André Gide: si le grain ne meure






Je l'ai lu à vingt ans. je m'y étais terriblement ennuyé. je viens de le relire avec un plaisir qui ne m'a pas quitté de la première à la dernière page.Très beau livre, exemplaire de sincérité et porté de bout en bout par une prose au long souffle autant qu'intime. Comment ne pas embarquer pour Biskra avec Gide ? c'est, avant tout, une écriture d'une richesse lexicale incroyable, imagée, surprenante, toujours juste ; Gide relate dans la première partie les réminiscences de son enfance jusqu'aux environs de sa vingtième année -famille, écoles, éveils artistiques ...-, et dans la seconde son éveil sexuel ou plutôt son épanouissement au contact de la beauté -particulièrement garçonnière- dans les colonies -Algérie, Tunisie- en gros deux voyages racontés au environ de 1895. Savoureuse rencontre -quelques jours- avec Oscar Wilde et Lord Alfred Douglas à Alger, juste avant que Wilde rentre à Londres pour se défendre dans un procès qu'il perdra.


                                                                        

Si le grain ne meurt est l'autobiographie de l'écrivain français André Gide. Publié en 1926, ce récit décrit la vie de Gide depuis sa première enfance à Paris jusqu'à ses fiançailles avec sa cousine Madeleine Rondeaux (appelée ici Emmanuèle) en 1895.

Le livre se compose de deux parties. Dans la première, l'auteur raconte ses souvenirs d'enfance : ses précepteurs, sa fréquentation discontinue de l'École alsacienne, sa famille, son amitié avec Pierre Louÿs, la naissance de sa vénération pour sa cousine, ses premières tentatives d'écriture.

Dans la seconde partie, beaucoup plus courte, il retrace sa découverte du désir et de son penchant homosexuel, lors d'un voyage en Algérie. Certains épisodes pouvaient, au moment de la publication du livre, scandaliser le public pour leur propagation de la pédérastie et pour leurs représentations minutieuses de scènes de débauche.

Gide fait le récit de l'échec total de sa vie conjugale avec Madeleine dans un autre récit autobiographique, écrit en 1938 peu après la mort de sa femme, publié en 1951 et intitulé Et nunc manet in te.

Si le grain ne meurt fait allusion à un vers de l'Évangile selon Jean :

                                                                            


« Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. » Jean 12, 24-25

Il exprime ainsi tout l'enjeu de la vie de Gide : « L'enfant obtus » qu'il reconnaît en lui-même, oppressé et paralysé par l'éducation puritaine et sévère de sa mère, doit mourir et céder la place au jeune homme épanoui, créatif et libre d'esprit.

Les thèmes

Voici, dans l'ordre de l'apparence dans le livre, les thèmes dont parle Gide dans Si le grain ne meurt :
Première partie

Chapitre I
La première enfance à Paris: les « mauvaises habitudes », ses jeux, sa solitude
Relation avec son père
La famille de sa mère Juliette Rondeaux à Rouen
Portrait d'Anna Shackleton, gouvernante puis amie de sa mère

Chapitre II
La famille du père à Uzès, notamment portrait de sa grand-mère
Religion (protestante) et spiritualité
La formation d'un premier imaginaire sexuel
Entrée difficile à l'École alsacienne

Chapitre III
Renvoi de l'École alsacienne pour « mauvaises habitudes »
La propriété des Rondeaux à La Roque
Plaisirs de la pêche
Relation avec son cousin Albert Démarest                                                     
Carnaval et bal masqué
Pensionnat et bagarres
Mort du père

Chapitre IV
Les cousines de Rouen
Départ pour Montpellier auprès de son oncle Charles Gide
Importance de prendre un parti, concernant aussi le choix de la religion
Déboires au lycée
Début des maladies nerveuses, partiellement feintes

Chapitre V
Adultère de la tante et naissance de son amour pour Emmanuèle (Madeleine Rondeaux)
Les Schaudern (crises d'angoisses) : la mort du petit cousin Emile Widmer et le « Je ne suis pas pareil aux autres »
Pensionnat chez M. Richard (en réalité M. Bauer)

Chapitre VI
Décor du salon de l'appartement familial
Formation culturelle et musicale : leçons de piano, théâtre, découverte de la littérature
Amitié avec Armand Bavretel et Lionel à La Roque
Découverte de la pauvreté

Chapitre VII
Sentiment d'être « élu »
Discussions sur l'éducation des enfants
Craintes vis-à-vis des prostituées
La bibliothèque paternelle : plaisirs de la lecture

Chapitre VIII
La pension Keller
Amour pour Emmanuèle
Initiation religieuse et doutes de la foi
Retour à l'École alsacienne, puis au lycée Henri-IV
Amitié avec Pierre Louÿs
Premières tentatives d'écriture

Chapitre IX
Liaison hors mariage et enfant naturel du cousin Albert
Peinture (Albert) et piano (André Gide)
Rencontre fortuite avec Gauguin
Débuts de l'écriture

Chapitre X
L'art et la musique comme influences à la littérature
Fréquentation de salons littéraires, entre autres celui de Mallarmé
Courants littéraires contemporains
Fin de l'enfance sombre
Problématique de la vérité des Mémoires
Deuxième partie

Chapitre I
Premier voyage en Algérie
Découverte de l'homosexualité
Séparation de l'amour du plaisir
Maladie (tuberculose)
Pédérastie
Exotisme

Chapitre II
Rencontre avec Oscar Wilde
Homosexualité : découverte définitive à Alger
Fin de l'amitié avec Pierre Louÿs
Redécouverte de la religion face à la déchéance du monde occidental
Mort de la mère → sentiment de liberté
Fiançailles avec Emmanuèle


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