Brève rencontre (1945) film de David Lean

Un bien beau film romantique aussi simple que puissant. Le génie de Lean est l'emploi parcimonieux, mais qui n'en est que plus fort, d'un langage cinématographique qui soutient et quasiment caresse les sentiments des personnages qu'il raconte. Jusque dans les films à grand spectacle qui suivront, Lean est essentiellement un cinéaste de l'intime.
Brève Rencontre (Brief Encounter) est un film britannique de David Lean, sorti en 1945.
Brève Rencontre figura parmi les 11 films lauréats du Grand Prix du 1er Festival de Cannes en 1946.




Synopsis[modifier | modifier le code]

Laura Jesson (Johnson), une femme au foyer habitant la banlieue, raconte son histoire à la première personne tandis qu’elle est chez elle avec son mari, et qu’elle s’imagine qu’elle lui confesse la liaison qu’elle a eue (un flash-back qui intervient au bout de plus d'un quart d'heure de film).

Une fois par semaine, Laura se hasarde dans la ville proche de Milford pour faire des courses et aller aux séances de cinéma du matin. Alors qu’elle rentre chez elle après l’une de ses escapades hebdomadaires, sur le quai de la gare, elle reçoit une escarbille dans l’œil. Un homme qui attend également un train la lui enlève ; il est médecin et s’appelle Alec Harvey (Howard). Ils ont tous les deux la quarantaine ; ils sont mariés et ont chacun deux enfants. Le médecin est un généraliste qui, une fois par semaine, travaille également comme spécialiste à l’hôpital local, mais dont la véritable passion est la médecine préventive et, par exemple, l'étude des causes des maladies respiratoires chez les mineurs.

Quelque temps après cette première rencontre, Alec revoit Laura par hasard dans un restaurant bondé, où elle l’invite à s’asseoir à sa table pour un repas en tête-à-tête. Ils apprécient la compagnie l’un de l’autre, et s’arrangent pour se revoir. Bientôt, ils sont surpris de sentir que leur relation, innocente et banale au départ, peu à peu se transforme en quelque chose de plus profond.

Pendant une courte période, ils se rencontrent furtivement, vivant constamment dans la crainte d’être surpris par l'une de leurs connaissances respectives. Après plusieurs rencontres, ils décident de se retrouver dans une chambre appartenant à un ami (Valentine Dyall) du docteur, mais le couple est surpris par le retour inattendu de ce dernier. L’épisode fait prendre conscience complètement à l'un comme à l'autre des amoureux que leur futur ensemble est impossible et, pour ne pas blesser leurs familles, ils décident de se séparer. Le médecin se prépare à partir pour Johannesbourg, en Afrique du Sud.

On assiste une seconde fois à leur dernière rencontre au café de la gare, à présent avec la perspective poignante de leur histoire. Tandis qu’ils vivent avec la plus grande émotion leur dernier moment ensemble, Dolly Messiter, une amie de Laura, s’invite à se joindre à eux et se met à bavarder sans s’arrêter et sans avoir conscience du désarroi qui étreint le couple.

Ils se rendent compte que leur est dérobée la chance de se faire de sincères adieux, quand le train d’Alec arrive : Dolly ne se tait toujours pas, et Alec s’en va en ne pouvant donner à Laura qu’un ultime geste désespéré, sa main appuyée sur son épaule… Lorsque la sirène du train retentit annonçant le départ du train, Laura se précipite sur le quai. Les lumières d’un train express le giflent au moment où elle se ressaisit, après avoir eu l’envie de se jeter sur la voie. Elle rentre auprès de son mari et de ses enfants.

Dans une scène finale, qui ne figure pas dans la pièce originale de Noël Coward, le mari de Laura montre soudainement qu’il n’a pas été complètement indifférent à la détresse de sa femme au cours des dernières semaines : en prononçant les mots « Merci de revenir à moi », il la prend dans ses bras. Ainsi le film se termine-t-il par un hommage aux institutions du mariage et du devoir.
L'histoire parallèle du buffet de la gare[modifier | modifier le code]

Durant tout le film, lors des scènes qui se déroulent dans le buffet de gare où Laura et Alec se rencontrent pour la première fois et où ils se sépareront, on assiste aux épisodes le plus souvent amusants d'une cour que fait le chef de gare à la tenancière du buffet, une dame assez collet monté qui se montre sévère vis-à-vis de la jeune fille qui est son employée. Sans abandonner devant son soupirant son air revêche, elle paraît cependant flattée de l'intérêt qu'il lui porte. Cette histoire parallèle n'évolue guère, c'est une sorte de parade amoureuse à laquelle il nous est donné d'assister, qui s'inscrit dans une certaine durée, contrairement à l'histoire de Laura et Alec, mais qui n'aboutit pas davantage.
L'époque de l'action[modifier | modifier le code]

Le film ne fait à aucun moment mention de la Seconde Guerre mondiale, ni même n’en n’évoque les vicissitudes. Alors qu’aucun des personnages ne peut se rattacher à une époque précise, le film – fictif – que Laura et Alec vont voir au cinéma, « Flames of Passion », qui vient de sortir, montre une date de copyright qui est 1938. Quand Laura rentre chez elle à la fin de la première scène, sa fille lui dit vouloir assister à une pantomime, ce qui suggère une époque de l’année à quelques semaines de la fête de Noël. Une autre indication que l’histoire du film se déroule en hiver : dans une scène qui se déroule alors que la nuit semble être tombée, les personnages se souhaitent un « bon après-midi ».
Le lieu symbolique : la gare[modifier | modifier le code]

Le film fut en grande partie tourné à la gare de Carnforth dans le Lancashire, qui faisait alors la jonction entre les chemins de fer de Londres, des régions du centre de l'Angleterre et d’Écosse. Outre le fait qu’une gare animée était nécessaire pour l’histoire, l’endroit était suffisamment éloigné de Londres pour éviter les coupures d’électricité, cinéma oblige, le tournage ayant eu lieu au début de 1945, avant que la guerre ne fût terminée. C’est Noël Coward lui-même qui fait les annonces destinées aux voyageurs dans le film. Quant au buffet de la gare, il fut recréé en studio. La gare de Carnforth Station conserve encore certaines caractéristiques d’époque qu’elle avait au moment du tournage et demeure un lieu de pèlerinage pour les fans du film2. Il convient de préciser cependant que certaines scènes qui se déroulent en ville dans le film ont été tournées à Londres, à Denham, ou bien encore à Beaconsfield, endroit proche des studios de Denham, où le film fut pour le reste tourné3.

La gare : lieu symbolique, lieu de passage, lieu où en principe l'on ne s'attarde jamais.

Les passages de l'express soulignent les moments émotionnellement les plus forts de l'histoire.

À rapprocher d'une scène de La Mort aux trousses de Hitchcock, qui se déroule dans un wagon, et qui, au moment où le couple formé par les personnages joués par Cary Grant et Eva Marie-Saint semble être sur le point de passer à l'acte, se termine brutalement par un plan où l'on voit le train dans lequel ils se trouvent entrer dans un tunnel.

La structure du récit et le lieu du récit : là où tout commence et où tout finit… La rencontre n'aurait jamais dû avoir lieu, l'aventure doit être effacée. Laura se soulage du poids qui tant lui pèse par la longue confession imaginaire qu'elle fait à son mari, cette confession ayant pour but d'effacer la « coupable » liaison en même temps qu'elle procède en pensée à la reconstitution minutieuse de celle-ci.
Le film a été tourné partiellement aux Denham Film Studios dans le Buckinghamshire près de Londres6.
La musique du film. Le concerto pour piano n° 2 de Rachmaninov — qui fut choisi par Coward — constitue le thème récurrent du film. On y entend toutefois à un moment un autre morceau, lors d’une scène se déroulant dans un salon de thé ; l’air qui est joué par l’orchestre de salon est la Danse espagnole n° 5 (Boléro) de Moritz Moszkowski. Enfin, lorsqu'Alex et Laura vont au cinéma pour la première fois, l'organiste joue un bref extrait de la Marche militaire de Franz Schubert.
Selon plusieurs biographies de Billy Wilder, c'est la scène de Brève Rencontre où l'on voit Alec essayer d'utiliser l'appartement de son ami pour s'y retrouver seul avec Laura, qui aurait inspiré le réalisateur américain d'origine autrichienne à écrire le scénario de La Garçonnière (The Apartment, 1960).
Nick Park s'est inspiré de Brève rencontre pour la scène intimiste de son court-métrage d'animation en pâte à modeler de la série Wallace et Gromit, Rasé de près (A Close Shave, 1995). Dans le court-métrage, Wallace et Gwendoline Culdebelier évoquent en effet lors d'une scène intimiste le couple formé par Laura et Harvey. Il est fait référence par ailleurs dans ce même épisode des aventures de Wallace et Gromit à deux autres films célèbres: Le Troisième homme et Les Aventuriers de l'arche perdue.
Lors de sa sortie initiale, le film fut banni par la censure en Irlande parce qu'il présentait un couple adultère sous un jour sympathique. Aux Pays-Bas, notamment, le film fut pour les mêmes raisons interdit aux moins de 18 ans7.
C'est le film romantique préféré de Natalie Portman8.

` Le film a fait l'objet d'une adaptation au théâtre lyrique : l'opéra "Brief Encounter", musique d'André Previn, livret de John Caird, créé en mai 2009 au Grand Opera de Houston.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

John Rechy : La citée de la nuit

Lonsam Studio photo gay japon

Bret Easton Ellis : Les éclats 2023.