Tristan Egolf : Le seigneur des porcheries



Ce premier roman singulier commence avec la mort d'un mammouth à l'ère glaciaire et finit par une burlesque chasse au porc lors d'un enterrement dans le Midwest d'aujourd'hui. Entre-temps, on aura assisté à deux inondations, à quatorze bagarres, à trois incendies criminels, à une émeute dans une mairie, à une tornade dévastatrice et à l'invasion de méthodistes déchaînés ; on aura suivi la révolte d'une équipe d'éboueurs et vu comment un match de basket se transforme en cataclysme.
Tout se passe dans la petite ville de Baker, sinistre bourgade du Midwest ravagée par l'inceste, l'alcoolisme, la violence aveugle, le racisme et la bigoterie. Au centre des événements, John Kaltenbrunner, un enfant du pays, en butte à toutes les vexations, animé par une juste rancoeur. Comment John se vengera-t-il de la communauté qui l'a exclu ? Jusqu'où des années de désespoir silencieux peuvent-elles conduire un être en apparence raisonnable ?

Avorton limite autiste, intelligent mais totalement asocial, orphelin de père et "pas gâté" par une caricature de mère, John Kalterbrunner a tiré un bien mauvais numéro à la loterie de la vie, doublé d'une déveine phénoménale.
Et de catastrophes naturelles en cruautés sectaires de la société, il devient l'adulte vindicatif le plus honni, pour le pire cataclysme que sa région ait connu.
Rien de plus à ajouter... histoire de laisser les lecteurs qui s'y risquent découvrir une prose foisonnante et l'audace de la trame narrative.
Ecrit en 1998, ce livre est un ovni littéraire jubilatoire, à la verve fleurie.
Certains n'ont pas hésité à crier au chef d'oeuvre. de par son statut de premier roman, par son délire verbal, par la richesse de l'écriture et par la plume provocatrice et excessive de son jeune auteur, il est d'autant plus remarquable que la vie de Tristan Egolf est une aventure en soi, jusqu'à ce qu'il décide lui-même de tirer sa révérence en 2005.
Le livre sidère, éreinte, énerve, amuse. Il dénonce une Amérique étriquée, sectaire et pudibonde, un milieu rural d'une bêtise finie, où les culs terreux sont des trolls, les enfants des lombrics et les dames puritaines des harpies.
Une société laminant les individus, réduits à la misère économique et à la solitude.
C'est absurde, grinçant, irrévérencieux.
Une lecture joyeusement féroce
En fait, je ne sais pas trop si j'ai aimé ou pas ce roman. J'ai ressenti un réel plaisir à la lecture d'une écriture très particulière et en même temps magistrale, mais le fonds du roman ne m'a pas touchée. Je reste dans un entre-deux pas forcément très confortable, mais je ne peux pas encore en sortir.

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