Pajtim Statovci : La traversée. 2016.

Coup de cœur. Né en 1990 au Kosovo, alors une région autonome de la Yougoslavie "Patjim Statovci" est un écrivain finlandais d'origine albanaise. Un garçon qui est aussi bien une fille : il s'appelle Bujar, et il peut être une jeune fille de Sarajevo courtisée par des hommes de tous âges ou un charmant Espagnol qui fait tomber amoureux les filles dont il ne peut s'éprendre. Bujar invente continuellement sa propre histoire, comme un imposteur qui s'approprie des fragments de la vie des autres, le passé des personnes qu'il a aimées ou encore leurs noms, car il peut ainsi choisir qui il veut être, le pays dont il vient, les détails de son existence, simplement en le racontant à un ami ou à un inconnu. Il transforme ainsi à sa guise le récit d'une vie passée à voyager et à fuir, de l'Albanie à l'Amérique, en passant par Rome, Madrid, Berlin, Helsinki. Car, comme il le dit lui-même : "personne n'est obligé de rester celui qui est né, on peut se reconstituer comme un nouveau puzzle". Partant d'une adolescence très pauvre à Tirana, "le dépotoir de l'Europe, fermant la marche de l'Europe, la plus grande prison à ciel ouvert d'Europe", Bujar raconte son histoire à la première personne. Ses parents, sa sœur, son amitié avec Agim, un garçon du même âge et voisin, rejeté par sa famille à cause de son orientation sexuelle. Tous deux dépaysés dans un pays dévasté, de plus en plus dépendants l'un de l'autre, ils décident de se lancer vers un avenir qui leur appartient. Ils s'enfuient de chez eux , s'en vont vivre dans les rues de Tirana, puis sur la côte, jusqu'à ce qu'ils entreprennent un voyage en tant qu'immigrants illégaux vers l'Italie à travers l'Adriatique. De l'isolement et de l'humiliation, de la honte de la solitude, un Bujar différent se dessine peu à peu, une nouvelle créature qui n'a plus d'origines ni de nationalité, et qui est prête à défier et à habiter le monde entier. Passionnante réflexion littéraire sur l'identité menée avec une sensibilité novatrice et troublante, écrite dans un langage capable d'exprimer la colère, le désir ou la mélancolie en détail et dans une seule phrase. C'est le roman d'un très jeune auteur talentueux qui parle d' appartenance à un pays, à une langue et d'exclusion, d'amour et de cruauté. Ainsi qu'une passionnante réflexion littéraire sur l'identité de genre menée avec une sensibilité novatrice et troublante. #henrimesquida #cinemaetlitteraturegay

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