Roger Peyreffitte. Propos secrets. Personnages et citations. I

 I

                                                                              
Denise Bourdet.

Elle fut pour Peyreffitte, l'ange gardien, la Muse et la madone. "(Baudelaire).


Elle fut ma plus grande amie. Elle a illuminé ma vie littéraire et ma vie tout court. Tout nous rapprochait, rien ne nous a séparés (...) l'une des femmes les plus distinguées, les plus élégantes, les plus intelligentes de l'après-guerre. Ce qui rapprochait tout d'abord, c'était la même conception de la littérature (...). Nous rapprochait également notre commune origine. Et nous nous retrouvions, accédant ensemble à des sociétés brillantes, dont nous aimions les manières, le décor et le style de vie. Enfin, elle avait comme moi le goût du mot d'esprit, voire la dent dure. Elle n'était jamais dupe de rien ni de personne (...) menait une existence de parasite distinguée. Amie de tous, elle était sans cesse invitée (...). Très intelligente, elle savait se rendre indispensable, et avait aussi l'art d'organiser les relais » Roger  peyreffitte.

WIKI :
Denise Bourdet, née Denise Rémon, était la fille de Maurice Rémon (1861-1945), professeur d'allemand au Lycée Carnot, romancier (Le grand soir) et surtout prolifique traducteur de romans et de pièces de théâtre, de l'allemand aussi bien que de l'anglais. Elle vécut une jeunesse insouciante, au cours de laquelle lui furent prêtés bien des amants (e. a. Paul Morand, Charles de Noailles).

Les Rémon villégiaturaient à Royan. Lorsque Denise interpréta avec Jacques Février de la musique pour piano d'Eric Satie, elle fut remarquée par le comte de Saint-Léger. Ils se fiancèrent en septembre 1911 et se marièrent le 25 mars 1912.

La vie monotone à Cognac ne plut pas à la comtesse aux seins légers (dixit Jean Giraudoux) et elle s'échappa bientôt en se faisant de nouveaux amis à Bordeaux et à Paris. Parmi eux, dès 1914, Édouard Bourdet. Divorcée début 1919, Denise se maria avec lui le 17 novembre 1921. Lui-même avait divorcé en mars 1921 d'avec Catherine Pozzi qui lui avait donné en 1909 un fils, Claude Bourdet.
En épousant Édouard Bourdet elle entra dans le monde du théâtre et des mondanités de l'entre-deux-guerres. Ensemble ils recevaient beaucoup et tinrent ainsi un des salons littérairesconnus de la capitale. Elle remémora ce temps dans le livre qu'elle consacra à son défunt mari.
Grâce à la demoiselle Madeleine Le Chevrel, qui tenait salon, Denise fit son entrée dans un milieu intellectuel où elle rencontrait Reynaldo Hahn, Jacques-Emile Blanche, Lucien Daudet, Jacques de Lacretelle et François Mauriac, qui à leur tour lui ouvrirent de nombreuses portes. Son charme et son intelligence firent le reste.

Sa vie se déroulait principalement dans deux demeures : le grand appartement du Quai d'Orsay ainsi que la Villa blantonche à Toulon, qui fut décorée en août 1932 par Cocteau[1].
Après la Deuxième guerre, les pièces de boulevard de Bourdet passèrent de mode et les droits d'auteur devinrent maigres. Devenue veuve et n'ayant plus les moyens suffisants, Denise fut dans la nécessité de ralentir son train de vie et de se trouver des revenus. Elle y parvint en se faisant critique littéraire pour La Revue de Paris et critique musical pour Le Figaro Littéraire.
Ses multiples relations lui facilitèrent l'ouverture de bien des portes. Les nombreuses rencontres qu'elle fit et qui débouchaient sur des articles permettant de mieux connaître l'écrivain ou le compositeur ou musicien qu'elle avait rencontré, furent rassemblés dans des recueils, à chaque fois introduits par un écrivain prestigieux.
La 'Villa blanche' fut vendue et discrètement elle vendit en viager son appartement du Quai d'Orsay à son ami de jeunesse le comte Charles de Noailles.
Au cours des deux décennies après la guerre, elle vécut la période où les salons littéraires brillaient de leurs derniers feux. Dans Les salons de Pariselle a décrit ceux de Marie-Louise Bousquet, du baron et de la baronne de Cabrol, de Lise Deharme, de Nathalie Barney, de la veuve d'Edmond Rostand, de Florence Gould, de la comtesse Jean de Polignac[2] et de la vicomtesse Marie-Laure de Noailles. Elle-même était l'invitée de tous ces salons, comme elle l'était pendant les vacances dans les châteaux et demeures de ses amis riches et souvent titrés. Elle les remerciait en les invitant dans sa loge à la Comédie Française, qu'elle devait au fait que son défunt époux y avait été administrateur.
Denise Bourdet fut membre du jury du Prix Médicis.

                                                                          II


À propos de son goût terrible pour l’indiscrétion il se trouve un prédécesseur. M de la Condamine.


Académicien du XVIII. Sourd et très indiscret, il est élu à l'académie.


"la Condamine est aujourd'hui
Reçu dans la troupe immortelle
Il est bien sourd, tant mieux pour lui
Mais non muet tant pis pour elle.



                                                                        III
Arturo López Willshaw




Arturo López Willshaw, surnommé Arturito[1], est le fils d'Arturo Lopez Perez, industriel chilien ayant fait fortune dans le commerce du guano, et de sa première femme, Sara Willshaw.
Il épousa sa cousine Patricia López Huici (1912–2010)[2], bien qu'ouvertement homosexuel[3],[4].
López Willshaw s'installe en France durant l'entre-deux-guerres et devient un personnage important du Tout-Paris[1]. Il est à l'époque attaché à l'ambassade du Chili[5].
Riche esthète, il rassemble une très belle collection d'objets d'art, notamment une fameuse collection d'orfèvreriepartiellement dispersée par Sotheby'sMonaco, en 1992[6].
C'est par ailleurs un mécène effectuant d'importants dons aux châteaux de Versailles et de Rambouillet[1](notamment de la chaumière aux coquillages dans le parc).
Ce millionnaire partage sa vie entre l'hôtel Lambert sur l'île Saint-Louis, où vit son compagnon Alexis de Redé, l’hôtel Rodocanachi à Neuilly-sur-Seine(12, rue du Centre[7], conçu par l'héritier grec Paul Rodocanachi à partir de 1899) où il s'installe en 1928 et donne des fêtes somptueuses[8], et son yacht La Gaviota, ces deux derniers étant aménagés par l'achitecte d'intérieur Georges Geffroy[9]. L'hôtel particulier est racheté en 1971 par la municipalité, qui y créé un musée et une bibliothèque, alors que le parc de la propriété est loti.
Il habite également le château de Vosves en Seine-et-Marne.

Roger Peyrefitte a dit de lui : « (ce) petit Chilien un tantinet prétentieux, était le roi du guano, grâce à des îles qu'il possédait sur les côtes du Chili. Il aimait le faste. Il possédait un hôtel particulier magnifique à Neuilly. S'il jetait l'argent par les fenêtres, il choisissait ses fenêtres : il a beaucoup aidé à la restauration du château de Versailles et répondu aux sollicitations de son inlassable conservateur, Gérald van der Kemp (…) Nous savions tous qu'il était homosexuel. On disait même qu'il s'était marié par amour pour le frère de sa femme (…). Van der Kemp a voulu montrer sa reconnaissance envers le mécène, en faisant dire une messe à sa mémoire, dans la chapelle royale de Versailles, initiative qui parut hardie à certains. Au sortir de la messe, quelqu'un dit : "C'est quand même drôle qu'il y ait eu à Versailles une messe pour un juif." Alors, un autre se retourne et lance: "N'insultez pas un mort !" "Juif" était donc dans son esprit un terme insultant. On ne peut prononcer un mot plus malheureux et plus bête »[10].


Il meurt le 17 mars 1962, laissant à son compagnon depuis vingt ans, Alexis Rosenberg, baron de Rédé, une partie de sa fortune et de sa collection[3] et fut enterré au cimetière du Père-Lachaise.


                                                                         III
Alexis von Rosenberg, 3e baron de Redé (4 février 19228 juillet 2004), plus connu sous le nom de baron de Redé, est un homme d'origine juive issu d'une famille anoblie par l'empereur d'Autriche-Hongrie en 1916, amateur d'art, esthète réputé et grand collectionneur de mobilier français du XVIIIe siècle




Un jour Arturo Lopez [-Willshaw] entre dans une banque new-yorkaise et aperçoit un ravissant et mince employé blond. Il l'invite à dîner, lui demande son nom : Alexis Rosenberg. Que le Tout-Paris connaît maintenant sous le nom de baron de Rédé. Il a été un grand ami de Denise Bourdet [...]. C'est un homme très distingué, et qui a une sorte de génie des affaires. Il a réussi, non seulement à restaurer la fortune d'Arturo Lopez, mais encore à devenir plus riche que lui. Le Tout-Paris connaissait cette amitié, mais personne n'en parlait. Arturo était marié, Redé faisait la cour aux baronnes de Rothschild ou aux jeunes filles du monde. On annonçait de temps en temps ses fiançailles, et on faisait semblant d'y croire. Il fut éconduit d'une manière humiliante, lorsqu'il sollicita la main d'une fille du comte de Paris. »Roger Peyrefitte[7
                                                                                IV
Charles (de) Beistegui, né Charles Beistegui à Paris le 31 janvier 1895, mort au château de Groussay le 17janvier 1970, est un décorateur et collectionneur d'art français.




Petit-fils de propriétaires de mines d'argent mexicaines, qui furent obligés de fuir ce pays après l'échec du règne éphémère de l'empereur Maximilien en 1867, il était à la tête d'une importante fortune, et eut une occupation essentielle tout au long de son existence : la mettre en scène.Il est le quasi-homonyme de son oncle Carlos de Beistegui (1863-1953), également grand collectionneur d'œuvres d'art et donateur en 1942 d'une importante collection de peintures au musée du LouvreTémoin, Roger Peyrefitte rappelle que « lorsqu'il n'était pas à Groussay, il résidait dans le somptueux palais Labia, à Venise, surchargé de tentures magnifiques, avec des fresques de Tiepolo, où se pressait également la fleur de la société italienne et internationale. Lorsqu'il avait envie de voyager, il entraînait ses amis dans de grandes tournées en EuropE . Le 3 septembre 1951, Beistegui donne au palais Labia, célèbre pour ses fresques de Tiepolo, le fameux bal costumé connu depuis sous le nom de « Bal du siècle ».



La soirée, l'une des plus fastueuses de l'après-guerre, réunit environ 1 500 invités costumés, dont Orson Welles, Salvador et Gala Dalí, Alexis de Redé, le marquis de Cuevas, Barbara Hutton, Leonor Fini[3], l'Aga Khan, etc. Cependant, Winston Churchill déclina l'invitation.
Robert Doisneau[8], Cecil Beaton et André Ostier furent les photographes de la soirée.
La vie même de Beistegui suscitait la jalousie. Il fallait voir les mères se battre, prêtes à prostituer leurs filles, pour se faire inviter à un bal au château. Ces bals fastueux se préparaient trois mois à l'avance. Comme B. n'avait aucun goût pour la cuisine, le menu était sacrifié. Mais on bouffait dans du vermeil. (...) un homme à femmes, très salace, très queutard (...) Sa richesse attirait, son faste éblouissait (...) On ne savait pas grand'chose de lui. L'origine de sa fortune, amassée au Mexique, restait mystérieuse, même pour des intimes comme Charles de Noailles. On n'en voyait que l'extérieur : un ravissant hôtel particulier, esplanade des Invalides, et le château de Groussay (...) Ce goût du faste entraînait chez lui une certaine prétention, que justifiait peut-être un physique de fort bel homme. Un goût commun des monnaies me rapprochait (de lui). Il en possédait une très belle collection, dont il a légué une partie au cabinet des monnaies de la Bibliothèque nationale. Chose curieuse, il était en même temps un faussaire. Il achetait par exemple une commode de cinquante millions. Aimant les pendants, il en faisait faire immédiatement la copie qui lui coûtait le double et il présentait les deux comme vraies (...) C'est un fait unique dans l'histoire : un collectionneur qui dépense une partie de sa fortune à faire exécuter des faux. Un étonnant ébéniste nommé Toulouse (ou Toudouze ?) travaillait pour Beistegui et aussi pour Arturo Lopez à longueur d'année. »





Modifier





    Modifier










    Commentaires

    Posts les plus consultés de ce blog

    John Rechy : La citée de la nuit

    Lonsam Studio photo gay japon

    Bret Easton Ellis : Les éclats 2023.