Thomas l'imposteur Jean Cocteau


«En face, à quelque distance, on distinguait le bloc d'une patrouille ennemie.Cette patrouille voyait Guillaume et ne bougeait pas. Elle se croyait invisible...- Fontenoy ! cria-t-il à tue-tête, transformant son imposture en cri de guerre. - Et il ajouta, pour faire une farce en se sauvant à toutes jambes : Guillaume II.Guillaume volait, bondissait, dévalait comme un lièvre.N'entendant pas de fusillade, il s'arrêta, se retourna, hors d'haleine.Alors, il sentit un atroce coup de bâton sur la poitrine. Il tomba. Il devenait sourd, aveugle.- Une balle, se dit-il. Je suis perdu si je ne fais pas semblant d'être mort.Guillaume Thomas, trop jeune pour s'engager, enfile un uniforme et se fait passer pour soldat. Puis il met de faux galons. Suite à un qui pro quo, il se proclame neveu du général de Fontenoy. Ce rêveur mythomane va croiser le chemin de la princesse de Bormes, avide de plaisirs et d'aventure, qui trouve dans la guerre l'occasion d'exalter son dévouement en montant une ambulance pour aller récupérer et soigner les blessés. Un tourbillon vertigineux de mensonge et d'ironie légère les emporte sous la plume de Cocteau.Ce court roman, ou cette longue nouvelle, est plaisant et distrayant


Je n'ai pas été déçu et je pense que nous vivons dans un monde d'imposteurs, sans pouvoir dire si cela est bien ou mal, ce que je souhaite c'est qu'ils finissent tous, que nous finissions tous, comme Thomas : que l'imposture donne un sens à notre vie.
En-dehors de ces réflexions, on peut aussi le lire pour la fluidité de l'écriture, la fraicheur du verbe et la découverte d'une autre facette de 14-18.
“Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité.” Jean Cocteau © Gallimard
"Thomas l’imposteur est le lieu clos d’un enjeu et d’un débat impossibles. Une lutte incessante entre le réel et l’imaginaire. Guillaume Thomas, l’imposteur, se fait passer pour ce qu’il n’est pas par amour pour Henriette. Il s’invente un destin de fils de Général... Mais en ce temps de la Grande Guerre (1914-1918) il doit aller jusqu’au bout de lui-même, et de son imposture. Il se forge un destin de héros qui l’emportera dans les tranchées, jusqu’à la mort, presque volontaire au cours d’une mission dangereuse. Tous les thèmes de Cocteau sont en germe dans cette œuvre. Le dépassement de soi, jusqu’au bout, la réflexion sur la mort et le suicide et sur l’amour, la révélation de soi... avec par-dessus tout, la question du mensonge perçu comme seul révélateur poétique. André Falcon, aujourd’hui Sociétaire Honoraire de la Comédie-Française, a été, dès 1946, l’un de ses plus jeunes membres. Très vite salué par une critique unanime, il est le partenaire des plus grands acteurs de l’époque. Après avoir “servi” le répertoire classique, il est de ceux qui n’hésitent pas à aborder le répertoire contemporain. Puis sa carrière évolue vers le cinéma, et la télévision, sans quitter toutefois complètement la scène. Mais en 1955, date de cet enregistrement, il fallait un certain courage pour enregistrer Thomas l’imposteur de Jean Cocteau. Les douleurs de la deuxième Guerre Mondiale étaient encore palpables et même si le génie de Cocteau était alors à son apogée, quoique controversé, nombre étaient ceux, parmi les critiques, qui continuaient de voir cet Imposteur d’un mauvais œil..." Jean-Yves Patte

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