Eric Vuillard : L'ordre du jour



Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d'épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces, et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet. Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais du président de l'Assemblée ; mais bientôt, il n'y aura plus d'Assemblée, il n'y aura plus de président, et, dans quelques années, il n'y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants.

Ce qui fait la richesse de ce livre est le questionnement constant de l'auteur sur l'attitude de ces hommes politiques : ignorance ou légèreté, aveuglement ou crédulité, expectative ou manque d'anticipation, laxisme ou manque de courage ?

Ni récit, ni témoignage, ni roman, encore moins roman historique, même si c'est cette histoire-là qui me passionne et m'intéresse. Un pamphlet, peut-être, vu la vivifiante ironie qui y règne, un essai, sans doute un peu, tant la personnalité de l'auteur imprègne le récit des faits, façonne la trame et vitriole le ton !

Le bluff et le kitsch triomphent. La violence gagne. Haut la main. L'hitlérisme est un hold up généralisé.

L'Ordre du jour à la particularité de se diviser en plusieurs segments, chacun racontant des péripéties montrant la montée en puissance du nazisme en Europe, combiné à la lâcheté et/ou l'aveuglement des autres nations. Dans plusieurs cas, ce sont des événements semblant anodins voire futiles, évidemment romancés.
Ce récit est une approche des éléments fondateurs de la Deuxième Guerre mondiale, certainement basé sur une documentation colossale et pourtant ramassé sur 150 pages ce qu'on peut considérer comme un exploit ou comme un peu court...pour un gon...court.

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