Samedi Ian McEwan roman

L'auteur décrit avec luxe de détails et une acuité visionnaire les états d'âme d'un neuro-chirurgien londonien qui va voir son samedi (journée normalement sereine, habituelle) voler en éclat dans un instant de confrontation violente...
Faisant monter très lentement la tension autour de "l'incident" qui va faire basculer la journée de son personnage principal, McEwan traite avec une honnêteté intellectuelle confondante des thèmes de la guerre en Irak, des attentats extrémistes, de la menace constante planant sur nos vies bien réglées d'occidentaux.
Mais il ne cède jamais à la paranoïa, et prend le tend de s'attarder sur ce qui fait la beauté des êtres humains : les liens familiaux, tourmentés mais indéfectible, la poésie, la musique blues (magnifique description que l'affection de l'auteur pour ce genre musical). La vie.

Samedi, une ode douce-amère à nos vies d'occidentaux privilégiés, dans ce qu'elle ont de plus beau et parfois de plus terrifiant.

Samedi (Saturday) (Gallimard, 2006) est un roman de l’auteur britannique Ian McEwan, qui retrace la journée d’un neurochirurgien londonien de 48 ans nommé Henry Perowne. Le récit se situe à Fitzrovia, dans un quartier central de Londres, le samedi 15 février 2003, dans le contexte d’une énorme manifestation contre l’intervention en Irak. Perowne avait prévu pour sa journée une série d’activités et de loisirs qui devait s’achever par un dîner en famille ; toutefois, son programme va être perturbé par l’irruption de la violence dans son univers protégé. « Henry aura beau tenter de reprendre le fil de sa journée, ses vieux démons et le chaos du monde le rattraperont sans cesse durant ces vingt-quatre heures, au terme desquelles plus rien ne sera jamais comme avant. » (présentation de l’éditeur)
Accueil critique[modifier]

Dans un article très élogieux (New York Times, 18 mars 2005), l’auteur et lauréat du prix Pulitzer Michiko Kakutani écrit au sujet de Samedi : « Non seulement Mr. McEwan a créé l’une des œuvres de fiction ‘post-11-septembre’ les plus puissantes, mais il a aussi accompli la toute première mission du roman : montrer comment nous – quelques privilégiés parmi nous, en tout cas – nous vivons aujourd'hui. »

CRITIQUE DE TELERAMA




Henry Perowne, le nouveau personnage de Ian McEwan, comprend mal ce que l’on entend par « génie littéraire ». Neurochirurgien reconnu, matérialiste convaincu, lui qui tente depuis tant d’années de soulager la souffrance de l’esprit en réparant les cerveaux doute même de l’existence d’une si curieuse disposition. « En outre, il ne voit pas l’intérêt de réinventer le monde : il préfère qu’on le lui explique. » Le propos sonne comme un défi quand on songe à l’auteur, romancier à l’imagination fertile, désormais tenu pour un des meilleurs écrivains anglais contemporains : Ian McEwan, 58 ans et dix romans, noyé sous les superlatifs critiques pour son précédent texte, Expiation, couronné par le fameux Booker Prize pour Amsterdam, l’antépénultième. A tel point qu’on pouvait se demander s’il n’allait pas finir étouffé sous les louanges et les lauriers. Aujourd’hui, nous voilà rassurés. Samedi, son nouveau roman, relève brillamment le gant jeté par son héros. Que peut donc la littérature ? demande celui qui ne croit qu’au pouvoir de la science et de la raison. Et McEwan, qui s’intéresse avant tout à l’art du roman – on se souvient d’Expiation, placé sous le double parrainage de Jane Austen et de Virginia Woolf –, de proposer une nouvelle démonstration, en 350 pages éblouissantes. Samedi réussit en effet le tour de force de raconter par le menu une journée de la vie d’un paisible bourgeois londonien, d’en faire un parfait suspense hitchcockien, de réfléchir, chemin faisant, sur la condition des Occidentaux après le 11 septembre 2001, la fragilité de notre civilisation high-tech, tout en méditant sur l’origine et la nature de la conscience, le hasard et le destin ou la marche inexorable du temps ! A la différence d’Expiation, qui se déroulait sur plus d’un demi-siècle, Samedi est ainsi resserré sur une journée, celle du 15 février 2003, à Londres. Henry Perowne, médecin aisé, mari et père de famille comblé, s’apprête à passer une journée de congé banale : squash avec un confrère anesthésiste, visite à sa mère qui perd doucement la tête dans une maison de retraite et dîner en famille. Les événements, pourtant, ne vont pas se dérouler comme prévu. Comme souvent chez McEwan, la sécurité apparente va voler en éclats. Dans L’Enfant volé, c’est l’enlèvement d’une fillette qui faisait tout basculer. Au début de Délire d’amour, un accident de montgolfière. Ici, c’est un accrochage avec un automobiliste agressif qui va bouleverser l’ordre des choses pendant qu’au-dehors, dans les rues de Londres, défilent des milliers de manifestants contre la guerre en Irak. Il faudrait tout pouvoir citer de cette démonstration de force romanesque. L’élégance et la subtilité de la construction qui permet à McEwan de mêler au plus intime événements privés et marche du monde. L’acuité du regard et le sens du détail dévastateur. La profondeur de la réflexion politique autant que philosophique. Ou encore la précision de l’écriture : la partie de squash ou les scènes de chirurgie du cerveau méritent l’anthologie. En écho aux propos de son personnage – qui sera ironiquement sauvé par la lecture d’un poème –, McEwan déploie ainsi toute la puissance de la littérature. Pour pénétrer l’esprit humain, y compris celui d’un spécialiste du cerveau, un stylo vaut bien un scalpel. Michel Abescat Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon, éd. Gallimard,

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