Dome Karukoski : Tom of Findland. 2017

Etrange mais bon film que ce "Tom of Finland" par le contraste qui apparaît à l'écran entre un auteur et son œuvre Dans ce sens, c'est déjà une petite réussite même s'il semble que certains éléments de sa vie ont été un peu transformés. De "Tom of Finland" je ne connaissais que les dessins de ces hommes hyper virils aux muscles saillants, aux organes profondément hypertrophiés placés dans des contextes ou positions pour le moins érotiques. Reflets exacerbés de fantasmes d'un artiste gay où fétichisme (cuir, uniforme….) et virilité sont de mise et ont véhiculé (pendant les années 70/80) une idée faussée de l'homosexualité à l'image, par exemple, du groupe Village People pur avatar de cette culture. L'oeuvre de "Touko Valio Laaksone" est ancrée honorablement dans la culture LGTB et est reconnue à travers le monde.
La réalisation de Dome Karukoski quant à elle, se veut très sage et donne l'impression d'une réhabilitation post mortem de l'auteur. Le message semble vouloir dire, bon il a fait des dessins olé olé mais l'homme était exemplaire quand même. Cela n'était pas forcément des plus utile au contraire cela brouille l'intention. L'homosexualité réprimée de tous temps, a empêché des milliers d'individus à vivre leur vie pleinement. Et les années 40/60 furent particulièrement clandestines. C'est grâce à quelques femmes et hommes tel que Laaksonen que les choses ont pu au moins partiellement évoluer et que s' enclencheront les "grandes heures" du combat et du militantisme des seventies.
Globalement, Laaksonen a subi ce que tous subissaient alors mais il réussissait,lui à exprimer ses envies à travers ses dessins. Dessins qui sont exceptionnels par le trait. Si l'on regarde dans le détail, les visages, les corps, je ne parle pas des attributs, le positionnement de chacun dans des décors sommaires, on ne peut qu'être impressionné par tant d'expressivité, contrairement à ce qu'en pensait une partie de la critique d'alors. Certes ce ne sont pas des oeuvres universelles puisque s'adressant à un public très ciblé, toutefois la qualité du coup de crayon est impressionnante. Très appréciable également, de montrer comment l'artiste se met à créer cet univers fantasmatique sur la base du refoulement et de la persécution. À 'image d'un Sade, qui enfermé à la Bastille et dépourvu de tout, s'est mis à griffonner ses "meilleures œuvres", Laaksonen face à la répression cré un univers transcendé ou cette violence s'édulcore a profit de l'érotisme. Démarche poussée à l'extrême d'ailleurs sur ses dessins très confidentiels mettant en scène des nazis !
On retrouve tout cela dans le film et c'est déjà une gageure. Par contre Pekka Strang dans le rôle titre pose problème, quand il joue de Tokou à 20 ans il paraît son âge réel (40) et quand il joue le même Tokou quelques décennies plus tard, son incroyable maquillage fait qu'il est plus grimé qu'Edwige Feullière dans la Folle de Chaillot ! Ce qui n'est pas sans poser de problème pour la temporalité du scénario. De même Karukoski a une fâcheuse tendance à s'appesantir sur des scènes anodines, alors qu'il aurait pu développer beaucoup plus la partie impact de son œuvre à travers le monde. Ce "Tom of Finland" n'est pas forcément un chef d'œuvre, il a au moins le mérite de poser une focale sur un artiste demeuré malgré tout peu connu. groupe Facebook : "cinemaetlitteraturegay".

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