Antonio Muñoz Molina : Un promeneur solitaire dans la foule



Muni d’un carnet, d’une paire de ciseaux et de son smartphone, Antonio Muñoz Molina marche dans Paris, New York, Madrid, Lisbonne. Au fil de ses pérégrinations, des silhouettes surgissent tandis que d’autres s’esquivent et, soudain, au détour d’une ruelle, apparaissent Baudelaire, Edgar Allan Poe ou Fernando Pessoa.
Les pages s’écoulent au rythme de la vie, tel un immense collage de tout ce que le promeneur voit et entend : affiches, prospectus, bruits omniprésents des conversations, vacarme de la rue. Animé par la tentation de tout écrire – ce qu’il a vécu, écouté, rêvé, souffert, aimé ou lu –, Antonio Muñoz Molina laisse courir la mine de son crayon et, sublimant les rebuts de notre civilisation avide et destructrice, compose « le grand poème de ce siècle ».
D’une voix profondément ancrée dans le moment présent, cet éloge érudit de la flânerie nous invite à regarder et à écouter d’une autre façon, et à célébrer la variété du monde.

La narration, la description et la méditation intègrent la méthodologie de exercice littéraire brillant marqué par une curiosité vitale, une confiance en soi expressive, un documentarisme journalistique et une plongé dans la culture. En raison de ces états divers et de son ironie cachée, un livre captivant, mais difficile. C'est un livre d'artisan, différent, au style très libre et unique. Mais ce n'est pas un roman. C'est un monologue intérieur qui boit de la réalité et tente de refléter le monde dans lequel nous vivons. On y entends ces voix celle, narrative de l'auteur se mélangeant aux voix de la ville moderne et à celles de son passé;
Ecriture extrêmement dense , parfois volontairement confuse et soulante, voir obsessionnelle. Plus qu'une lecture L'auteur propose une expérience de lecture singulière.
Pour moi une expérience forte ,presque inoubliable ou Muñoz Molina sur un rythme lent de sonate, propose des images qui dénoncent la destruction du monde livre un chant poétique à l'écologie non sectaire à amour de la vie, tout en nous donnant des indices sur la façon dont il est devenu lui même écrivain par rapprochement avec Poe, Pessoa, De Quincey, Whitman, Dickens, Lorca...
tout cela donne certes un livre clivant, difficile, que vous pourrez détester ou adorer.
J'essaye quand même de raconter les grands traits de cette narration:
C'est un livre qui ouvre de nombreuses portes, et qui nous mènera à une multitude d'auteurs que, probablement, nous n'avons pas encore lus. L'auteur nous raconte l'histoire d'un narrateur qui suit un marcheur anonyme à travers la ville, qui prend des notes, mémorise toutes sortes de stimuli audiovisuels (j'achète de l'or et de l'argent, par exemple, des matériaux de démolition purs) et fouine les gros titres des journaux des gens à côté de lui dans le métro. On ne connaît pas le nom du narrateur ou du marcheur, mais on sait ce que ressentent Thomas de Quincey, Charles Baudelaire, Fernando Pessoa, Edgar Allan Poe, James Joyce, Walter Benjamin, Herman Melville, Federico García Lorca ou Walt Whitman. Tous ces écrivains, justement, sont des descripteurs et ils nous pont parlé, dans de nombreux cas, de villes qu'ils ne connaissaient pas ou qu'ils affrontaient pour la première fois, et c'est là que réside une grande partie du secret de ce livre, car souvent le la nous ne savons plus très bien de quelle ville il nous parle, car ce qu'il veut, c'est que nous comprenions comment nous ne connaissons pas nos propres villes et comment nous sommes des étrangers dans notre propre monde. Nous portons un téléphone portable qui nous fait baisser la tête qui nous isole du monde qui nous entoure et nous ne lisons pas dans la rue ce que la ville nous propose comme écritures : Nous ne lisons pas les publicités sur les murs qui cachent des vies entières. En marchant isolément, nous avons perdu la merveilleuse habitude d'écouter des conversations au coup par coup et d'imaginer d'où vient cette phrase et où elle va. Si nous analysons seulement la moitié d'une conversation téléphonique - celle de l'interlocuteur qui est à côté de nous - nous pouvons imaginer quelle était la question ou quelle aurait été la réponse. Les écrivains ne tirent-ils pas souvent de ces ficelles et ces bribes de conversations entendues pour construire leur propre monde? créer son propre monde à partir de celui de quelqu'un d'autre à peine entraperçu fait partie du génie de l' écrivain. c'est tout le contraire. Il sait que nous ne jouissons pas tous de son plaisir quotidien, et plutôt il nous dit qu'il est heureux comme ça, et que nous l'aimons aussi. Il est heureux ainsi, malgré une légère rechute d'une vieille dépression. Il a réalisé, dans la vraie vie, un cahier avec des coupures de presse et des publicités, des dessins et des photographies et peut être vu partiellement entre le texte. Et il semble qu'il ait passé un merveilleux moment avec cette expérience. 
Muñoz Molina manie le langage avec tant d talent et d' habilité, que l'on peu lire ce livre de façon relativement fluide et facile malgré son étrange format.
S'il pouvait passer pour un vieux bougon ressassant que le "monde c'était mieux avant", et que "maintenant il va trop vite", ce n'est finalement pas l'impression qu'il nous laisse; au contraire. Il est un peu dépressif certes, mais il aime ça et nous dit que nous aussi on pourrait s'exercer à ce curieux exercice et en fin de compte aimer ça


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