Robert Silverberg : Roma Aeterna




Et si l'Empire romain n'avait jamais disparu ? Voici l'histoire parallèle d'un Empire romain qui a connu bien des vicissitudes, des guerres et des crises politiques mais qui n'a jamais cessé d'exister et de faire régner, avec quelques interludes sanglants, la Pax Romana. Le christianisme y est inconnu, ne serait-ce que parce que les Juifs n'ont jamais réussi à quitter l’Égypte des pharaons. Quelques siècles plus tard, un envoyé spécial de l'Empereur élimine un prophète d'Arabie avant qu'il ait eu le temps de fonder l'islam. La technologie évolue plus lentement que dans notre continuum. Vers l'an 2650 A.U.C. (Ab Urbe Condita : depuis la fondation de la Ville), qui correspond à la fin de notre XIXe siècle, le téléphone existe et l'automobile fait son apparition.
Sorti en 2003, Roma Æterna est une uchronie signée Robert Silverberg, grand nom américain de la science-fiction et auteur d'une pléiade de bouquins dont je ne citerais en exemple que L'Oreille interne et Les monades urbaines (pour la simple raison que je les ai lus et beaucoup aimés). Surprise, on y parle de l'Empire romain. Et comme il s'agit d'une uchronie, il n'a évidemment pas chuté en 476.

Notons que le point de basculement ne se situe pas spécialement en cette année historique de la chute de l'Empire romain d'Occident, mais à divers moments du temps qui remontent jusqu'à l'Exode des Hébreux hors d'Egypte. Roma Æterna commence pourtant bien en pleine décadence, alors que l'Empereur se fait vieux et que son successeur désigné ne semble pas faire le poids face aux Barbares qui menacent l'Empire. Toutefois, cet épisode conclu, il laisse sa place à d'autres ambiances et à d'autres personnages. En gros, chaque chapitre représente une époque charnière de cet Empire rêvé, et chacun d'entre eux est séparé des autres par des décennies ou des siècles. du coup, le lecteur doit vite s'habituer à… ne pas s'habituer aux personnages du roman, qui disparaissent aussi vite qu'ils sont arrivés (ne revenant de temps à autres qu'à l'occasion d'un éventuel clin d'oeil).

Ce parti pris ne pose pas vraiment de problème, d'autant que le début offre des passages très intéressants (avec notamment un chapitre dans les bas-fonds de Rome) et qu'on sent que l'auteur s'est beaucoup documenté sur l'histoire de la Rome antique. Pourtant, vient un moment où l'histoire commence doucement à s'enliser. Difficile de dire si c'est à cause du style parfois pompeux de l'auteur ou parce-que les thèmes abordés ne varient finalement qu'assez peu à travers les siècles d'histoire fictive traités dans le livre, mais l'ennui finit peu à peu par s'installer. On tourne finalement presque toujours autour de l'Empereur et de sa cour, sans jamais s'en éloigner.

En fait, pour un livre sorti il y a environ dix ans, on aurait éventuellement pu espérer quelque chose de plus audacieux. Tout n'est pas à jeter, évidemment. Roma Æterna reste une uchronie très sympathique, mais il aurait probablement gagné à être plus court ou, au choix, plus diversifié. Et pourquoi pas les deux, tant qu'à faire.

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