Stephen King : L'outsider



Le corps martyrisé d'un garçon de onze ans est retrouvé dans le parc de Flint City. Témoins et empreintes digitales désignent aussitôt le coupable : Terry Maitland, l'un des habitants les plus respectés de la ville, entraîneur de l'équipe locale de baseball, professeur d'anglais, marié et père de deux fillettes. Et les résultats des analyses d'ADN ne laissent aucun doute. Dossier classé. À un détail près : Terry Maitland a un alibi en béton. Et des preuves tout aussi irréfutables que les preuves qui l'accusent.
Qui se cache derrière ce citoyen au-dessus de tout soupçon ?

Le dernier roman du roi Stephen démarre comme un vrai polar, toute la première moitié du bouquin est un roman policier pur, avec le point de vue des enquêteurs, des témoins, du suspect. C’est vraiment réussi, l’auteur arrive à maintenir le suspense, à faire monter la tension tout en nous attachant à absolument tous les personnages. Il est toujours 14 crans au-dessus de tout le monde pour dépeindre ses compatriotes avec justesse et humanité, et comme à son habitude il décrit la réaction d’une communauté face à un évènement qui bouscule leur vie (presque) paisible.

King présente au lecteur un hommage aux romans policiers qu’il aime beaucoup, on a des références en pagaille, la plus évidente étant Harlan Coben qui devient un élément central de son intrigue, mais on croise aussi Agatha Christie, Conan Doyle, un petit clin d’œil à Michael Connelly planqué dans un coin (« Bouge ton cul et va frapper aux portes, comme disait l’autre »), et sûrement des tas d’autres que j’ai loupés… J’ai été impressionné par la maitrise de l’auteur pour un genre qui peut être très casse-gueule pour qui ne s’y est jamais trop frotté, mais hé, on est le King ou on l’est pas. Bon, peut-être qu’il commence à se plaire au jeu, vu que la trilogie Bill Hodges (Mr Mercedes, Carnets noirs, Fin de ronde) tape dans le même registre.

Mais L’outsider vire petit à petit vers le fantastique (bien évidemment), et exploite très bien la résistance de l’esprit logique des enquêteurs à passer le cap de l’inexplicable, illustré par la célèbre citation de Sherlock Holmes. Faire accepter l’évidence de l’impossible prend pas mal d’efforts pour certains protagonistes. Mais c’est bizarrement là que les quelques défauts apparaissent. Bon, Stephen King étant Stephen King, on a une fin de roman un peu freestyle et décevante, défaut récurrent chez l’auteur qui écrit un peu « comme ça vient ». Ce livre se termine par un très classique « affrontement contre le méchant » qui, s’il résout l’affaire, tombe dans un classicisme un peu bof bof. On a aussi un certain protagoniste surprise venu d'autres romans et que perso j'ai aimé retrouver qui arrive à comprendre pas mal de choses un peu au feeling, on sait pas trop d’où ça sort mais c’est bien pratique pour faire avancer l’histoire.

Mais ces quelques défauts n’ont pas vraiment gâché ma lecture, on garde quand même un King très solide par ses personnages et la progression de l’enquête, par sa description encore exceptionnelle des effets « de masse » qui peuvent entrainer une communauté entière. Si on oublie un final un peu quelconque, on gardera le souvenir d’un excellent mélange polar-fantastique qui se lit avec plaisir.

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