Jean Favier : Les Plantagenêts







Un must pour ceux que cette période ou cette famille intéresse.

C'est un étrange ensemble que cet " empire " constitué en quelques années par le comte d'Anjou Geoffroy Plantagenêt et son fils Henri II. Il est le fruit de conquêtes, mais aussi d'une habile diplomatie, de mariages avantageux et d'une bonne part de chance. On y voit sous le même pouvoir l'Aquitaine, la Normandie, l'Angleterre, l'Irlande et parfois l'Écosse. À l'occasion, le regard des Plantagenêts se porte sur le Languedoc, sur l'Empire germanique, sur la Méditerranée. Cela ne forme pas un État. Souverain en Angleterre, le Plantagenêt est vassal sur le continent. Un conflit de trois siècles avec le Capétien résulte de cette inadaptation des structures féodales aux réalités politiques. L'unité de gouvernement ne tient qu'à la personne du roi-duc. Les hommes, les langues, les cultures reflète des identités différentes, que ne traduisent pas moins les institutions du monde laïque et les attitudes de l'Église. Et si la mer est une route, elle est aussi un obstacle au milieu de l'empire. De hautes figures traversent cette histoire : Aliénor d'Aquitaine, Richard Coeur de Lion, le Prince Noir, Thomas Becket ou Simon de Montfort. Mais il est aussi des troubadours, des romanciers et des historiens. Et l'on voit ici des citadins qui deviennent des bourgeois et là des moines qui se font éleveurs de moutons. Quand s'achève le temps des Plantagenêts, il ne reste de l'empire continental qu'une Guyenne si loin de l'Angleterre. C'est alors que le conflit avec la France prend d'autres proportions, avec d'autres enjeux et une couleur désormais nationale. Mais à mesure que disparaît un empire, un autre naît, un empire économique aux dimensions de l'Europe. Cette histoire est aussi celle des routes et des marchés du sel et du vin, de la laine et des draperies, des esterlins..
Ouf ! J'ai enfin terminé cet immense pavé de 962 pages et de près de 1 kg !
Jean Favier nous y narre la constitution, l'apogée et la chute de l'"empire" Plantagenêt, depuis l'arrivée de Guillaume le Conquérant en Angleterre et sa prise de pouvoir au soir de la bataille de Hastings le 14 octobre 1066, jusqu'à la mort de Richard II en prison en 1400. C'est à dire que pendant près de trois siècles, les Plantagenêts, à force de conquêtes, d'héritages, de diplomatie et de mariages astucieux ont su se bâtir un empire comprenant l'Angleterre, l'Irlande, le Pays de Galles et l'Écosse selon les périodes, mais aussi toute la façade occidentale de la France : Normandie, Bretagne, Anjou, Maine, et Aquitaine de l'époque (Poitou, Gascogne, Limousin, ouest de l'Auvergne).
Si Jean Favier développe plus particulièrement les règnes de Geoffroy Plantagenêt, de son fils Henri II (un des époux d'Aliénor d'Aquitaine) puis de leurs enfants, les célèbres Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre, il aborde également tous les aspects de cet état Plantagenêt (coupé en deux par la mer) comme le commerce, les arts, la religion ou les structures dirigeantes.
Comme le Plantagenêt est roi sur son île mais aussi vassal du Capétien pour ses territoires en France, de nombreux conflits entre les deux familles ont inévitablement lieu, généralement circonscrits à la prise de châteaux ou de villes dans les duchés et les comtés alliés à l'adversaire.
Du côté des "people", on rencontre Aliénor d'Aquitaine, les rois de France Louis VII (le premier époux d'Aliénor), Philippe Auguste, Saint Louis ou Philippe le Bel, et les rois anglais déjà nommés précédemment. Concernant Richard Coeur de Lion, j'avais quelques souvenirs de "Robin des Bois" le présentant comme le gentil par opposition à son frère Jean sans Terre le méchant. Or, la lecture de l'ouvrage de Jean Favier m'a appris qu'ils étaient plutôt les deux mêmes salo...ries !!
Le gros point noir de l'ouvrage est qu'il faut le lire avec sous les yeux les généalogies détaillées, sur une dizaine de générations, et avec la présence des maîtresses et des bâtards, de toutes les dynasties (Plantagenêt, Capétien, Valois, Hohenstaufen, Welf...) et des familles dirigeantes des comtés et des duchés, parce qu'avec le très grand nombre de personnages rencontrés qui ont entre eux de multiples liens familiaux sur plusieurs degrés, on s'y perd forcément.
Je ne peux que conseiller cet ouvrage à tous ceux attirés par le moyen-âge, l'histoire de l'Angleterre et celle de la France, et la plume de Jean Favier fait quand même passer plus facilement ses presque 1000 pages.

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