'essayer de tourner la chose de sorte à ce que le lecteur ne souhaite pas que QP soit démasqué. Après tout on vit sa vie de son point de vue, on pourrait avoir une sorte de processus d'identification "ouais mais moi aussi j'ai déjà tondu la pelouse et c'est une telle galère qu'il mérite pas la taule".

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C'était cool relativement effrayant (Mais rien comparé aux bouquins de Dennis Cooper par exemple)) mais pas de quoi non plus crier au chef d'oeuvre.

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