Extrait du "jean Cocteau de Claude Arnaud :


Extrait du "jean Cocteau de Claude Arnaud :
Le cinéma va donner à Cocteau les moyens de décrire cet état de somnolence qui "permet à nos nuits de se glisser en plein jour comme en fraude. Un art qu'il admire depuis les années 10 et dont il a très tôt senti les virtualités poétiques.
"Le cinématographe, dès sa découverte, fut mis au service des vieilles conceptions entre des mains mercantiles qui le retardent. On photographia du théâtre(...) .Je souhaite que les artistes désintéressés exploitent la perspective, le ralentissement, l'accélération, la marche à l'envers, monde inconnu sur lequel le hasard entrouvre la porte,
écrivait-il dans un article de 1919. D’emblée il décide de ne rien raconter ,sinon la prolifération de l'imaginaire, durant la toute petite seconde séparant l'explosion d'une cheminée d'usine et son effondrement. "le film pourrait devenir le poème par excellence parce qu’il se situe dans la durée pur", avait écrit un critique en 1925 : C'est bien ce que voulu prouver Cocteau dans cette oeuvre dense, mystérieuse et émouvante, qui perpétue dans le parlant l'éclat plastique du cinéma muet.
Tout part de la bouche vivante que découvre un peintre dans sa paume, qu'il porte à sa bouche puis fait glisser sur ses seins et son ventre,en éprouvant une extase dont il se réveille pour découvrir une statue humaine,évoquant la gloire. Cette statue va elle même l'encourager en plongeant dans un miroir menant au corridor des folies dramatiques.,ou tel un voyeur en apesanteur il observe de chambre en chambre par des trous de serrure : un mexicain)par deux fois exécuté et toujours ressuscité, une maîtresse d'école obligeant une fillette à voler, l'ombre d'un chinois préparant à coup d'aiguilles sa pipe d'opium.. Intercesseur entre entre les puissances cachées et cette apparence illusoire qu'est le monde, le poète symboliste ambitionné d'ouvrir la porte des mystères....
Jamais Cocteau ne fut aussi libre que dans ce premier fil réalisé avec des bouts de ficelle. La distribution ne comportant qu'une actrice professionnelle, Pauline Carton, , le tournage, commencé le 15 Avril 1930 s'avère éprouvant. L’interprète principal, Enrique Rivero, un Play boy chilien plus habitué aux dîners mondains qu'à la discipline des plateaux , se montre difficile à manier,tout comme le jeune machiniste jouant l'élève Dargelos. Le danser de jazz Ferraz Bangaz, devenu un ange noir au corps d'huile, et aux élytres d'acier se foule dès les premiers jours la cheville-Cocteau en proffite pour le faire boiter comme Radiguet. Engagée au hasard d'une conversation au bœuf sur le toit la magnifique Lee Miller redouble d’héroïsme dans le rôle de la statue : le visage plâtré, ,les mains liés dans le dos durant des heures sous les projecteurs qui font fumer sa robe alourdie d'huile de ricin,la compagne et assistante de Man Ray souffrira le martyre quand il ,faudra colmater les trous de son "armure" avec du beurre et de la farine qui rancirent,empuantissant l'atmosphère du plateau...

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