alfred de musset : la confession d'un enfant du siècle



Après le désastre de Waterloo, l'ennui s'installe avec la paix : « Alors s'assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse. » Mais l'enfant du siècle ne s'attarde pas longtemps à son époque et, de manière assez désinvolte, raccorde à la grande sa petite histoire : celle d'un homme qui se console de la trahison de sa maîtresse par une vie de fête et de débauche à laquelle l'arrache brutalement la mort de son père. Après quoi l'amour, traversé par la tentation du suicide et du meurtre, ne le conduira qu'à la solitude.
La Confession que Musset fait paraître en 1836 est ainsi un roman qu'il faut lire bien au-delà de la liaison avec George Sand qui vient de dramatiquement se dénouer à Venise. A vingt-cinq ans, Musset n'offre pas ici une simple esquisse prometteuse, comme le croyait Sainte-Beuve, mais un testament littéraire qu'il ne dépassera pas, un livre où il devient le héraut d'une génération dont la leçon amère est que, face à l'absurdité de vivre, l'irrésolution est la seule attitude lucide.

Le résumé élogieux ci dessus est une arnaque. Musset ,puis qu’ici ,il parle de lui à la première personne annonce à grands frais dans la première partie chapitre 2 qu'il va nous montrer ce que c'est que le mal du siècle et en passant ce qu'est donc le romantisme. c'est un chapitre formidable : "Pendant les guerres de l’empire, tandis que les maris et les frères étaient en Allemagne, les mères inquiètes avaient mis au monde une génération ardente, pâle, nerveuse. Conçus entre deux batailles, élevés dans les colléges aux roulements des tambours, des milliers d’enfants se regardaient entre eux d’un œil sombre, en essayant leurs muscles chétifs. De temps en temps leurs pères ensanglantés apparaissaient, les soulevaient sur leurs poitrines chamarrées d’or, puis les posaient à terre et remontaient à cheval....le siècle présent, en un mot, qui sépare le passé de l’avenir, qui n’est ni l’un ni l’autre et qui ressemble à tous deux à la fois, et où l’on ne sait, à chaque pas qu’on fait, si l’on marche sur une semence ou sur un débris....Ce fut comme une dénégation de toutes choses du ciel et de la terre, qu’on peut nommer désenchantement, ou si l’on veut, désespérance, comme si l’humanité en léthargie avait été crue morte par ceux qui lui tâtaient le pouls....Toute la maladie du siècle présent vient de deux causes ; le peuple qui a passé par et par porte au cœur deux blessures. Tout ce qui était n’est plus ; tout ce qui sera n’est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux.

Tout était dit que Musset ne s'est-il donc pas arrêté là.
Car après ces quelques pages inoubliables vient la démonstration.
Le grand vide existentialiste du héros romantique?
Ploc!

Le reste du roman est le récit d'une désillusion amoureuse. Le héros se rend compte que son amante le trompe et perd alors confiance en l'amour et en la vie. Il se laisse convaincre par un certain Desgenais, son confident, qui lui conseille de ne pas accorder trop de valeur à l'amour et de s'amuser avec d'autres filles. Le héros va ensuite s'enfoncer dans une vie de débauche pour tenter de noyer son désespoir. gentil résumé de Wikipedia...

En réalité c'est même pas ça: La Confession d’un enfant du siècle, c’est donc un contre-roman d’apprentissage, où le héros à la fin du texte est aussi démuni et ignorant qu’au début. D’un point de vue romanesque, en particulier, il ne sera pas arrivé à devenir un personnage sauf, de manière passablement inconsistante dans la cinquième partie, avec l’introduction fort peu convaincante du pauvre Smith.
Reste surtout en fin de course que tout le texte de Musset aura travaillé méthodiquement, efficacement et rigoureusement à déshistoriser le référent qui apparaissait de manière si éclatante au début du roman et à le vider de toute substance.il n’y a dans La Confession d’un enfant du siècle que le dénouement d’une intrigue qui n’en est pas une. Cette intrigue n’en aura pas été une, non pas parce qu’elle aura manqué de complexité fictionnelle : après tout, il y a beaucoup de romans en 1830, dont l’intrigue est encore plus pauvre ; mais parce que cette intrigue n’aura été qu’une fiction, qu’il lui aura toujours manqué un ancrage dans le réel, et en particulier dans l’histoire.. Aussi est-il sans aucune pertinence de chercher à voir dans le texte fictionnel ce qu’il n’y a pas, c’est-à-dire de l’histoire.
La mention de la « maladie morale abominable » (C, I, 1 ; 1) dont le narrateur prétend avoir été atteint invite à voir dans cette maladie une maladie de l’âme : En réalité nous lisons les ratiocinations maladives d'un jaloux pathologique qui détruit et s'autodétruit par cette jalousie morbide. Et cela sur un ton d'épopée théâtrale ou de lyrisme poétique. Le ton en désaccord total avec la pauvreté de ce que bous dit de lui l'auteur m'a été difficilement supportable. voici donc un des rares classiques que je n'aime pas du tout.


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