Anahí Berneri : Un año sin amor. film Argentin. 2005.
Teddy Award au festival de Berlin 2005.
C'est
un premier film touchant réalisé par une jeune femme hétéro, qui va
s'intéresser à à un jeune écrivain homosexuel séropositif qui lutte au
quotidien contre la peur du SIDA et son appréhension face aux nouvelles
sida et aux nouvelles trithérapies.
Pour
exorciser ses peurs, il va alors s'adonner au sexe S.M et à l'écriture.
C’est aussi pour trouver, à travers le plaisir de la douleur, la force
de continuer à vivre et de tenter de trouver le véritable amour.
Je
souligne la perfection formelle du film, notamment grâce à une
photographie et un montage remarquables. des ironies savoureuses, comme
les tensions liées à la vie avec la tante, parfois plus instable que le
protagoniste, et surtout les pressions de l'éditeur qui refuse les
poèmes, arguant de l'absence de marché pour la poésie, tout en
souhaitant que l'écrivain en herbe écrive un roman autobiographique
plutôt que des poèmes.
Ce
qui frappe d'emblée dans Une année sans amour, c'est l'absence de toute
envie de choquer inutilement alors que rien n'y est édulcoré ni policé
par le politiquement correct.
Pablo
est exposé dans toute sa crudité, sans fard : le personnage est
exactement tel qu'il apparaît. Le film ne souffre d'aucune complaisance
dans sa représentation, ni d'aucun commentaire critique sur les plaisirs
auxquels il s'adonne. Cela évite au film de tomber dans le pamphlet
moralisateur. La caméra suit le personnage dans sa quête incessante. On
le voit éplucher les petites annonces à la recherche d'un petit ami
potentiel, fréquenter les cinémas pornographiques. Mais aussi donner des
cours de français dans son appartement pour joindre les deux bouts, ou
partager d'agréables moments avec Nicolás (Carlos Echevarría), son
meilleur ami.
L'histoire
se déroule en 1996, année où, grâce à de nouvelles trithérapies, le
sida est passé d'une maladie mortelle à une affection chronique. Mais
Pablo s'interroge sur les effets de ces médicaments sur son organisme.
Il doute, et il écrit.
Pour
la réalisatrice, le sida, l'homosexualité et les coups de cravache sont
que des éléments fonctionnels de l'intrigue, et jamais des fins en soi.
Ce sont des éléments qui servent à raconter l'histoire, au même titre
que les costumes, le maquillage et les accessoires.
Le
véritable thème est la difficile quête de l'amour et du bonheur,
exacerbée, dans ce cas précis, par la proximité de la mort. «
Pourrais-je continuer à écrire tout ce temps en étant amoureux ? Je me
dépêche parce que je soupçonne que si je tombais amoureux, je ne
pourrais plus écrire… », se demande le protagoniste, conscient que certaines blessures de l'âme ne s'ouvrent que sous l'effet de la solitude.
Le
reste n'est que plaisir, et c'est à ce plaisir qu'il tente de se
soumettre lorsqu'il décide de participer aux séances sadomasochistes.
Les
scènes du club de cuir sont filmées avec simplicité, sans aucune
vulgarité. La narration est mesurée, sobre et cherche à éviter tout
sentimentalisme. Ce qui peut être considéré, à la limite comme un
défaut.
Mais
cette réserve est balayé par Juan Minujín dans le rôle principal, qui
livre une performance complexe et subtile qui « incarne » véritablement
Pablo . L'acteur ne recourt jamais à des tics ou des manies ; il est
d'un réalisme saisissant et son jeu est poignant.



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