Dominique Delouche : L'homme de désir. 1969 (mais sorti en 1972).
Tout commence quand Étienne, écrivain très pieux, , prend en stop un jeune homme, Rudy. Étienne se prend d’une affection irraisonnée pour lui et essaie de l’éloigner de son milieu délinquant. Une romance dangereuse s'ensuit, avec la bénédiction du prêtre d'Étienne et de sa femme.Mais cet attachement fait fuir Rudy, acharné à détruire la vie de celui qui tente obstinément de le sauver...
Une variation poignante sur la parabole de la brebis égarée.
Le film regorge de détails fascinants, pourtant non dits : les bains publics délabrés, l'enfant perdu du couple, la circulation codée d'un manteau de fourrure androgyne, et le prêtre susmentionné, incarné dans un caméo par Marc Oraison, un véritable prêtre catholique, auteur de « La Question homosexuelle » et d'autres ouvrages sur la sexualité humaine d'un point de vue catholique. Un exemple frappant d'hyperréalisme.
Les thèmes religieux sont omniprésents, notamment dans la fin du film, si bien qu'il n'est pas toujours évident de savoir si Étienne parle avec une étonnante franchise de son amour pour Rudy ou s'il évoque un amour religieux.
Le film n’a de scandaleux qu’un sujet trop en avance pour son temps, puisque l’intrigue est davantage centrée sur une réflexion autour d’un amour passionnel, celui d’un homme bourgeois marié pour un jeune homme, délinquant révolté, qui casse tout ce qu’il touche sur le droit chemin de l’autodestruction.
Entre ces deux âmes en souffrance, chacune à leur façon, on retrouve Emmanuelle Riva en épouse excentrique, complice dans les secrets de son époux, personnage atypique pour son temps, dont le sacrifice de soi n’est jamais traité unilatéralement dans le mélodrame, mais plutôt avec la maturité d’un auteur à la vision romancée et exaltée de la femme au foyer…
Le film de Dominique Delouche est trop complexe pour se figer dans les clichés, la facilité de l’exhibition, même si la tentation de l’imagerie homo-érotique de la petite frappe présente tout au long du film, est une étape manifeste dans la construction d’un cinéma homosexuel alors à ses balbutiements.



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