Richard Powers : La chambre aux échos




Sur une route du Nebraska, Mark Schulter est victime d'un grave accident de voiture. A son réveil, après un profond coma, il reconnaît tous ses proches, sauf Karine, sa soeur aînée. Déboussolée, meurtrie, celle-ci fait alors appel à Gerald Weber, un célèbre neurologue. Le diagnostic est sans appel, Mark est atteint du rarissime syndrome de Capgras : il considère Karin comme une pâle imitation de sa soeur, une usurpatrice. Tandis que Weber étudie son cas, Mark tente de reconstituer ce qui s'est vraiment passé la fameuse nuit de l'accident, et de démasquer ce témoin anonyme qui lui a sauvé la vie avant de disparaître en laissant un étrange message. Ce qu'il découvrira va bouleverser à jamais sa vie et celle des siens..

Comment construit-on des liens, que sont l'amour, la foi, etc à l'époque où les neuro-sciences nous décortiquent tout cela et nous démontrent que nous ne sommes que chimie..C'est bien sûr l'aspect du roman qui m'a intéressée. C'est brillant ( c'est un scientifique, Powers), et le récit est parfaitement construit.
Il y a également des pages magnifiques sur le thème du sentiment d'usurpation. Qui ne l'a jamais éprouvé ne sera pas frappé comme je l'ai été. Sur l'enfance. Sur les oiseaux.
Avec ses multitudes de ramifications, ses infinités de connexions, son gigantesque réseau de capteurs et signaux électriques, c'est véritablement une expédition dans la plus formidable et la plus insondable des machines de la création que nous propose l'auteur, sans jamais se départir d'un sens de l'intrigue et d'une puissance narrative remarquables.
En se servant des dernières découvertes des sciences cognitives (psychologie, neurochirurgie, linguistique), Powers pose la question de l'identité, du moi, de la conscience et de la perception que nous en avons.
Qui sommes-nous ? Où plutôt qui croyons-nous être ? Et qui les autres croient-ils que nous sommes ?
Scandée par de très belles séquences, lyriques et poétiques, sur la mémoire génétique des grues et leur migration, cette « Chambre aux échos » aux résonances complexes et multiples, est une oeuvre subtile dans laquelle on pénètre à petits pas, avec concentration et persévérance.
Une aventure cérébrale intense récompensée par le prestigieux National Book Award.
Un peu ardu, ce récit émaillé de descriptions et discussions scientifiques autour du cerveau et de ses étonnantes réactions. On a droit à une énumération des organes qui le composent ainsi que chaque action dudit organe; ainsi que de nombreux exemples médicaux de "cas" particuliers. La maladie de Mark, dite "Capgras", est connue pour se produire chez des gens victimes de traumatismes psychiques. Ici, elle évolue de manière à déconcerter même les spécialistes et le Dr Weber lui-même ne sortira pas indemne de cette rencontre. Chacun d'ailleurs, d'une manière ou d'une autre, sera impacté par ce drame, d'autant que la paranoïa de Mark, à la fin du récit, semble se justifier... En dehors du monde des hôpitaux, la toile de fond du roman est superbe, car les événements ont lieu dans le Nebraska, près d'une rivière très convoitée et très visitée, car elle permet d'apercevoir des oiseaux migrateurs par milliers. Les descriptions sont magnifiques, magiques, les personnages souvent bruts et peu sympathiques, mais on a beaucoup de tendresse pour leurs interrogations et leurs cheminements personnels. Mais parfois le roman se fait trop long.

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