Sandro, ours quadragénaire, vit entouré de puzzles et de fantasmes. Entre ses rendez-vous avec le beau Ricardo après le travail à l’usine et ses pensées avides envers le tarzan des piscines Maïcon, rêve et réalité se mêlent… Fable kitsch en néon sur la quête amoureuse, pourtant située dans un Brésil peu montré, très loin des plages de Rio. Les fétiches y débordent : cuir, cruising, BDSM, gros plans sur les maillots hyper-moulants…Mais Vento Seco s'incarne aussi dans la réalité sociale en nous parlant d'’homosexualité intergénérationnelle en milieu ouvrier et en confiant à trois acteurices transgenres des rôles de personnages cisgenres. Du Tom of Finland tropical.
Étrange et surprenant le film oscille entre onirique et réel, en maintenant continuellement sa véracité.
Regarder "vent chaud" s'est entrer dans un film à l'esthétique très soignée qui m'a rappelé d'autres succès postmodernes comme "Mandy", "The Neon Demon" ou "Bacurau". Cette fois avec une particularité et c'est que l'esthétique des néons forts et des montures étonnantes, est liée à différentes sous-cultures au sein du monde gay comme les daddies en cuir ou les beaux mecs dans le plus pur style de Tom of Finland. Vent chaud fonctionne très bien dans ses deux strates les plus importantes : raconter l'histoire de Sandro qui mine de rien se retrouve à la croisée des chemins sexuels et existentiels, et offrir une représentation onirique et expressive d'un monde codifié et encore assez inconnu par une grande partie de la société.
L'une des nombreuses surprises que cache le film est son traitement des scènes sexuelles de manière totalement ouverte et explicite, je suppose que pour de nombreux spectateurs cela le fera entrer directement dans le domaine de la pornographie. La pornographie dans le cinéma mainstream comme dans le superbe "Shortbus" ou comme dans "Théo et Hugo" Pour moi, le traitement visuel luxueux que reçoivent ces scènes et le fait que chacune d'entre elles soit pertinente pour la progression de l'histoire et quel fassent partie du réseau qui relie les trois personnages principaux, en font quelque chose d'audacieux, de courageux et de pertinent à voir à l'écran. Si le cinéma LGTBIQ+ vise entre autres à rendre visible le sexe et à le normaliser en dehors de l'hétéropatriarcat, "Vent chaud" n'y va pas par quatre chemins.
Malgré quelques clichés pardonnables le film parvient à captiver grâce à un flow où convergent différents rythmes et tonalités, et surtout grâce à un personnage principal qui, de par son côté mystérieux et vulnérable s'avère très attachant. Tout comme son amant d'ailleurs. Des histoires comme celle-là, et surtout venant du Brésil, qui traverse une étape particulièrement difficile pour les minorités font du bien
Mais ce film propose aussi une réflexion adulte sur la dualité entre ce que l'on a et ce que l'on veut, sur la perte de contrôle vital, le conflit entre la chair et la raison et un échantillon intelligent d'autres types de relations où l'amitié et l'amour se développent sans restriction dans authenticité.
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